Analyse d’une œuvre de l’art contemporain… humour…

— Par Patrick Chamoiseau —
1 – L’artiste capture de manière saisissante un bain familial au bord de mer, sans doute pour signifier l’importance du rapport à l’écosystème naturel dans l’équilibre des rapports sociaux en général et familiaux en particulier. L’inextricable du rapport entre nature et culture semble aussi y être abordé.

2 – La démesure du soleil nous alerte sûrement sur l’effet thermique du changement climatique et l’urgente nécessité d’agir. Pour renforcer cela, elle nous montre un ciel vide, sans papillons, sans oiseaux, tout comme la plage et la mer dépourvues de toute faune, comme pour rappeler l’effondrement actuel de notre biodiversité.

3 – Toujours dans cet ordre d’idée, l’artiste choisit de représenter la mer de manière très inachevée, à demi gribouillée, pour signaler à coup sûr le ralentissement des grands courants marins, le blanchiment accéléré des coraux, et la disparition de la vie marine.

4 – Les personnages avancent dans l’eau ensemble, de manière un peu solennelle, forme allégorique de la solidarité humaine face aux effondrements inéluctables, mais les sourires sur les visages semblent vouloir ouvrir une espérance, et nous inciter à une prise de conscience affirmée dans l’action.

5 – A noter que les jambes des personnages sont très fines, manière pour l’artiste de dénoncer le manque d’exercice physique dont souffrent les populations du monde contemporain.

6 – A noter aussi que les personnages évoqués comme noirs semblent ne pas avoir de visage, ce qui suppose que l’artiste (d’inspiration décoloniale) dénonce la condition-nègre dans le monde, et proclame son soutien total à toutes les minorités opprimées.

7 – Le cocotier n’arbore que deux cocos, ce qui nous exhorte à réfléchir aux équilibres écosystémiques du litttoral, et à renforcer son couvert végétal.

8 – A noter que les personnages s’inscrivent sur un ciel vide, mais rempli d’amour. Sans doute pour signifier que tout est encore possible, que le pire n’est pas certain, et que l’on n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise.

9 – Je dirais, sans conclure, que nous sommes en présence d’une œuvre majeure de l’art contemporain de la Caraïbe, qui indique que la question climatique ne s’oppose pas aux urgences sociales et politiques, et que tout cela constitue desormais un seul et vaste défi.

P.C.

*****
***
*

Conjuration du mois de mai

 

— Par Patrick Chamoiseau —
Il nous faudrait
peut-être
mettre un genou à terre
lancer un « réciter »
déplier 3 vieux-gestes
pour que les fleurs de Mai
de la plante à-tous-maux
nous préservent
des vestiges coloniaux,
du règne capitaliste,
de notre crétinisme parlementaire
et de nos populismes obscurantistes.

En attendant — dyab pa dyab — il nous faut « Faire-Pays ».😜

Patrick CHAMOISEAU.