— Par Max Orville(*) —
La Collectivité Territoriale de Martinique (CTM) traverse de sa jeune carrière, une situation financière préoccupante aux répercussions inédites pour ses entités affiliées, le tissu associatif et l’ensemble du territoire. La Chambre régionale des comptes a souligné dans son dernier rapport une baisse des investissements, une augmentation de l’endettement et une gestion financière fragile. Sur un budget de 1,5 milliard d’euros, près d’1 milliard est consacré aux frais de fonctionnement et aux engagements sociaux, laissant une marge dérisoire pour les investissements structurants.
Les satellites de la CTM, tels le Parc naturel régional Martinique (PNRM), le Pôle agroalimentaire régional de Martinique (PARM), le Comité Martiniquais du Tourisme (CMT) ou encore Martinique Développement, subissent de plein fouet, des contraintes budgétaires qui affectent leurs actions. De même, le secteur associatif, poumon de la vie citoyenne, fortement dépendant des subventions publiques, fait face à une incroyable incertitude, qui met en péril, les initiatives essentielles pour la cohésion sociale, culturelle et environnementale. Cette réalité affecte directement les évènements phares de la Martinique, à l’instar du Tour des yoles, du Festival Biguine Jazz ou du colloque Frantz Fanon, ou encore la représentation de la Martinique au Salon de l’agriculture à Paris, …
La gestion des ressources humaines au sein même de l’institution territoriale interpelle le citoyen martiniquais. En dépit d’un budget conséquent les services publics peinent à répondre aux attentes de la population. Qu’il s’agisse des transports en commun, de la gestion des déchets, de l’eau, … Ces services sont perçus comme dysfonctionnels et alimentent aussi le mécontentement de la population, déjà éprouvée par un coût de la vie trop élevée.
Par ailleurs, la crise de confiance voire de défiance de la population vis-à-vis des élus, se traduit par une fièvre éruptive, couplée à un déferlement de violence qui affecte principalement le fragile tissu économique de notre territoire, plongeant bon nombre de nos compatriotes dans le chômage et aggravant la pauvreté.
Enfin, dans cette mondialisation féroce, avec l’arrivée de Donald TRUMP prônant l’Amérique d’abord, une France lourdement endettée et, où seule l’Union européenne peut encore nous aider financièrement au travers de dotations conséquentes qu’il convient de mieux optimiser, notre devoir de martiniquais, est de nous unir et de taire nos divisions malvenues !
Le 5 octobre 1992, Aimé Césaire en appelait déjà à une nouvelle utopie refondatrice, un nouveau projet de société. Face à la situation critique que nous connaissons, n’est-il pas venu le temps de la responsabilité, le temps de l’humilité, le temps de l’écoute, de la réconciliation, du compromis et de… nous faire confiance collectivement ?
Face à cette urgence vitale pour la Martinique, nous avons le devoir légal d’établir un projet de développement économique productif et audacieux. La priorité selon nous, est d’abord de nous ressaisir, de nous réconcilier entre nous, Martiniquais. Au-delà des clivages, somme toute, inutilement inutile, le temps est venu de travailler au nom du peuple, pour le peuple mais… avec le peuple où ses représentants, dans toutes ses composantes et dimensions. Cela passe donc par un vrai dialogue avec tous les acteurs, (soit pour échanger sur les orientations, soit pour définir ensemble les priorités, soit encore pour mettre en place une méthode visant à construire ensemble. Par exemple, la gouvernance des organismes satellites de la CTM pourrait être repensée pour intégrer davantage de parité, des représentants du monde économique local, garantissant ainsi plus de transparence et d’efficacité. De même instaurer un dialogue véritablement partenarial avec l’État, afin d’optimiser les leviers d’action au service du territoire. Enfin, établir des collaborations stratégiques avec nos entreprises locales et les acteurs majeurs économiques de la Martinique, et ce, au service du projet de développement économique à concevoir.
Et si l’utopie refondatrice rêvée par Césaire, ce projet de société tant espéré, passait par ce dialogue vital, où politiques locaux, État, acteurs économiques locaux, acteurs associatifs, sociaux, culturels et environnementaux, ensemble, autour d’une table dessinait la Martinique de demain, une Martinique fraternelle, solidaire, en paix avec la France et offrant à sa jeunesse désenchantée, les termes d’un nouvel espoir ?
La Martinique dispose de tous les atouts pour réussir. La Martinique n’attend que cela pour rayonner à nouveau. Pour ma part, j’y crois !
(*) Max ORVILLE
Président du Modem Martinique
Ancien Député européen