Hommage à Mona

21 septembre 2024 à 19h , place le la Mairie au Gros-Morne

Avec : Robert Mavounza, Michel Sauvage, Charles Millon Desvignes, Taylor Licide, Fulbert Adélaïde, Déborah, Magali e Puisard, Philippe Demarre, Manzl Krys, … accompagné pa le groupe Anzi Anzan
Infoline: 0696 024 652

Eugène Mona, de son vrai nom Georges Nilecam, est une figure emblématique de la musique martiniquaise, né le 13 juillet 1943 au Vauclin, au sud-est de la Martinique. Véritable chantre de l’identité créole, Mona(*) incarne un artiste aux multiples facettes : flûtiste virtuose, chanteur engagé et compositeur avant-gardiste. Surnommé « le Nègre debout » ou encore « l’homme aux pieds nus », il a su fédérer les sonorités traditionnelles de son île, tout en explorant de nouveaux horizons musicaux.

Un artiste créole universel
Mona se revendiquait comme un artiste profondément enraciné dans la culture créole, tout en ayant pour ambition de toucher l’universel. Sa musique reflète cet ancrage martiniquais, mêlant bèlè, haute-taille, biguine, mazurka et valse créole avec des influences de jazz, blues et musique classique. Avec sa flûte des Mornes, un instrument traditionnel martiniquais qu’il a appris auprès de Max Cilla, il unifiait les rythmes de l’île et les tambours traditionnels, y incluant même des sonorités tamoules. Dans un monde en pleine mutation, Mona a fait de sa musique un pont entre le passé et l’avenir, la tradition et la modernité.

Un parcours hors du commun
Originaire du sud, Mona s’installe très jeune dans la commune du Marigot, au nord de l’île, où il trouve son équilibre spirituel et artistique. Autodidacte, il remporte à 15 ans un concours de chant créole qui lance sa carrière. Déterminé et passionné, il fait évoluer la musique traditionnelle martiniquaise en y insufflant sa créativité débordante, ce qui le rend difficilement compréhensible pour certains de ses contemporains. Pourtant, son œuvre reste intemporelle, toujours d’actualité. Ses performances scéniques, intenses et hypnotiques, témoignaient de l’authenticité de son engagement et de son désir de communion avec le public.

Engagement culturel et social
Toute sa vie, Eugène Mona a combattu les injustices sociales et le colonialisme, se dressant comme un symbole de résistance face à l’aliénation culturelle. Sa musique portait les aspirations du peuple martiniquais, incitant à un retour aux racines et à une réappropriation de l’histoire créole. Engagé politiquement, il a mêlé son art à des réflexions sur les mœurs et les crises sociales, comme en témoigne sa chanson *La Chandelle* ou encore *Mi Lago* qui abordent des événements historiques de l’île.

Un héritage durable
Décédé tragiquement à l’âge de 48 ans en 1991, Mona laisse derrière lui un héritage colossal. Aimé et respecté par des intellectuels tels qu’Aimé Césaire, Patrick Chamoiseau et Raphaël Confiant, il a marqué les esprits non seulement par la profondeur de ses textes mais aussi par son approche unique de la musique créole. Sa discographie, comprenant des titres comme *Bwa Brilé*, *Chawa*, ou *Léspri 10*, continue d’influencer les nouvelles générations d’artistes. Son fils, Max Mona, perpétue aujourd’hui l’héritage musical de cette légende martiniquaise.

Eugène Mona, l’homme aux pieds nus, restera à jamais le symbole d’une Martinique fière de ses racines, mais ouverte à l’universel. Son œuvre continue de résonner, rappelant l’importance de l’identité culturelle dans un monde globalisé.

(*)Pourquoi « Mona » ?
Pendant son apprentissage en tant qu’ébéniste, il fait la connaissance d’une femme, qui a des enfants avec un certain M. Mona du quartier Plateforme au Marigot.
Dans la commune, cette aventure se sait rapidement et les amis de l’artiste, pour le taquiner le surnomme Mona.