Niveau de revenu et satisfaction dans la vie : combien faut-il gagner selon l’Insee ?

L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a réalisé une étude pour déterminer s’il existe un niveau de revenu à partir duquel l’argent ne contribue plus au bien-être ressenti. Pour la France, ce seuil est estimé à 30 000 euros par an pour une personne seule selon l’Insee.

Dans cette étude parue le 10 juin 2024, l’Insee explore le lien entre l’argent et le bonheur. En s’appuyant sur des enquêtes sur la satisfaction de la vie et le bien-être émotionnel, l’étude identifie des « seuils de satiété » pour cinq pays (France, Allemagne, Royaume-Uni, États-Unis et Australie).

Des seuils de satiété différents selon les pays

L’étude de l’Insee identifie un seuil de satiété pour la satisfaction dans la vie de 30 000 euros de revenus annuels pour une personne seule en France, 40 000 euros en Allemagne, 45 000 euros au Royaume-Uni, 60 000 euros en Australie et 80 000 euros aux États-Unis. Au-delà de ces seuils, l’augmentation des revenus n’améliore plus significativement la satisfaction de vie, sauf en Australie et aux États-Unis où elle continue de croître à un rythme réduit.

En France, la satisfaction dans la vie s’est élevée à 7,3 sur 10 en moyenne entre 2010 et 2019. Sous le seuil de satiété, les baisses de revenus affectent davantage la satisfaction de vie que les augmentations ne l’améliorent.

L’étude note des différences selon l’âge, la zone d’habitation ou encore la situation familiale. Ainsi, les niveaux les plus élevés de satiété (entre 30 000 et 32 000 euros) se retrouvent chez les plus de 67 ans, les personnes vivant en Ile-de-France ou plus généralement dans les zones de densité urbaine élevée. Les niveaux les plus bas (entre 24 000 et 26 000 euros) concernent les familles monoparentales, les 43-54 ans, les personnes vivant dans des petites communes et celle qui déclarent moins de 30 heures travaillées par semaine.

La plupart des aspects importants de la vie quotidienne, comme les loisirs, la santé et l’intégration sociale, montrent des seuils de satiété. Deux domaines font exception : la satisfaction par rapport au logement et à l’emploi occupé augmente avec le revenu au-delà du seuil de satiété.

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Les facteurs non monétaires du bien-être

La satiété pour le bien-être émotionnel s’établit à un niveau inférieur à la satisfaction de vie, situé entre 25 000 et 30 000 euros. Certains sentiments négatifs, tels que la solitude, le pessimisme et la nervosité diminuent nettement à mesure que le revenu augmente, jusqu’à un seuil situé entre 30 000 et 40 000 euros. Le sentiment de dépression diminue avec l’augmentation du revenu jusqu’à environ 31 000 euros, mais tend à augmenter au-delà de ce seuil.

Le fait de vivre seul, les problèmes de santé et l’exposition à la pollution ont le même effet négatif sur le bien-être que l’on soit au-dessus ou en-dessous du seuil de satiété. En revanche, le chômage, le sentiment d’insécurité et la pression au travail ont un effet négatif plus important lorsque le revenu est inférieur au seuil de satiété.

Les personnes dont le revenu est au-dessus du seuil de satiété sont prêtes à consacrer entre 50% et 95% de leur revenu pour ne plus subir une situation défavorable, comparé à 25% à 65% pour celles en dessous du seuil de satiété. Les problèmes de santé sont la priorité, avec une disposition à payer de 8,3% du revenu disponible des ménages. Viennent ensuite la solitude (4,8%) et la pression au travail (3,2%).

Par : La Rédaction de Vie-Public