Couleurs tendresse et fantaisie
— Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret. —
Entre des réminiscences de Picasso, de Matisse et des nostalgies de Cézanne, Baboo campe une peinture énergique aux confins du figuratif et de l’imaginaire.
Elle développe en plus et sans complexe un style partagé intuitivement entre différents courants artistiques tels que le Fauvisme, et le Futurisme, Elle en exprime toutes les qualités, sans s’égarer dans les pièges qu’ils .peuvent lui tendre. Si elle cherche à casser les perspectives par des cadrages audacieux, c’est pour mieux donner du relief et retenir le regard. Statiques ou animées, ses compositions dévoilent autant l’intimité que le mystère qui entoure ces personnages. Sa créativité débridée s’épanouit et s’exprime en lignes épurées figurant toujours le corps mis en exergue pour en définir toute la sensualité. C’est son style, sa manière de ressentir et de lâcher prise, de laisser vivre sa sensibilité dans ce territoire artistique. Ses sujets s’entremêlent dans un jeu de construction picturale qui donne cette impression de flotter dans une portion éternelle de beauté en même temps voilée et exprimée. On a parfois l’impression de pénétrer dans un univers personnel, quasi secret. Créer serait alors ce possible repli sur soi-même, un acte où le mouvement et la vision s’entendent sur un même plan. Une sorte de constat amusé des réalités les plus diverses de la femme, sans volonté critique, mais avec une vraie portée symbolique.
Une célébration de la femme.
Baboo nous met des étoiles dans les yeux en même temps que sur ses toiles. Sa « Nuit étoilée » entre autres où à travers le corps féminin on devine tout un univers, une voie lactée, une cosmogonie : origine du monde. L’influence de Matisse se fait sentir quant à ses personnages bleus ou rouges aux formes douces et postures alanguies ou réfléchies. Il y a là comme une célébration de la femme. Car il s’agit bien de femmes que Baboo peint dans leur plus simple nudité. La femme est au cœur de son travail quand elle se fait charnelle, ou mystère des origines comme dans « Matrice » où une femme enceinte agenouillée rappelle les vénus préhistoriques callipyges. On peut même dire que les femmes sont mises en scènes avec application de façon presque graphique, comme s’il s’agissait de personnages de théâtre. On se prend à rêver debout devant ses peintures à la palette riche et fournie. Des teintes pastelles ou acidulées comme des bonbons de notre enfance nous emplissent d’une nostalgie tendre sucrée. Sa « Marchande de rêve » nous conduit au creux de la forêt de nos souvenirs, vers un ailleurs indéterminé.
Pratique :
Lâcher- prise
Une exposition de Baboo
Illustrée par des textes de Louvinia Gros-Dubois
Et avec en invités So’, Stéphane Jarrin alias Le Doc .
Hall de l’Atrium
Du 3 au 29 mars 2014
Entrée libre
Information : 05. 96. 60. 88. 20.
Baboo : 06. 96.29. 30. 30.
Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret.
Texte paru dans France Antilles.