En mémoire d’Antony Phelps

— Par Gary Klang —
Je connais Anthony Phelps – que j’appelais Chico – depuis les années 60 à Paris. Jamais je n’oublierai la nuit passée dans un café du boul. Mich avec Davertige, à boire goulûment de la bière et à parler de tout et de rien. A l’époque, nous vivions dans les cafés.
Puis les années passèrent. Dave vint s’installer à Montréal et avec les Dimanches littéraires, dont j’étais un des membres fondateurs, nous lui rendîmes hommage en présence de plus de 300 personnes.
Anthony, pour sa part, était souvent absent. Il passait de longs mois à l’étranger avec Hélène, son épouse. Une fois de retour, il m’invitait souvent chez lui. Je me souviens d’excellents repas, de force bouteilles de bordeaux et de la présence de Raymond Chassagne, un ancien officier d’un grand courage qui fomenta même un complot contre Duvalier.
Autre souvenir marquant : l’écriture de notre thriller, Haïti ! Haïti ! Anthony travaillait alors à Radio-Canada, et une fois son travail terminé, il venait me rejoindre à la maison où nous écrivions jusqu’aux environs de minuit. Quand le roman fut achevé, il nous fallut trouver un éditeur; tâche éminemment ardue d’autant que c’était le premier thriller jamais écrit au Québec. Je fis alors mon unique rêve prémonitoire. Je me voyais en visite chez un ami où quelqu’un me demandait de lui confier le manuscrit, et c’est exactement ce qui se passa.
Emile Ollivier nous convia peu de temps après à déjeuner chez lui, Anthony et moi, et là il nous présenta une personne dont j’oublie le nom. La conversation tomba sur notre roman et le monsieur en question nous proposa de le faire éditer, comme dans mon rêve. Les éditions Libre Expression s’en chargèrent et le succès fut immédiat. Nous étions tellement demandés qu’il nous fallait parfois nous séparer pour pouvoir répondre à deux invitations en même temps.
Par la suite, mon ami Karim Akouche republia le roman mais sous un titre plus approprié : Le Massacre de Jérémie (Anthony, Karim et moi n’aimions pas Haïti ! Haïti ! titre choisi par l’éditeur québécois). Cette réédition nous donna l’occasion de nous rendre en Haïti pour un nouveau lancement.
Voici quelques souvenirs inoubliables que je garde d’Anthony Phelps.
Repose en paix, vieux Frère.
GARY KLANG