… ne faudrait-il pas dire la vérité aux populations?
— Par Jean-Marie Nol, économiste —
La Guadeloupe et la Martinique, îles fragilisées par la vie chère exacerbée par la crise inflationniste et le chômage de masse, ne sont pas à l’abri des secousses économiques, technologiques, climatique et sociales qui agitent le monde. Alors que les crises se multiplient et que les déséquilibres financiers de l’État français se font sentir de manière alarmante, l’urgence d’une reconstruction économique et sociétale à l’aide d’un nouveau modèle de développement se fait de plus en plus pressante. Dans ce contexte d’incertitude, où les contours de l’avenir semblent flous, la métaphore de la roue qui tourne résonne comme un avertissement. L’expression « la roue tourne » que nous avons précédemment qualifié dans un autre article, rappelle avec force la volatilité des succès et des échecs, et nous met en garde contre l’illusion de stabilité dans laquelle nous pourrions nous complaire dans une éventuelle recherche de solutions dans une évolution institutionnelle.
Nous allons bientôt être confrontés de façon pratique à la mutation déjà en cours de la société dont nous ne soupçonnons pas les tenants et aboutissants, alors ne faudrait – il pas dire toute la vérité aux guadeloupéens et Martiniquais ?
Dans un monde en constante évolution, marqué par des mutations sociétales, technologiques, économiques, sociales et climatiques, il est impératif que les politiques publiques s’adaptent à ce changement de paradigme. Les défis auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui exigent de nos élus non pas de la démagogie mais des réponses novatrices et intégrées, qui prennent en compte la complexité des enjeux et la diversité des acteurs concernés par un inéluctable changement de cap à horizon 2030. La mutation sociétale, tout d’abord, renvoie aux transformations profondes qui affectent les valeurs, les comportements et les aspirations des individus au sein de la société. Il faut dire la vérité aux guadeloupéens et Martiniquais que plus rien ne sera comme avant, et que c’est la société antillaise qui connait une mutation entre autre avec la révolution technologique. Plus rien de tangible ne peut arrêter la dégradation des finances publiques,la violence, la délinquance,les effets délétères de l’immigration, et le développement des trafics dans une société française de type archipel et fracturée par la question de la crise identitaire. Par conséquent l’une des réponses parmi les plus plausibles à l’heure actuelle, est celle du retour de l’autorité, et donc forcément l’on risque de se diriger tout droit avec le phénomène de la poussée de partis extrémistes et populistes à l’émergence d’un régime autoritaire pour ne pas dire dictatorial en France . Cet élément étant à prendre en considération car il se situe dans l’ère du temps. Et par ailleurs, je me dois de souligner que seule l’appartenance de la France à l’union européenne sera en mesure de freiner voire d’empêcher cette dérive ultra autoritaire. L’émergence de nouvelles formes de communication, la montée en puissance des réseaux sociaux et la remise en question des modèles traditionnels de travail et de consommation sont autant de manifestations de cette mutation et de facteurs incitant à une reprise en main autoritaire de la société française. Pour contrer cette funeste hypothèse d’école, mais non moins réaliste au regard de l’histoire des peuples, les politiques publiques doivent donc être attentives à ces évolutions et proposer des solutions qui répondent aux attentes et aux besoins des citoyens dans ce nouveau contexte de fracture sociale et d’un terrain propice à la multiplication des conflits sociaux et de déstructuration de la vie familiale.
En parallèle, la révolution technologique en cours bouleverse les fondements mêmes de nos sociétés. L’avènement de l’intelligence artificielle, de la robotique, de la blockchain et d’autres technologies émergentes ouvre de nouvelles perspectives, mais pose également des défis en termes d’emploi, de protection des données personnelles et de sécurité. Les politiques publiques doivent accompagner cette transition numérique en garantissant un accès équitable aux nouvelles technologies, en régulant leur utilisation et en anticipant les impacts sur l’emploi et les compétences notamment en révolutionnant le secteur de l’éducation et surtout celui de la formation continue tout au long de la vie professionnelle.
Sur le plan économique, les mutations en cours redéfinissent les équilibres mondiaux et remettent en question non seulement les modèles de croissance traditionnels mais également la thématique du protectionnisme et de la gouvernance des pays. La notion de politique d’autodétermination de petits pays qu’ils soient déjà indépendants ou non est d’ores et déjà frappé d’obsolescence rapide dans cette nouvelle configuration géopolitique. La mondialisation, la montée en puissance des économies émergentes, la transition vers une économie circulaire et la prise en compte des enjeux environnementaux dans l’exploitation des ressources minières marines sont autant de défis que doivent relever les politiques publiques de ces petits pays comme la Guadeloupe et la Martinique pour assurer la prospérité et la durabilité de leurs sociétés par trop assistées.
En matière sociale, les mutations observées se traduisent par des transformations profondes dans les domaines de l’éducation, de la santé, de la protection sociale et de la solidarité. Les politiques publiques doivent promouvoir l’inclusion sociale, l’égalité des chances et la lutte contre les discriminations, tout en s’adaptant aux nouveaux modes de vie et aux besoins émergents de la population.Enfin, la mutation climatique représente l’un des défis les plus pressants auxquels l’humanité est confrontée. Le réchauffement climatique, la perte de biodiversité, la pollution et les catastrophes naturelles exigent des politiques publiques ambitieuses et coordonnées pour limiter les émissions de gaz à effet de serre, favoriser la transition énergétique et préserver les écosystèmes fragiles de notre planète.Face à cette multiplicité de mutations, il apparaît clairement que les politiques publiques ne peuvent plus être conçues de manière sectorielle et cloisonnée. Elles doivent au contraire adopter une approche transversale et intégrée, qui prenne en compte l’ensemble des dimensions de la société et qui favorise la coopération entre les différents acteurs concernés.Dans ce contexte, de nouvelles thématiques émergent et bouleversent la pratique de la politique. La gouvernance participative, la démocratie numérique, la justice climatique, l’économie collaborative et la responsabilité sociale des entreprises sont autant de domaines qui doivent être intégrés dans les politiques publiques pour répondre aux défis du XXIe siècle. Le décor étant maintenant campé, il nous appartient d’aller plus loin et plus en détail dans l’analyse des données et faits qui vont bouleverser notre existence à brève échéance. Dans un premier temps, par exemple ignorer la réalité économique actuelle, marquée par un endettement croissant tant au niveau public que privé, serait une erreur fatale. La dette publique, autrefois symbole de progrès et de construction, est devenue le symbole d’un navire qui prend l’eau, mettant en péril les classes moyennes et fragilisant les jeunes générations. La société antillaise, comme celle de la France hexagonale, est en pleine mutation, propulsée par la révolution technologique du numérique et de l’intelligence artificielle. l’IA va changer le monde et d’ailleurs il est en plein essor et aura largement le potentiel de transformer la société Guadeloupéenne et plus encore Martiniquaise. Il peut être utilisé pour automatiser des tâches, créer de nouveaux produits et faire le travail des humains. Avec l’augmentation constante des données disponibles au sein des entreprises, les modes traditionnels de traitement et d’analyse sont devenus aujourd’hui inadaptés. Aujourd’hui,
L’IA a la capacité de créer des produits plus sûrs, plus efficaces et plus créatifs. Mais le danger réside dans le fait que l’intelligence artificielle peut remplacer l’homme. L’un des exemples les plus concrets de l’utilisation de l’IA pour remplacer l’homme est l’automatisation des emplois. Dans certains secteurs comme l’industrie, le secteur d’activité tertiaire ou la logistique, les robots sont déjà utilisés pour effectuer des tâches à la place des travailleurs.L’IA générative pourrait menacer 300 millions d’emplois : Le scénario d’une intelligence artificielle révolutionnaire qui va bouleverser le marché du travail se repose avec l’émergence des IA génératives.
L’IA générative, un type d’intelligence artificielle capable de générer du texte ou d’autres contenus en réponse à des demandes d’utilisateurs, a vu sa popularité exploser ces derniers mois. Le lancement en novembre du ChatGPT d’OpenAI, un chatbot construit sur une puissante IA a conduit l’établissement bancaire Goldman Sachs à étudier les effets de ces technologies sur le marché du travail. Les résultats ont de quoi inquiéter les salariés. Sur la base d’une analyse menée auprès d’actifs aux États-Unis et en Europe, la firme estime en effet que l’IA générative pourrait impacter 300 millions d’emplois à temps plein sur les deux continents si les techniques d’automatisation se montrent à la hauteur des capacités qu’elles promettent. Citant une étude selon laquelle 60 % de la main-d’œuvre exerce des professions qui n’existaient pas en 1940, le rapport prévoit qu’un quart de toutes les tâches effectuées aux États-Unis et en Europe pourraient être automatisées par l’IA. A noter toutefois qu’aux Antilles ce serait un tiers des emplois administratifs qui seront les plus menacés.
Dans la zone euro, les postes les plus concernés par un remplacement seraient les fonctions administratives, et du support (45%), les cadres et les métiers qualifiés comme le juridique (34 %), les techniciens (31%) et les dirigeants (29%).
Ainsi on le voit à l’instar de l’intelligence artificielle,les autres défis sont multiples : jeunesse en quête de perspectives d’avenir, insécurité croissante, développement des trafics illicites, mais aussi dégradation de la conjoncture économique et sociale. La question se pose aussi avec acuité pour la nouvelle problématique du changement climatique : la Roue du destin va-t-elle s’emballer, précipitant le pays vers le chaos, ou au contraire se stabiliser, offrant une lueur d’espoir dans l’obscurité ?
Pour répondre à cette question cruciale, il est impératif d’adopter une approche proactive et audacieuse pour combattre les effets délétères du changement climatique. Les parlementaires s’inquiètent déjà d’une « montée des tensions et « de la radicalisation de certains écologistes sur la question climatique à cause des causes et les conséquences du changement climatique.
Voilà les Effets du changement climatique :
-Températures plus élevées…
-Tempêtes plus violentes…
-Augmentation des sécheresses…
-Réchauffement et montée des océans…
-Disparition d’espèces…
-Pénuries de denrées alimentaires…
-Accroissement des risques sanitaires…
-Pauvreté et déplacements de populations.
L’on peut déjà noter une inquiétude croissante face à la radicalisation liée au changement climatique. Des experts de plus en plus nombreux ont récemment exprimé leur préoccupation face à ce qu’ils ont qualifié de « montée des tensions » et de « radicalisation » au sein du mouvement écologiste, en lien avec les causes et les conséquences du changement climatique. Alors que les effets dévastateurs de ce phénomène se font de plus en plus ressentir à travers le monde, les réponses politiques et sociales sont plus que jamais scrutées et parfois contestées.Les signaux d’alarme sont nombreux et alarmants. Les températures mondiales sont en constante augmentation, entraînant des vagues de chaleur extrêmes et des canicules de plus en plus fréquentes. Les tempêtes et cyclones sont plus violents et plus destructeurs, dévastant des régions entières et mettant en péril la vie de millions de personnes. Les sécheresses s’intensifient, provoquant des crises hydriques majeures et menaçant les ressources en eau potable de nombreuses populations.Le réchauffement climatique s’accompagne également d’une montée des océans, due à la fonte des glaciers et des calottes glaciaires. Les îles et les littoraux sont les premiers touchés, subissant des inondations récurrentes et une érosion côtière accélérée. La disparition d’espèces animales et végétales s’accélère, menaçant l’équilibre des écosystèmes et la biodiversité de la planète.Les conséquences du changement climatique ne se limitent pas à l’environnement. Elles ont également un impact direct sur la sécurité alimentaire mondiale, avec des pénuries croissantes de denrées alimentaires de base telles que les céréales, les fruits et les légumes. Les risques sanitaires augmentent, avec la propagation de maladies infectieuses telles que le paludisme et la dengue, favorisées par les conditions climatiques propices à la prolifération des vecteurs.En outre, le changement climatique est un facteur majeur de pauvreté et de déplacements de populations. Les communautés les plus vulnérables, souvent situées dans les régions les plus affectées par les phénomènes climatiques extrêmes, se retrouvent confrontées à des conditions de vie de plus en plus difficiles, poussant certains à migrer vers des zones plus sûres.Face à cette crise climatique sans précédent, de nombreux écologistes ont adopté une posture de plus en plus radicale, estimant que les actions politiques et sociales actuelles sont insuffisantes pour faire face à l’urgence climatique. Certains ont recours à des actions directes et à la désobéissance civile pour attirer l’attention sur l’urgence de la situation et faire pression sur les gouvernements et les entreprises pour qu’ils prennent des mesures plus ambitieuses en matière de lutte contre le changement climatique.Cette radicalisation notamment en Martinique inquiète les parlementaires, qui craignent qu’elle ne conduise à une polarisation de la société et à une escalade des tensions. Ils appellent à un dialogue constructif et à une collaboration entre les différents acteurs de la société, afin de trouver des solutions durables et équilibrées pour faire face au défi climatique.
Cependant, malgré ces préoccupations, il est essentiel de reconnaître que le changement climatique est une réalité incontestable et que ses effets se font déjà sentir à l’échelle mondiale mais également dans la région Caraïbe. Ainsi les experts prévoient une saison cyclonique hyperactive sans précédent dans l’Atlantique en 2024 !… À quoi s’attendre en Guadeloupe et Martinique ?
L’équipe de recherche dirigée par le climatologue Michael Mann prévoit une fourchette de 27 à 39 tempêtes nommées, la meilleure estimation étant de 33, ce qui représenterait un réel danger pour les infrastructures et personnes. En effet, Michael Mann, prévoit que la prochaine saison des ouragans dans l’Atlantique produira le nombre le plus élevé de tempêtes nommées jamais enregistré, stimulé par des eaux océaniques exceptionnellement chaudes et un changement de phase attendu de El Niño à La Niña. Par ailleurs l’érosion naturelle et la montée du niveau de la mer causée par le réchauffement climatique touche déjà le département de la Guadeloupe qui est le plus touché de l’outre-mer. Selon la dernière étude du Centre d’études et d’expertises sur les risques, la mobilité et l’aménagement (Cerema), d’ici 2050 plus de 5 000 logements deviendraient inhabitables . L’archipel des Antilles concentre à lui seul plus de 10% des logements menacés et plusieurs communes sont d’ores et déjà concernées. À Petit-Bourg, en Guadeloupe par exemple, face à l’avancée de la mer, une trentaine de familles ont déjà dû être relogées. Il est donc impératif d’agir rapidement et de manière décisive pour limiter les émissions de gaz à effet de serre et atténuer les effets du changement climatique sur notre planète.En fait, la radicalisation de certains écologistes témoigne de l’urgence de la situation climatique et de la nécessité d’agir rapidement pour y faire face. Les Antilles sont appelés à jouer un rôle clé dans la recherche de solutions équilibrées et durables pour répondre à ce défi majeur du XXIe siècle.La reconstruction de la Guadeloupe passe par une réforme structurelle profonde, visant à rétablir l’équilibre des finances locales, à renforcer la cohésion sociale et à anticiper les défis de demain. Les réformes drastiques de la dépense publique sont incontournables, mais elles doivent être menées avec discernement, en tenant compte des spécificités de l’île et des besoins de sa population. Investir dans l’éducation, la formation professionnelle et la recherche est également essentiel pour doter les Guadeloupéens des compétences nécessaires pour prospérer dans une économie en mutation. Enfin, la lutte contre les inégalités sociales et territoriales doit être placée au cœur de l’action publique, afin de restaurer la confiance des citoyens et de renforcer le tissu social.Il est temps de repenser nos stratégies et de construire un avenir plus solide et plus juste pour tous les Guadeloupéens. Cela passe par un grand plan de restructuration économique, incluant une décentralisation accrue dans le cadre de l’article 73 de la constitution et une transition vers un nouveau modèle économique et social. Se contenter de rustines temporaires serait une erreur, car les défis auxquels nous sommes confrontés sont profonds et complexes.La Guadeloupe est à un tournant décisif de son histoire. Seule une action résolue et concertée permettra d’amorcer une véritable reconstruction, ancrée dans les valeurs de solidarité, d’équité et de progrès. Mais cette responsabilité ne repose pas uniquement sur les épaules des élus locaux : c’est l’affaire de l’ensemble des citoyens de la Guadeloupe. Et les élus locaux se doivent de passer à une démarche prospective et d’intégrer dans l’ensemble de leurs réflexions l’impact des mutations sus – décrites par nos soins. Toute approche intellectuelle même idéologique de l’évolution statutaire ou institutionnelle devrait tenir compte de cette nouvelle donne du changement brutal de situation de la société antillaise sous l’effet des mutations. Et sur ce plan précis je pense notamment à la fusion envisageable du département et de la région en Guadeloupe. Cela signifie à mes yeux une grave erreur de jugement que rien ne justifie en l’état.
En conjuguant nos efforts et en faisant preuve de courage et de détermination, nous pouvons stabiliser la roue qui tourne déjà, et construire ensemble un avenir meilleur pour notre île et ses habitants.Dans cette période de mutations sociétales, technologiques et écologiques, rappelons-nous cette expression créole : « Bannann jonn pa ka vini vèt. »
– traduction littérale : Les bananes jaunes ne deviennent pas vertes.
– moralité : Certaines évolutions sont irréversibles. On ne peut pas revenir en arrière.
Jean-Marie Nol, économiste