« Opéra de Paris : Carmen (2025) », un film de François-René Martin

Dimanche 9 février à 16h à Madiana
Carmen Avec Roberto Alagna, Elina Garanca, Ildar Abdrazakov
6 février 2025 en salle | 2h 40min | Opéra
Les Chœurs, l’Orchestre de l’Opéra national de Paris dirigé par Mark Elder, accompagnent les solistes Roberto Alagna, Elina Garanca, Maria Agresta et Ildar Abdrazakov. Calixto Bieito signe une mise en scène moderne. Un casting en or pour une œuvre magistrale
Synopsis
Le brigadier Don José tombe sous le charme de Carmen, une bohémienne qu’il a laissée s’échapper alors qu’il devait l’arrêter. Après plusieurs mois passés ensemble, Carmen se lasse de son amant jaloux et s’éprend du torero Escamillo. Micaëla, partie à la recherche de Don José dont la mère est souffrante, ne parvient à pas à raisonner le soldat désormais déserteur, prêt à tout par amour pour Carmen.

— Dès les premières phrases prononcées par Carmen, qui marquent l’une des plus grandes entrées de l’histoire de l’opéra, tout est dit : « L’amour est un oiseau rebelle que nul ne peut apprivoiser. » Cette production, menée par le duo flamboyant Elīna Garanča/Roberto Alagna dans l’atmosphère incandescente conçue par Calixto Bieito, souligne la beauté authentique de la musique de Bizet.

Opéra en quatre actes, présenté en français sous-titré en français. Enregistré à l’Opéra national de Paris / Opéra Bastille le 16 juillet 2017.

Carmen de Georges Bizet

L’Opéra national de Paris nous invite à redécouvrir l’inoubliable Carmen de Georges Bizet dans une production audacieuse signée Calixto Bieito, enregistrée le 16 juillet 2017 à l’Opéra Bastille. Initialement créée en 1999 à Peralada, cette mise en scène a traversé l’Europe, attirant l’attention pour sa vision contemporaine et provocatrice de l’œuvre.

Située dans un décor minimaliste, cette Carmen se distingue par sa mise en scène dépouillée. Le plateau nu est ponctué de quelques éléments symboliques qui évoquent les lieux de l’action : une cabine téléphonique pour le premier acte, une voiture pour le deuxième, des Mercedes pour le troisième, et un gigantesque taureau en bois – un clin d’œil à la culture espagnole. Le quatrième acte, quant à lui, se réduit à un simple cercle tracé à la craie, une arène imaginaire où Carmen et Don José s’affrontent dans une lutte fatale.

Loin des costumes traditionnels, les personnages incarnent une vision résolument moderne : les hommes sont vêtus de costumes-cravates, tandis que les femmes arborent des tenues sexy, à mille lieues des robes à volants habituellement associées à l’opéra. La direction d’acteurs, qui met en lumière la brutalité des militaires et des contrebandiers ainsi que leur sexualité débridée, dépeint un monde où la passion se confond avec la violence, où chaque geste semble chargé d’une énergie explosive.

Le chef-d’œuvre de Bizet, composé sur un livret de Meilhac et Halévy, est une méditation sur l’amour impossible, celle de la cigarière Carmen et du soldat Don José, pris dans un tourbillon de désir et de destruction. Dès les premières paroles de Carmen, « L’amour est un oiseau rebelle que nul ne peut apprivoiser », l’opéra prend un tour envoûtant et passionné. La sensualité andalouse de Carmen et son emprise sur Don José, qui succombe à une passion dévorante, entraînent les personnages vers un destin tragique et inéluctable.

L’amour, la révolte et la fatalité : tel est le cœur de cet opéra devenu, malgré une première réception mitigée à Paris en 1875, l’un des plus joués au monde. Les airs inoubliables, l’intensité dramatique et la richesse de la musique de Bizet, alliées à cette vision résolument moderne, font de cette production une expérience saisissante, où l’humanité des personnages se mêle à une réflexion sur la violence et le désir, sur la liberté et la souffrance.

Dans cette version iconoclaste de Carmen, Calixto Bieito transcende les codes pour offrir une œuvre vivante, percutante, et profondément actuelle.