La cérémonie des Oscars 2025, tenue dimanche 2 mars à Los Angeles, a été l’occasion d’un festival de surprises et de rebondissements. Si la soirée a couronné Anora du réalisateur Sean Baker, un film qui fait sensation depuis sa Palme d’or à Cannes, elle a aussi laissé un goût amer pour le cinéma français, avec la déception de Emilia Pérez.
Le triomphe de Anora et un palmarès éclatant
Anora, ce drame audacieux racontant l’histoire d’une travailleuse du sexe qui voit sa vie bouleversée après son mariage avec un héritier d’oligarque russe, a fait une razzia en décrochant pas moins de cinq Oscars, dont celui tant convoité du meilleur film. Sean Baker, réalisateur polyvalent, a également été récompensé pour la meilleure direction, le meilleur scénario, le meilleur montage et, cerise sur le gâteau, Mikey Madison a remporté l’Oscar de la meilleure actrice pour son interprétation poignante. Le film fait ainsi un entrée triomphale dans le panthéon d’Hollywood, soulignant la montée en puissance du cinéma indépendant, désormais plus que jamais au cœur du jeu.
Le cinéma français, un goût d’inachevé
Du côté français, Emilia Pérez, le drame musical de Jacques Audiard, a vu ses espoirs se fracasser face aux attentes déçues. Malgré un total impressionnant de 13 nominations, un record pour un film non anglophone, le film sur la transition de genre d’une narcotrafiquante mexicaine n’a remporté que deux Oscars, ceux du meilleur second rôle féminin pour Zoe Saldaña et de la meilleure chanson pour El Mal, interprétée par Camille. Le film, qui avait misé sur une large visibilité grâce à Netflix, n’a pas su franchir la barrière du meilleur film international, un prix qui lui échappait au profit du film brésilien Je suis toujours là.
L’ombre des polémiques entourant l’actrice principale Karla Sofía Gascón, accusée de propos racistes et islamophobes sur les réseaux sociaux, a certainement plombé les chances du film. Ces controverses ont terni l’image du long-métrage et freiné son ascension, malgré son contenu audacieux.
Les autres grands gagnants : The Substance et The Brutalist
Si la France n’a pas raflé la mise cette année, d’autres talents hexagonaux ont été célébrés. The Substance de Coralie Fargeat a remporté l’Oscar du meilleur maquillage et coiffure pour la transformation spectaculaire de Demi Moore dans un rôle aux accents fantastiques.
Adrien Brody, quant à lui, a marqué la soirée en remportant l’Oscar du meilleur acteur pour son rôle dans The Brutalist, où il incarne un architecte rescapé de la Shoah. Il rejoint ainsi la prestigieuse liste des double lauréats, aux côtés de figures comme Marlon Brando et Jack Nicholson. Sa prestation dans ce film poignant a été saluée, et son discours sur la mémoire de l’Holocauste a résonné profondément dans la salle.
Un spectacle consensuel, mais engagé sur certains fronts
Si la cérémonie a mis en avant des performances musicales spectaculaires, notamment avec la participation d’Ariana Grande et Cynthia Erivo pour Wicked, elle n’a pas échappé à quelques moments plus engagés. Le journaliste israélien Yuval Abraham, coréalisateur de No Other Land, le film documentaire primé sur la colonisation israélienne en Cisjordanie, a saisi l’occasion pour dénoncer la politique de colonisation et appeler à la fin de la violence au Proche-Orient.
Adrien Brody, dans son discours, a aussi rappelé l’importance de tirer les leçons du passé pour construire un monde plus inclusif. D’autres, comme Zoe Saldaña, ont partagé des moments plus personnels, rendant hommage à leurs racines et à l’impact de leur parcours sur leur art.
Une année marquée par l’originalité et la diversité
Cette 95e cérémonie des Oscars a donc mis en lumière la richesse et la diversité du cinéma mondial. Tandis qu’Hollywood célébrait ses champions avec des films comme Anora et The Brutalist, des productions plus modestes, mais tout aussi percutantes, comme Flow de la Lettonie, ont trouvé leur place au palmarès. La soirée s’est ainsi terminée sur un ton d’espoir, de créativité et de réflexion sur le monde dans lequel nous vivons.
Entre prestige et polémiques, les Oscars 2025 auront été une édition marquante, où l’émotion, l’engagement et la magie du cinéma ont, une nouvelle fois, fait rêver le monde entier.
-Hélène Lemoine