Affaire Karine Gonnet : une présidente de tribunal au cœur d’une enquête pour détournement de fonds publics

Karine Gonnet, présidente du tribunal judiciaire de Fort-de-France et du conseil départemental d’accès au droit (CDAD) de Martinique, est au cœur d’une enquête judiciaire depuis mars dernier, portant sur des soupçons de corruption, détournement de fonds publics, prise illégale d’intérêts, trafic d’influence, complicité et recel. Cette enquête, menée par l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF), s’intéresse notamment à l’utilisation des fonds du CDAD sous la présidence de Mme Gonnet, qui auraient servi à des dépenses sans lien avec la mission de l’organisme, voire à des fins personnelles.

Les premières révélations sur cette affaire remontent à juillet, lorsque plusieurs perquisitions ont été effectuées au bureau de Mme Gonnet, ainsi qu’à ses domiciles en Martinique et en Île-de-France. Selon des sources proches de l’enquête, les enquêteurs épluchent des dépenses suspectes, telles qu’une fresque photographique de 100 000 euros, l’acquisition d’un véhicule 4×4 de 40 000 euros utilisé à titre personnel, ainsi que des frais d’avion, d’hôtel et de restaurant. Certaines de ces dépenses auraient été réalisées avec la carte bancaire du CDAD.

L’affaire aurait été déclenchée par une dénonciation de l’ancienne secrétaire générale du CDAD, Micheline Virgal, qui avait alerté par écrit les autorités judiciaires locales en début d’année. En réponse, le premier président de la cour d’appel de Fort-de-France, Laurent Sabatier, a saisi le ministère de la Justice, tandis que le procureur général a demandé l’ouverture d’une information judiciaire, maintenant sous la responsabilité des juges parisiens, dont Serge Tournaire.

L’avocat de Mme Gonnet, François Saint-Pierre, affirme que sa cliente est victime d’une « cabale » orchestrée par l’ancienne secrétaire générale, dans un contexte de conflit interne. Il déplore que les accusations aient été relayées sans vérification des faits et défend vigoureusement l’innocence de Mme Gonnet, qui n’a pas encore été mise en examen.

Malgré l’avancement des enquêtes, Mme Gonnet devrait bientôt être mutée dans une autre cour d’appel, quittant la Martinique. Son avocat se dit confiant que les procédures en cours finiront par rétablir la vérité sur cette affaire complexe.