Développer l’égalité des chances, en France, en Outre-mer et dans le monde
La Journée internationale des droits de l’enfant, célébrée chaque année le 20 novembre, représente un moment clé pour faire le point sur les avancées mondiales en matière de droits de l’enfant. Elle marque l’anniversaire de la signature de la Convention relative aux droits de l’enfant (CIDE) en 1989 par l’Assemblée générale des Nations Unies. Ce traité historique, aujourd’hui ratifié par 197 États, repose sur quatre principes fondamentaux : la non-discrimination, l’intérêt supérieur de l’enfant, le droit de vivre, survivre et se développer, et le respect des opinions de l’enfant. Bien qu’un nombre croissant d’enfants bénéficient de la protection de leurs droits, des millions d’entre eux dans le monde doivent encore lutter pour un accès effectif à la scolarisation, à la sécurité et à une vie digne.
En France, cette journée est l’occasion de rappeler l’engagement de la communauté éducative pour garantir l’accès universel aux droits énoncés dans la Convention. Toutefois, cette célébration met également en lumière les inégalités persistantes, notamment dans les territoires d’Outre-mer, où l’accès à l’éducation reste un défi majeur. La situation dans ces régions est particulièrement préoccupante. En Mayotte et en Guyane, par exemple, des milliers d’enfants sont laissés pour compte, ne pouvant bénéficier d’une scolarisation digne de ce nom, soit par manque de places, soit à cause de conditions matérielles et humaines dégradées. À Mayotte, un rapport estime qu’entre 6.000 et 10.000 enfants sont non scolarisés, un chiffre qui pourrait atteindre jusqu’à 20.000 selon certaines associations locales. En Guyane, des enfants sont contraints de se déplacer en pirogue pour rejoindre leur école, un parcours du combattant symbolique des obstacles géographiques et sociaux qu’ils rencontrent.
Ces lacunes en matière d’éducation dans les Outre-mer reflètent une situation plus large où l’égalité des chances se heurte à des réalités complexes : classes surpeuplées, bâtiments non conformes, manques d’enseignants et d’infrastructures adaptées, et souvent des défis logistiques de taille. Pour remédier à cela, l’UNICEF France appelle à la mise en place d’un observatoire national pour mesurer précisément la non-scolarisation, notamment dans les zones les plus isolées. La France doit s’engager davantage pour garantir une égalité d’accès à l’éducation pour tous les enfants, quel que soit leur lieu de vie.
Malgré ces défis, des avancées existent. À la Réunion, en Guyane et ailleurs, des projets d’envergure sont en cours pour améliorer l’accès à l’éducation. En Guyane, un nouveau lycée ouvrira ses portes en 2025 à Maripasoula, en pleine forêt amazonienne, un pas vers l’inclusion de jeunes de régions reculées. De même, les initiatives visant à renforcer les moyens des établissements scolaires, comme le classement en Réseau d’Éducation Prioritaire renforcée (REP+), montrent que des efforts sont faits pour améliorer la situation dans les territoires les plus fragiles. Toutefois, ces avancées doivent être amplifiées et généralisées.
La Journée internationale des droits de l’enfant est aussi un moment de sensibilisation et d’éducation. Elle rappelle à tous que l’éducation est un droit fondamental et que l’État doit en garantir l’accès à chaque enfant, sans exception. L’ancienne Première ministre Élisabeth Borne l’a souligné lors du dernier comité interministériel des Outre-mer en 2023 : « Nos territoires sont une chance inespérée pour notre pays. » Pourtant, cette chance ne pourra se concrétiser pleinement que si chaque enfant, qu’il soit en métropole ou en Outre-mer, peut accéder à une éducation de qualité, condition sine qua non pour qu’il s’élève par la connaissance et devienne acteur de son avenir.
À l’échelle mondiale, la situation reste dramatique : 250 millions d’enfants âgés de 6 à 18 ans sont privés d’école, dont 129 millions de filles, et 200 millions d’enfants de moins de 5 ans sont confrontés à la malnutrition. Ces chiffres rappellent que la lutte pour les droits des enfants est loin d’être terminée. La Journée mondiale des droits de l’enfant doit ainsi être l’occasion de redoubler d’efforts pour faire avancer la cause de l’enfance, en France et partout dans le monde. La scolarisation, la protection, et le bien-être de chaque enfant doivent demeurer des priorités, afin qu’ils puissent tous grandir, se développer et s’épanouir dans un monde juste et solidaire.