Accord sur la vie chère en Martinique : une avancée fragile sans l’appui du RPPRAC

Après des semaines de négociations intenses sur la crise de la vie chère en Martinique, un accord a enfin été signé ce mercredi 16 octobre, mais sans l’approbation du RPPRAC (Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro-Caribéennes). Cet accord, qui engage plusieurs acteurs économiques et politiques de l’île, vise à réduire les prix de produits alimentaires et à renforcer la transparence des pratiques commerciales.

Des mesures pour soulager les consommateurs

L’accord prévoit une baisse de 20 % des prix de 6000 produits alimentaires essentiels, couvrant notamment 54 familles de produits de grande consommation. Ce résultat repose sur cinq mesures structurelles, incluant la suppression de la TVA et de l’octroi de mer pour certains produits. Ces efforts devraient alléger le coût de la vie pour les foyers martiniquais dans les semaines à venir.

Parmi les engagements pris, l’État et la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM) se sont accordés pour porter la TVA à taux nul sur 69 familles de produits. De plus, un mécanisme de « compensation des frais d’approche » sera mis en place pour réduire les coûts d’importation, assurant une plus grande accessibilité des denrées importées.

Soutien à l’autonomie alimentaire et à la production locale

Une des priorités de l’accord est de soutenir la production agricole locale, avec un financement étatique de 2 millions d’euros prévu pour une expérimentation de trois ans. L’objectif est d’accompagner les agriculteurs dans leur transition agro-écologique, tout en stimulant l’autonomie alimentaire de l’île.

Un désaccord persistant

Malgré ces avancées, le RPPRAC a refusé de signer l’accord, estimant que les mesures prises ne vont pas assez loin. L’association exigeait une baisse des prix sur l’ensemble des produits alimentaires, soit environ 40 000 références. Ce point de divergence reste un obstacle majeur à un retour à l’apaisement.

Rodrigue Petitot, leader du RPPRAC, a exprimé sa frustration devant ses partisans, déclarant que le combat continuerait tant que le gouvernement ne répondrait pas à leurs revendications. L’association appelle à l’intensification des blocages et à une mobilisation plus large en Guadeloupe et en Guyane.

Des perspectives incertaines

Alors que les autorités se félicitent des avancées réalisées, la menace d’une escalade sociale persiste. Le RPPRAC continue d’exiger la venue du ministre des Outre-mer, François-Noël Buffet, pour résoudre ce qu’il considère être un échec des négociations locales.

Dans ce contexte tendu, l’avenir des négociations reste incertain, et les prochains jours seront déterminants pour évaluer si l’accord signé pourra effectivement atténuer la crise sociale qui secoue la Martinique.

*******

Communiqué de presse de la Préfecture

Mercredi 16 octobre 2024, M. Jean-Christophe Bouvier, préfet de Martinique, M. Serge Letchimy, président du conseil exécutif de la Collectivité Territoriale de la Martinique, les parlementaires, l’observatoire des prix, des marges et des revenus, les socioprofessionnels et les représentants du monde économique (importateurs grossistes, distributeurs, Grand Port Maritime, CMA-CGM) ont signé un protocole d’objectifs et de moyens de lutte contre la vie chère.

Ce protocole a pour triple objectif de (1) faire baisser les prix des produits alimentaires, (2) augmenter la transparence et renforcer les contrôles dans la constitution des prix de l’ensemble des produits consommés en Martinique, et (3) doper la production alimentaire locale ainsi que le développement économique de la Martinique.

L’accumulation des efforts collectifs prévus dans le protocole permettra aux hypermarchés de procéder à une réduction de 20 % en moyenne des prix de vente actuellement pratiqués sur une liste de 54 familles de produits correspondant aux produits alimentaires les plus consommés en Martinique.

La baisse durable des prix de l’alimentaire résultera notamment, parmi d’autres, de l’entrée en vigueur de cinq grandes mesures de baisses structurelles des coûts d’achat et d’acheminement des 6000 produits alimentaires importés les plus consommés en Martinique, ainsi que d’un engagement ferme et obligatoire des grands distributeurs de réduire significativement leurs marges sur la vente de ces produits.

Parmi ces cinq grandes mesures, l’État et la CTM portent l’engagement de baisses fiscales, en portant à taux nul la TVA , d’une part, et l’octroi de mer d’autre part. Ces baisses porteront, dans les deux cas, sur 54 familles de produits (pâtes, lait, beurre, haricots rouges, fromage, etc.). S’agissant de la TVA à taux nul, l’État a souhaité étendre cette mesure jusqu’à 69 familles de produits, comprenant, en plus, des produits de grande consommation comme les pommes, les oranges ou les biscottes.

Les acteurs s’engagent également à renforcer la continuité territoriale en mettant en place un mécanisme de compensation des frais d’approche pour ces produits de consommation courante. L’objectif poursuivi est de réduire structurellement les coûts d’acheminement, depuis l’hexagone, des produits alimentaires.

Ce mécanisme sera abondé par des contributions des acteurs privés, notamment, mais aussi par l’État, qui précisera les conditions de sa participation financière. Par ailleurs, l’État a d’ores et déjà commencé à appuyer les distributeurs martiniquais dans leurs négociations auprès de leurs centrales d’achats européennes afin de diminuer les prix d’achats qu’elles pratiquent en revenant aux prix « exports » pour l’outre-mer.

De plus, les acteurs s’engagent à renforcer la transparence autour de la formation des prix, par une saisine de l’Autorité de la concurrence, une augmentation des contrôles effectués, l’introduction de nouvelles exigences de communication des marges et des sorties de caisse des distributeurs, le financement d’outils de comparaison ou le renforcement des moyens de l’Observatoire des Prix, des Marges et des Revenus (OPMR).

Enfin, les acteurs s’engagent à favoriser l’autonomie alimentaire et à soutenir la production locale. En particulier, l’État financera une expérimentation de trois ans portant sur une mesure de soutien à l’agriculture locale, pour les soutenir dans leur transition agro-écologique. L’enveloppe mobilisée est estimée au mieux à 2 millions d’euros dès 2025.

Ces mesures concrètes – obtenues grâce à l’investissement de chacun des acteurs – permettront de baisser durablement les prix alimentaires sur l’île.

Le Préfet de la Martinique salue également l’engagement de tous les signataires à appeler à une désescalade de la violence sur le territoire martiniquais

 

Communiqué de la CTM