Lonè épi respé ba misié Bertrand Caruge

Bertrand CARUGE avait 62 ans.

Extrêmement touché par sa brutale disparition dans la nuit de mercredi 19 à jeudi 20 février 2025, le Comité Devoir de Mémoire de Martinique s’incline devant sa mémoire et transmet à sa famille et à ses proches ses sincères condoléances.

Il revient en Martinique en 1990 et depuis 1996 il prend sa place dans le paysage médiatique martiniquais. Journaliste brillant, engagé dans son métier , intègre et passionné il militait pour une Presse rigoureuse à la recherche de la vérité.

C’était un homme de caractère, sincère et exigeant. Diplomé d’Histoire, il montre très tôt son intérêt pour les questions politiques et socio-culturelles de Martinique .Fin observateur de la réalité martiniquaise ,il ne manquait pas d’audace et avait un style direct et une plume acérée. Curieux de tout , très sensible aux problématiques de la Caraïbe et à la situation politique mondiale, il se disait lui-même “Citoyen du Monde”.

Il laisse un grand vide à la Rédaction de Martinique 1ère et aussi auprès de ses confrères de la presse martiniquaise orpheline. Célèbre grâce à ses émissions originales comme “ Sa ou ka di” où il invitait tous les acteurs de la Société martiniquaise et plus récemment “Lonè épi respé” qui rencontrait un vif succès . Il savait écouter et avait beaucoup de respect pour ceux qu’il interviewait

Au-delà du milieu professionnel où il excellait , c’était un homme d’une grande valeur, très humble et d’une grande gentillesse . Sa droiture, sa bienveillance, les valeurs qu’il défendait, son engagement forçaient le respect.

La presse martiniquaise est en deuil

Lonè épi respé ba misié Bertrand CARUGE

Christian JEAN-ETIENNE, Président du Comité Devoir de Mémoire.

Fort-de-France, le 21 février 2025.

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Bertrand Caruge, un journaliste engagé entre identité martiniquaise et quête de vérité

Bertrand Caruge est un homme profondément attaché à ses racines et à son environnement, une figure emblématique du journalisme martiniquais. Né à Dieppe, en Normandie, de parents martiniquais, il arrive en Guyane à l’âge de 5 ans, où il s’imprègne de la culture guyanaise avant de découvrir la Martinique, la terre de ses ancêtres, à l’adolescence. Ses expériences dans ces deux territoires vont façonner son identité et sa vision du monde, qu’il cherche à comprendre et à partager.

Sa quête identitaire s’orchestre autour de son héritage martiniquais, et c’est à travers la musique, les discussions politiques et l’implication sociale qu’il se construit en tant que citoyen martiniquais. C’est un parcours marqué par l’ouverture d’esprit, l’envie de comprendre les réalités sociales et politiques, et un amour de la lecture qui l’a poussé à se tourner vers le journalisme.

Son parcours professionnel est un témoignage de son engagement. De retour en Martinique en 1990, il se lance dans le journalisme après des études en Relations internationales et en histoire. Il trouve son créneau en tant que journaliste d’investigation, abordant des sujets variés allant de la politique à l’écologie, avec un accent particulier sur les problématiques sociales et environnementales, comme la lutte contre l’impact du chlordécone sur la santé et l’environnement en Martinique.

Sa pratique journalistique se distingue par sa volonté d’être un « passeur d’informations », de donner la parole à ceux qui œuvrent pour un changement positif. Son émission « Sa zot ka d »* incarne cette approche, en étant un espace d’expression pour ceux qui agissent et bâtissent, loin des discours dominants. Bertrand Caruge s’attache à « capturer la parole pour la restituer », toujours avec la rigueur d’un homme d’intégrité et de convictions.

À travers son travail et ses engagements, il nous transmet l’importance de vivre en toute liberté et lucidité. Un homme droit dans ses bottes, comme on le décrit, qui ne cherche pas simplement à informer, mais à éveiller les consciences et à créer un lien profond avec les réalités de son territoire.

M’A

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Audrey Marajo Govindin, rédactrice en chef à Martinique La 1ère, dit toute son émotion :
Notre rédaction est particulièrement anéantie par cette disparition si brutale de Bertrand Caruge, avec qui on travaillait encore hier. On travaillait à ses émissions de fin de semaine. C’est une onde de choc pour l’ensemble des journalistes, parce que c’est peut-être un référent. Un véritable référent pour la nouvelle génération qui est en train de s’installer dans cette rédaction
Il était curieux de tout, aguerri de la chose politique en Martinique, mais aussi Bertrand est un fin observateur de la marche du monde. Puis nous avons animé pendant des années des débats foudroyants de vive intensité parce que Bertrand, c’était un homme vrai, qui s’emportait facilement, mais qui avait un cœur très doux, malgré tout cela

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Serge Letchimy, président du conseil exécutif de la CTM
, a lui aussi rendu hommage à Bertrand Caruge ce jeudi :
Bertrand était un journaliste brillant, intègre et passionné. Son regard perçant et son verbe juste faisaient de lui une voix essentielle du paysage médiatique martiniquais. Chaque question qu’il posait, chaque mot qu’il prononçait étaient empreints d’une rigueur exemplaire et d’une véritable quête de vérité. Il savait écouter, analyser et transmettre l’information avec clarté et profondeur, toujours dans le respect de ceux qu’il interviewait et de ceux qui l’écoutaient. Mais au-delà du professionnel d’exception qu’il était, c’était un homme d’une grande valeur. Son humilité, sa bienveillance et son engagement forçaient l’admiration et le respect