Trois jours après sa création le le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) est déjà en crise!
— Par Jean Samblé —
Depuis le tumulte qui a secoué les fondations de la politique haïtienne, une lueur d’espoir semble percer les nuages d’incertitude. Dans les coulisses du pouvoir, où les alliances se font et se défont, une possible issue à la crise qui étreint le pays émerge timidement.
La semaine dernière, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) avait jeté le pays dans une confusion totale en désignant, sans consultation publique ni scrutin, le Président du groupe ainsi que le Premier ministre. Une décision qui avait provoqué un tollé parmi les membres du Conseil et la population haïtienne, laissant planer un lourd poids d’illégitimité sur les épaules du nouveau gouvernement.
Cependant, les récentes nouvelles semblent indiquer un revirement dans la tempête politique qui gronde. Les quatre membres majoritaires du CPT, à l’origine de la nomination controversée, ont accepté de faire marche arrière. Ils ont convenu de choisir le leader du gouvernement de transition parmi une liste de candidats, conformément aux accords préalablement établis le 3 avril dernier. Fritz Bélizaire, nommé Premier ministre dans l’ombre des manigances politiques, se retrouve ainsi évincé de la course au leadership.
Cependant, la question du mode de désignation reste épineuse. Les trois membres minoritaires du Conseil présidentiel, qui ont été ignorés lors de la précédente nomination, réclament désormais que toute décision majeure engageant la nation soit soumise à une majorité qualifiée de cinq voix sur sept. Ils craignent ainsi toute captation de l’État par un groupe restreint, préservant ainsi l’équilibre des forces politiques en présence.
Pendant que les arcanes du pouvoir s’agitent, un autre aspect sombre de la réalité haïtienne est mis en lumière par une enquête troublante menée par Ayibopost. Au cœur du Village de Dieu, où la terreur des gangs a contraint des milliers de personnes à fuir leurs foyers dévastés, émergent des constructions luxueuses. Ces palais opulents, surgissant des ruines, sont le symbole flagrant du contraste entre les discours populistes des chefs de gangs et leurs actions véritables. Parmi ces nouvelles demeures, trône celle du chef de gang « Izo », figure richissime et controversée dont le faste contraste avec la misère endurée par tant de ses concitoyens.
Alors que le pays est plongé dans une crise politique sans précédent, cette révélation met en exergue les maux profonds qui rongent les fondations mêmes de la société haïtienne. Dans l’attente d’une résolution à la crise politique et sociale qui menace de déchirer davantage le tissu national, Haïti demeure suspendue entre espoir et désespoir, tiraillée entre les aspirations de son peuple et les ambitions de ses élites politiques et criminelles.