La consommation de produits alimentaires respectueux de l’environnement varie selon le budget des foyers relève une récente enquête. Privilégier une alimentation limitant l’impact environnemental est plus répandu dans les catégories sociales aisées qui peuvent absorber le surcoût de ces produits, notamment en période d’inflation.
« Entre 2021 et 2023, les aspirations à consommer des produits alimentaires impactant moins l’environnement ont particulièrement diminué », constate une enquête du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc), publiée en juin 2024. Le document analyse notamment :
- le lien entre comportements alimentaires limitant l’impact sur l’environnement et composition socio-démographique ;
- l’évolution de ces comportements en période d’inflation.
Les catégories sociales aisées achètent davantage de produits bio, locaux, de saison
Le souhait de limiter l’impact des aliments sur l’environnement existe dans toutes les classes socio-économiques. Mais, l’enquête du Crédoc montre des écarts entre trois groupes d’individus selon leurs comportements alimentaires :
- les personnes ayant plutôt un diplôme supérieur à Bac+2 et appartenant à des ménages aisées qui ont des comportements alimentaires impactant moins l’environnement (les « engagés ») ;
- les personnes des classes moyennes qui souhaitent consommer mieux mais ne le font pas faute de moyens (les « empêchés ») ;
- les individus qui disposent de revenus plus faibles et qui sont « en retrait par rapport à l’impact sur l’environnement que pourrait avoir leur consommation alimentaire » (les « éloignés »).
Le Crédoc montre que « certaines aspirations à consommer des produits limitant l’impact de l’alimentation sur l’environnement sont plus fréquentes chez les catégories sociales aisées ». Une consommation respectueuse de l’environnement (produits bio, de saison, locaux, sans huile de palme ou pêche durable, notamment) est en effet plus coûteuse et nécessite des revenus élevés. Les cadres et les professions libérales et intellectuelles supérieures fréquentent davantage les magasins bio, de vrac ou de vente directe que les autres catégories socioprofessionnelles (40% des ouvriers ne consomment jamais de produits bio, contre 11% des cadres). Les ménages qui ont un budget plus faible privilégient les produits préservant la biodiversité ou ayant peu d’emballages.
Impact carbone plus fort avec des revenus élevés
L’impact carbone de l’alimentation varie selon :
- le niveau de revenu : l’impact augmente avec le niveau de revenu ou le budget alimentaire ;
- l’âge : l’impact est plus faible chez les jeunes ;
- la catégorie socioprofessionnelle : les ouvriers et professions intermédiaires ont un impact plus important.
L’alimentation des personnes les plus aisées a un impact carbone plus fort que celle des individus au budget restreint. La cause : une plus grande consommation de viande et de produits frais.
Agriculture bio : une filière en stagnation en 2023
Des pratiques écologiques sans coût supplémentaire
Les ménages les plus modestes aspirent aussi à « limiter l’impact de l’alimentation sur l’environnement », souligne le Crédoc. Réduire le gaspillage, faire son compost, congeler les restes alimentaires… Certaines attitudes qui ne nécessitent pas de surcoût pour les personnes peuvent également préserver l’environnement.
Contrairement à l’achat de produits de type bio ou de production locale, ces comportements sont stables. Les écarts entre catégories sociales sont moindres. La hausse des prix a ralenti l’achat de produits de qualité, sans avoir de répercussion sur les comportements durables non onéreux.
Certaines attitudes ne sont pas plus fréquentes chez les plus aisés que chez les autres : par exemple, 74% des employés et 65% des ouvriers déclarent congeler leurs restes alimentaires. Cette pratique est par ailleurs privilégiée par les ménages plus jeunes : 76% des 15-24 ans y recourent en 2023.
Source : Vie-Publique