Vaste escroquerie à la Sécurité sociale en Guyane : plus de 4 millions d’euros détournés

Une vaste escroquerie à la Sécurité sociale a été mise au jour en Guyane et en métropole, impliquant la société AZ DOM, spécialisée dans la fourniture de matériel médical à domicile. L’opération judiciaire, menée par l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp) et le Groupe interministériel de recherches (GIR), a révélé un préjudice de plus de 4 millions d’euros pour l’Assurance maladie. Le parquet de Fort-de-France a annoncé, le 26 septembre 2024, que plusieurs personnes, dont le dirigeant de la société, son épouse, des employés et des médecins complices, avaient été interpellées.

L’enquête, ouverte en 2022 par le parquet de Cayenne, a été confiée à la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Fort-de-France, compte tenu de la gravité des faits. Selon les premières conclusions, AZ DOM aurait bénéficié de prescriptions abusives émises par des médecins urgentistes de l’hôpital de Saint-Laurent-du-Maroni, permettant à la société de réclamer des remboursements injustifiés à la caisse générale de Sécurité sociale (CGSS).

L’escroquerie ne s’est pas limitée à la Guyane ; elle aurait touché de nombreux patients, dont des enfants, avec des prescriptions incohérentes présentant parfois des risques létaux. Lundi dernier, le dirigeant de la société et son épouse ont été mis en examen pour des charges graves, incluant l’exercice illégal de la profession de pharmacien, des escroqueries en bande organisée, et le blanchiment d’argent. Les médecins prescripteurs, quant à eux, sont poursuivis pour complicité d’escroquerie et mise en danger de la vie d’autrui. Tous les accusés ont été placés sous contrôle judiciaire, avec des mesures de cautionnement et des interdictions professionnelles.

Cette affaire soulève des questions sur la régulation des pratiques médicales et la protection des fonds publics, particulièrement dans des territoires éloignés comme la Guyane. Elle met également en lumière l’importance des contrôles renforcés pour prévenir ce type d’abus et garantir la sécurité des patients.