— Par Max Dorléans (GRS) —
Alors qu’aujourd’hui, toute la classe politique européenne dominante discute des orientations économiques (et politiques) à mettre en œuvre pour faire face aux attaques (augmentation des droits de douane sur les produits européens) de Donald Trump, nous ne devons pas continuer d’être des spectateurs passifs, et ne pas se saisir nous aussi, des turbulences dans la mondialisation capitaliste, pour réfléchir au modèle économique dominant qui nous a été depuis belle lurette imposé. Et notamment au modèle agricole de casi monoproduction de bananes et de canne à sucre.
En effet, avec la crise multidimensionnelle du capitalisme mondialisé, comment peut-on ne pas poser clairement la question de notre dépendance alimentaire, notamment à la question de que faire pour construire un modèle agricole radicalement différent, basé sur ce à quoi doit servir avant tout l’agriculture, à savoir nourrir la population. Un modèle bannissant donc la culture dominante de bananes et de canne, pour mettre en place une production agricole vivrière satisfaisant les besoins alimentaires essentiels de la population.
Cependant, aujourd’hui, la majorité de celles et ceux qui comme nous déclarent vouloir mettre un terme à notre dépendance alimentaire, conçoivent pour l’essentiel, à partir d’une réforme du Poséi, une ventilation des aides faisant une part bien plus significative à la diversification, aujourd’hui parent pauvre de la répartition.
Si évidemment nous partageons l’idée de la diversification, on ne peut se contenter d’offrir les aides en question à des aigrefins dont la seule préoccupation va être, pour faire du profit, de capter les aides reconsidérées. Ce qui signifie un refus clair devoir l’agriculture être une simple spéculation pour faire du profit. Et un choix de voir les produits agricoles destinés essentiellement à satisfaire la demande. Ce qui va exiger qu’un nombre important de terres soit mobilisé pour une production de masse. Qu’en outre, cette production ne soit pas laissée au bon vouloir de chaque producteur, en raison du risque de choix de production uniquement pour le profit. D’où l’idée d’une production planifiée, bâtie sur un schéma dans lequel ce qui doit être produit, soit décidé démocratiquement. Et que les produits agricoles soient très bon marché pour permettre à l’immense majorité de la population d’y accéder, tout en garantissant aux agriculteur/trices des rémunérations dignes, condition également de l’engagement dans ce secteur.
Ces quelques orientation posées n’évacuent évidemment pas des réflexions concernant le volume et la taille des terres à mobiliser (terres en friche, terres chlordéconées, autres), les modes de mobilisation de celles-ci (location simple, métayage, mise à disposition gratuite…), les types d’organisation (coopératives de production et autres), les méthodes coopératives de production, les rémunérations de la profession agricole, l’environnement, la santé, la formation, la réforme agraire…Toutes réflexions qui doivent faire l’objet de discussions démocratiques en profondeur, incontournables si nous voulons sortir de ce modèle économique mortifère pour le plus grand nombre ! Et pour les agriculteurs/trices eux-mêmes !
Max Dorléans (GRS)