Te voici à l’ubac maintenant

— Par Lenous Guillaume-Suprice —

« J’ai bu du rhum et de l’eau fraîche/j’ai eu ma part du gâteau de l’espoir/Maintenant que j’ai dit l’essentiel je dois partir/Au point d’accouplement de la terre et du ciel/j’ai rendez-vous avec la rose/pour assister à la naissance de l’amour. »

(Anthony Phelps)

Elle était un fado bien longtemps joué
dans ta maison près du port
bien loin des ballades d’autrefois
pour étouffer les rots d’anciens marins
qui l’humiliaient
les voix de lointains geôliers
qui te poursuivaient
Toute seule, elle allait et venait, elle courait au secours de sa gueule d’iconoclaste
Te voici à l’ubac maintenant
conforme à ta manière de réagir
intense parfois
et elle toujours bien ferme à l’adret
dans ses convictions d’agir
sans plus
Fourmis dans l’âme
par le soir au fond d’un buisson
chagrine
une brise a défrisé sa chevelure
dans ton regard
à l’heure chantante des cigales
Une guitare
tout bas
a pleuré l’enfance et ses jouets
sans oublier les accords d’antan
dans ton carré d’heures autour d’elle
Tu as mis la main sur son vent-rebelle-montgolfière
imprévisiblement
à la fin d’un tour d’infini avec elle
en disant au monde : « La voici ! »
Ivre comme ailes d’un oiseau-tonnerre en altitude
barque fiévreuse elle demeure
à chaque plan d’eau de ta péninsule
malgré tout
Tu es maintenant beaucoup plus proche de la chanson des étoiles
loin d’elle et sa suite dans le décor
Fais gaffe à la hauteur, là où tu mets les pieds, en ce genre de territoire, poète sans papier à présent, au repos pour toujours, mais combien en éveil dans tes mots survivants, si prenants au tréfonds de (tes) liseurs et liseuses

 

Lenous Guillaume-Suprice,

Montréal-Nord, 14 mars 2025.