Violentes tensions à Fort-de-France : l’arrestation de Rodrigue Petitot et les émeutes qui ont suivi

Lundi 11 novembre 2024, une violente altercation a éclaté à la résidence préfectorale de Fort-de-France, entre Jean-Christophe Bouvier, préfet de la Martinique, et Rodrigue Petitot, leader du Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro-Caribéens (RPPRAC). L’incident, filmé en direct par Petitot et largement partagé sur les réseaux sociaux, a rapidement enflammé les tensions sur l’île.

Ce soir-là, une délégation du RPPRAC s’est rendue à la résidence préfectorale, où se trouvait François-Noël Buffet, le ministre des Outre-mer, en visite officielle. Les membres de l’organisation exigeaient un entretien immédiat avec le ministre. Mais selon le préfet, aucune demande de rendez-vous n’avait été reçue au préalable. Face au refus de Bouvier, le ton est monté entre les deux hommes, le représentant du RPPRAC demandant au préfet de « parler différemment ». L’affrontement verbal a été interrompu par l’arrivée des forces de l’ordre, qui ont conduit les membres du RPPRAC à la sortie.

Le lendemain, mardi 12 novembre, Rodrigue Petitot a été interpellé à son domicile de Fort-de-France, suite à une plainte déposée contre lui pour son intrusion à la résidence préfectorale. La préfecture a précisé que Petitot et ses accompagnateurs avaient forcé le cordon de sécurité et tenté de pénétrer dans la résidence en exigeant d’être reçus par le ministre, un comportement jugé « inacceptable, inimaginable et intolérable » par Jean-Christophe Bouvier. Après son arrestation, des rassemblements ont eu lieu devant le commissariat de Fort-de-France, où des manifestants ont mis le feu à des objets et incendié des barricades. Des tensions palpables se sont rapidement propagées.

La situation a pris une tournure plus dramatique en soirée. Un peu avant 21 heures, des manifestants ont attaqué le commissariat de Fort-de-France, incendiant des arbres et provoquant des incendies volontaires sur le boulevard Général de Gaulle. La manifestation a attiré jusqu’à 350 personnes, certaines cagoulées et menaçant les forces de l’ordre de représailles. Pendant ce temps, des tirs à balles réelles ont été dirigés contre des gendarmes positionnés devant la préfecture, blessant trois d’entre eux. La violence a ensuite défiguré le centre-ville, où des véhicules ont été incendiés et plusieurs commerces pillés.

Les affrontements entre les forces de l’ordre et les émeutiers se sont intensifiés avec l’usage de projectiles et de cocktails Molotov. En réponse, les autorités ont dispersé les manifestants violents par la force. Le bilan de cette journée tragique fait état de huit interpellations et de plusieurs blessés parmi les forces de sécurité. La situation reste tendue, et les autorités poursuivent leurs efforts pour rétablir l’ordre. Des barrages ont continué à être érigés à travers la ville, et la violence semble avoir atteint un seuil alarmant, soulignant l’ampleur du mécontentement social sur l’île.

Cette crise met en lumière les fractures profondes qui traversent la société martiniquaise, marquées par des revendications politiques, sociales et économiques de plus en plus exacerbées. Le climat tendu et l’escalade des violences soulignent la nécessité d’un dialogue urgent pour apaiser les tensions et éviter un embrasement total.