— Par Yves-Léopold Monthieux —
La question se pose régulièrement de savoir pourquoi il y a un ministre des Outremers (ex-DOM – TOM) puisque nous sommes Français ? Autrement dit, une bonne administration des pays dits des Outremers ne peut elle pas se passer d’un organe de liaison ? La coordination de la gestion de l’outremer par un même département ministériel serait-elle intellectuellement inepte et techniquement inopérante ? En réalité, pour ceux qui conceptualisent cette idée, elle est politique. Même si le bon sens apparent conduit de nombreux candides à y adhérer.
Dès lors, faudrait-il supprimer l’étape du ministère pour permettre aux représentants de l’Outremer de traiter des affaires de leurs pays respectifs directement avec les ministères thématiques ou directement avec le Premier ministre ? En réalité, placé auprès du Premier ministre, ce cabinet ne serait-il pas l’équivalent du ministère des Outremers, qu’il soit hébergé à Matignon ou à la rue Oudinot ?
La suppression de cet intermédiaire aurait une odeur de “continuité territoriale”, selon le principe que tout intermédiaire entre Matignon et la CTM est de nature à contrarier ce prolongement. En même temps, d’après le mantra “je ne discute pas je négocie”, la volonté de jouer égal à égal au plus haut niveau de “l’État français” s’en trouverait facilitée. Avantage pour certains et inconvénient pour d’autres, la nomination d’un ministre d’État à cette fonction renforce l’efficacité du ministère, mais raffermit l’étape intermédiaire qui réduit l’accès au Premier ministre.
Le nouveau ministre des Outremers a donc la possibilité de prendre des décrets comme le Premier ministre. Cette distinction donne du corps à la phrase de Jacques Chirac qui connaissait un brin sur la question : “Le ministère de l’Outre-Mer est un petit Matignon”.
Fort-de-France, le 23 décembre 2024
Yves-Léopold Monthieux