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Pour présenter ses vœux aux Ultramarins, François Hollande a choisi d’être interviewé sur France O, jeudi soir. Réaffirmant l’importance de l’Outre-mer dans la République, il a énuméré les mesures spécifiques qu’il compte prendre envers les citoyens des DOM-TOM.
Des taux de chômage et d’insécurité record, la vie chère, des flux migratoires à renforcer ou encore les catastrophes naturelles… François Hollande n’a éludé aucun sujet lors de son interview jeudi soir sur la chaîne publique France O. Et le chef de l’Etat a d’abord réagi à l’actualité, commentant les dégâts provoqués par les cyclones Dumile à la Réunion et Freda en Nouvelle-Calédonie. « La République réparera autant qu’il soit possible les dégâts causés par ces cyclones », a assuré le chef de l’Etat.
Autre sujet évoqué : le sort des quatre otages français au Sahel, et plus particulièrement ceux de Thierry Dol, un martiniquais, et de Francis Collomp, dont l’épouse est réunionnaise. Alors que Laurent Fabius a reçu les familles des deux hommes jeudi soir, François Hollande a répété sa volonté de les faire libérer.
Vie chère et taux de chômage record
L’essentiel de l’interview a toutefois été consacré aux sujets qui préoccupent les Ultramarins : le chômage et le coût de la vie. François Hollande a rappelé qu’une « loi très importante sur la vie chère » avait été adoptée en novembre dernier. « Elle permettra de lutter contre les monopoles », a assuré le chef de l’Etat. Quant à l’épineuse question des billets d’avion – les compagnies qui desservent les départements d’Outre-mer (DOM) pratiquent des prix largement au-dessus de la moyenne -, François Hollande a annoncé vouloir imposer « une transparence des prix et des marges ». « Ça prendra du temps, mais cela fait partie de mes engagements et je le tiendrais », a-t-il ajouté.
Autre dossier épineux : le chômage, dont les taux dépassent 25% de la population active sur certains territoires. « C’est un risque sérieux pour la cohésion sociale », a analysé le président de la République avant de rappeler ses mesures pour l’emploi. « Mais nous devons faire plus pour l’Outre-mer. Non pas par générosité, mais parce que c’est un devoir », a-t-il assuré. Par exemple, « 9.000 emplois d’avenir ont été réservés » pour les DOM, a-t-il annoncé. Cette mesure, comme l’ensemble des dispositifs concernant l’Outre-mer, « doit d’abord être réservée aux populations locales », a insisté François Hollande.
L’obstacle du Conseil constitutionnel
Le 29 décembre dernier, les Sages n’ont pas seulement retoqué la taxe à 75%. Ils ont aussi censuré partiellement la défiscalisation ultra-marine. Il s’agit d’une niche fiscale réservée aux opérations d’investissement en Outre-mer. Le Conseil constitutionnel n’a pas autorisé que le plafond de cette niche dépasse les 18.000 euros. « J’ai regretté le recours devant le Conseil constitutionnel concernant la défiscalisation outre-mer », a d’abord indiqué François Hollande avant de rappeler que la défiscalisation restait maintenue en-deçà des 18.000 euros.
Pour contourner la décision des Sages, François Hollande a annoncé « prendre un engagement » : « Nous redéployerons ce que nous n’avons pas pu verser (une somme avait été débloquée en vue de la défiscalisation outre-mer, Ndlr) en subventions directes. » Selon le chef de l’Etat, il existe d’autres leviers, au niveau européen notamment. « Ce n’est pas connu par tous les Ultramarins, mais il existe des crédits très importants pour les régions ultrapériphériques (à l’Union européenne) dans le cadre du budget européen », a ainsi expliqué l’hôte de l’Elysée. « J’ai obtenu d’intégrer Mayotte » aux régions dites « ultrapériphériques », a d’ailleurs glissé le président socialiste.
« Quand la République est présente, pourquoi s’en séparer »
François Hollande a ensuite balayé les sujets plus spécifiques à tel ou tel département. Il a ainsi rappelé la création de quatre Zones de sécurité prioritaires (ZSP) en Outre-mer pour lutter contre l’insécurité. Sur le cas de Mayotte, il a appelé à renforcer le contrôle sur les flux migratoires pour sortir le nouveau DOM d’une situation « inextricable » – il s’appuiera pour ce faire sur le rapport de Dominique Baudis, qui était en novembre sur l’île de Grande-Terre.
Concernant la demande d’Oscar Temaru que la Polynésie soit inscrite sur la liste onusienne des Etats à décoloniser, François Hollande a balayé le problème : « Il n’y a pas eu de demande qui m’a été adressée (…) Moi, mon premier devoir, c’est de donner les moyens financiers à la Polynésie. » Et d’ajouter : « Quand la République est présente, pourquoi s’en séparer. » C’est dans cette optique qu’il veut accélérer le processus d’harmonisation pour Mayotte. Un délai de 25 ans a en effet été décidé pour que l’archipel devienne pleinement un département.
Plus généralement, François Hollande a voulu rappeler les bénéfices de l’Outre-mer pour la métropole. Interrogé sur l’image des Ultra-marins en France, il a insisté sur les « richesses énergétiques » et « maritimes » des DOM-TOM. « Et puis, il y a les hommes et femmes qui font l’Outre-mer et la République », a-t-il lancé, annonçant au passage qu’il se rendra en Guyane pour son premier déplacement ultramarin en tant que président de la République. Et de résumer sa pensée sur le sujet en une phrase déjà prononcée par de nombreux responsables politiques : « L’Outre-mer est dans la République. »
Gaël Vaillant – leJDD.fr
jeudi 03 janvier 2013