En 2023, l‘Arcom a dressé un bilan mitigé de l’accessibilité des programmes audiovisuels et de la représentation des personnes en situation de handicap dans les médias. Si certains progrès ont été réalisés, notamment en matière d’augmentation du nombre de programmes sous-titrés et audiodécrits, ainsi que dans l’inclusion des personnes handicapées dans les émissions, de nombreuses disparités persistent, tant en termes de visibilité que de qualité de représentation.
Une avancée notable en matière d’accessibilité
L’un des principaux progrès en 2023 a été le respect global des obligations en matière de diffusion de programmes accessibles aux personnes sourdes et malentendantes. Presque toutes les chaînes de télévision ont respecté leurs engagements concernant les sous-titres et l’audiodescription. Toutefois, quelques chaînes d’information en continu, comme CNews et BFM TV, ont encore des lacunes, en particulier en matière d’audiodescription.
L’Arcom a également renforcé les obligations de certaines grandes chaînes, telles que TF1 et M6, qui se sont engagées à améliorer l’accessibilité de leurs programmes. Parallèlement, des éditeurs de services de vidéo à la demande (SMAD) comme UniversCiné, FilmoTV et BrutX ont été soumis à des obligations d’accessibilité, garantissant que 1 % de leurs catalogues soit accessible aux personnes sourdes ou malentendantes.
En dépit de ces efforts, l’Arcom a relevé des défauts dans la qualité de l’accessibilité, notamment un décalage récurrent entre les propos diffusés à l’antenne et leurs sous-titres. L’autorité a entamé des discussions avec les éditeurs concernés pour remédier à cette situation et garantir une meilleure synchronisation.
La sous-représentation des personnes handicapées à la télévision
Malgré des avancées en matière d’accessibilité, la représentation des personnes en situation de handicap reste très faible à la télévision. Entre 2013 et 2023, la proportion de personnes handicapées à l’écran a stagné à seulement 0,9 %, un chiffre bien inférieur à leur présence dans la société. Cette sous-représentation est particulièrement marquée dans les chaînes d’information en continu, où les personnes handicapées représentent à peine 0,3 % des apparitions.
Cette invisibilité s’accompagne également d’une stigmatisation. Les personnes handicapées sont souvent associées à des rôles négatifs, incarnant des personnages déviants ou malfaisants, une tendance qui persiste malgré quelques initiatives positives, comme l’émission *Les Rencontres du Papotin*, où des personnes autistes prennent la parole.
Le handicap cognitif reste le plus représenté à la télévision, mais la surdité, par exemple, demeure presque inexistante, représentant seulement 2 % des représentations. Cette situation soulève une question importante sur la manière dont les médias traitent le handicap : à la fois de manière stéréotypée et marginalisée.
Un paysage audiovisuel toujours dominé par une diversité restreinte
Au-delà du handicap, la question de la diversité sociale et ethnique dans les médias reste un défi majeur. En dépit d’une légère augmentation de la représentation des femmes (passant de 37 % à 40 % en une décennie), les personnes racisées, précaires et handicapées continuent d’être largement invisibles. Les personnes perçues comme racisées ne représentent que 15 % des individus à l’écran, et sont souvent cantonnées à des rôles subalternes ou négatifs.
Le handicap, de son côté, est presque absent des récits principaux et reste essentiellement représenté à travers des personnages marginaux, souvent dans des situations dramatiques. Les rôles de « héros » ou de personnages positifs sont rarement attribués à des personnes en situation de handicap, renforçant ainsi l’idée que ces individus sont différents ou inférieurs à la norme.
Des initiatives en faveur d’une représentation plus inclusive
Face à ce constat, l’Arcom a encouragé des initiatives visant à lutter contre les stéréotypes associés au handicap dans les programmes audiovisuels. À travers des chartes de bonnes pratiques et un suivi des engagements des éditeurs, l’autorité cherche à améliorer la représentation des personnes handicapées et à favoriser une image plus juste et diversifiée.
En 2023, l’Arcom a intervenu auprès de certains éditeurs pour favoriser une meilleure représentation des personnes handicapées, et notamment des personnes de petite taille, en veillant à ce qu’elles soient représentées sans les stéréotypes habituels. Ces actions ont conduit à des changements, mais le chemin reste encore long pour atteindre une véritable inclusion.
Un enjeu de visibilité et de représentation équitable
En somme, si l’accessibilité des programmes audiovisuels a fait des progrès indéniables, la question de la représentation des personnes en situation de handicap et des autres groupes minoritaires demeure une problématique majeure. Les efforts sont à saluer, mais des ajustements sont nécessaires pour garantir une présence plus équitable et respectueuse de la diversité humaine à l’écran.
L’Arcom, en tant qu’autorité de régulation, a un rôle central à jouer dans ce processus, en imposant des obligations strictes aux éditeurs, mais aussi en poursuivant sa vigilance sur la qualité de l’accessibilité et la nature des représentations. La diversité dans les médias, loin d’être une question de chiffres, relève avant tout d’un enjeu de société : celui de garantir à chacun une place légitime dans le paysage audiovisuel.