A Madiana
— Par Christian Antourel —
Landry, clandestin sénégalais, à la recherche de son frère, veut devenir styliste dans une France des droits de l’homme fantasmée. Il veut s’intégrer et exercer le métier de ses rêves. Mais il est vite rattrapé par la triste réalité de sa situation. Tandis que Lucie, jeune martiniquaise, policière de fraiche date, s’échine à poursuivre Diallo, un trafiquant de drogue. Landry et Lucie nouent une relation amoureuse….
« Un film qui se veut de genre, à la fois social et policier » C’est une plongée saisissante dans un film d’auteur, couplé d’une métaphore pertinente de la société du monde noir en France métropolitaine. Une vision des conditions de vie et de travail des ultra-marins et des africains
déracinés. Le film est contrôlé de bout en bout et reste dans une dynamique de parfaite maitrise. La touche du réalisateur est bien papable quand il nous dit : « Je suis né en métropole j’ai des racines ultra-marines. Mes parents sont de la Martinique et sont venus en France dans les années 60. J’ai grandi au sein de plusieurs communautés, africaine, maghrébine, antillaise. Il est normal que j’en rende compte dans une première fiction. Mon film a des racines ultra-marines mais il est ouvert sur le monde, à l’image des jeunes ultra-marins d’aujourd’hui, résolument modernes. Le cinéma antillais doit construire des figures de héros qui soient à la fois porteuses de sens et auxquelles on puisse s’identifier. J’avais envie de rendre hommage à la femme antillaise à travers le personnage de Lucie mon héroïne. Une femme forte, engagée, avec une autorité déterminée, loin des clichés. C’est une femme moderne qui a choisit de s’insérer dans la société par l’uniforme en devenant policière. Mais elle a une éthique, une morale. Elle sera, confrontée à ses engagements et devra faire des choix»
Un couple de héros qui soient deux noirs
Le réalisateur livre brut un diamant du classicisme, élégant, cohérent, intense, s’inscrivant dans une ligné dont il respecte et chamboule les codes. Il introduit un subtil mélange d’apesanteur et de lourdeur, dont ses prochaines réalisations s’en trouveront bonifiées. Il confie : « Je me suis intéressé à la question des clandestins africains, ce sont des « outsiders » peu considérés, mal traités mais qui travaillent et produisent de la richesse en étant exploités. J’avais envie de construire un couple de héros qui soient deux noirs, dans la France d’aujourd’hui. D’origine différente, africaine et antillaise. Qui ont un parcours, des envies, des attentes, vis-à-vis de la France. Le cinéma, même « engagé » doit s’appuyer sur une histoire forte. La dramaturgie ne doit jamais être oubliée au profit des idées aussi belles soient elles. »La réalisation est un sommet en soi et le son d’où le tamtam résonne dans l’action, et serpente sa patte jazzy par ailleurs, apporte un style au réalisme époustouflant. Gros-Dubois alterne les moments forts, sentimentaux, violents, ou tout bonnement le vide, pour trouver la justesse qui sert au mieux son idée. Le casting est parfaitement équilibré, chacun assume son personnage avec une conviction inébranlable, ce qui a pour effet, de conférer à cette équipe qui se développe à l’écran, une véritable alchimie cinématographique.
Pratique :
Scénario et réalisation : Christophe Gros-Dubois
Avec :
Virgile m’Fouilou
Djé Dje Apali
Dominique Lollia
Production : Madiana Productions
A MADIANA dès le 25 avril 2014
Contact : 0596 72 15 15