— Par Jean Samblé —
En 2024, le taux de chômage mondial devrait légèrement diminuer, selon le rapport « Perspectives sociales et de l’emploi dans le monde » de l’Organisation internationale du Travail (OIT). Le taux de chômage global s’établira à 4,9 %, contre 5,0 % en 2023, une révision à la baisse par rapport aux prévisions antérieures qui estimaient ce taux à 5,2 %. Toutefois, cette tendance à la baisse devrait se stabiliser en 2025.
Malgré cette diminution, le rapport met en lumière des inégalités persistantes sur le marché du travail, en particulier pour les femmes dans les pays à faible revenu. Gilbert F. Houngbo, Directeur général de l’OIT, souligne les défis importants qui subsistent : « Malgré nos efforts pour réduire les inégalités dans le monde, le marché du travail reste inégal, en particulier pour les femmes. » Le déficit d’emplois, qui mesure le nombre de personnes sans emploi mais souhaitant travailler, atteindra 402 millions en 2024, dont 183 millions de chômeurs.
Les femmes sont particulièrement touchées par ce manque d’opportunités. Dans les pays à faible revenu, le déficit d’emplois pour les femmes est de 22,8 %, contre 15,3 % pour les hommes. Dans les pays à revenu élevé, ces chiffres sont respectivement de 9,7 % et 7,3 %. De plus, les femmes sont souvent complètement détachées du marché du travail en raison de responsabilités familiales. Au niveau mondial, seulement 45,6 % des femmes en âge de travailler auront un emploi en 2024, contre 69,2 % des hommes.
Même lorsqu’elles sont employées, les femmes gagnent généralement beaucoup moins que les hommes, en particulier dans les pays à faible revenu. Dans ces pays, les femmes gagnent en moyenne 44 cents pour chaque dollar gagné par un homme, contre 73 cents dans les pays à revenu élevé.
Par ailleurs, le rapport de l’OIT note un ralentissement des progrès en matière de réduction de la pauvreté et de l’informalité depuis l’adoption de l’Agenda 2030 pour le développement durable en 2015. Le nombre de travailleurs occupant un emploi informel est passé de 1,7 milliard en 2005 à 2,0 milliards en 2024. Pour atteindre les objectifs de développement durable, l’OIT appelle à une « approche globale » pour réduire la pauvreté et les inégalités.
Dans ce contexte, l’OIT insiste sur la nécessité de politiques inclusives et de justice sociale pour garantir une reprise durable et équitable. « Nous devons placer l’inclusion et la justice sociale au cœur de nos politiques et de nos institutions. Sans cela, nous n’atteindrons pas notre objectif de garantir un développement fort et inclusif, » a conclu Gilbert F. Houngbo.
En France, la situation est également préoccupante. Les derniers résultats indiquent une quasi-stabilité du taux de chômage à 7,5 % début 2024. Cependant, la croissance économique poussive et les défis dans le secteur du BTP pourraient entraîner une hausse du chômage d’ici la fin de l’année.