Samedi 30 mars 20h50 sur Arte, disponible sur le site.
Bison : une histoire de l’Amérique (1/2)
Mémoire de sang
Comment le bison, principale ressource des Amérindiens, fut exterminé au XIXe siècle puis sauvé de l’extinction au XXe. Cette nouvelle fresque historique de Ken Burns (« Vietnam ») retrace en filigrane la dépossession des peuples autochtones.
« Un vent froid a soufflé à travers la prairie quand le dernier bison est tombé, un vent de mort pour mon peuple », avait résumé dans les années 1880 Sitting Bull, grand chef des Lakota Hunkpapa et vainqueur du général Custer. Au début du XIXe siècle, la population de bisons dans les grandes plaines des États-Unis était estimée entre 30 et 50 millions de têtes. Mais il aura fallu moins d’un siècle pour que l’animal, essentiel depuis dix mille ans pour les peuples autochtones évoluant sur ces territoires (Kiowa, Comanches et Cheyennes au sud, Lakota, Salish, Kootenays, Mandan, Hidatsa et Blackfeet au nord), soit sur le point de s’éteindre. Chassé de son territoire par la conquête de l’Ouest, massacré pour fournir viande et fourrure, décimé par les maladies du bétail domestique et une série de sécheresses, il devient après l’arrivée du chemin de fer, dans les années 1870, une proie traquée pour son cuir très résistant, employé désormais pour la fabrication des courroies de machines industrielles. En une décennie, le nombre de bisons, réduit déjà à une douzaine de millions, chute à moins d’un millier. À l’aube du XXe siècle, en écho à la défaite traumatique des Amérindiens, dépossédés et massacrés, la disparition de cet animal totem, intimement lié à leur culture et à leur mode de vie, semble inéluctable.
Bison : une histoire de l’Amérique (2/2)
Le chemin d’une renaissance
Comment le bison, principale ressource des Amérindiens, fut exterminé au XIXe siècle puis sauvé de l’extinction au XXe. Second volet de cette fresque historique de Ken Burns : si la tragédie des peuples autochtones elle-même ne suscite pas autant d’émotion, l’extinction probable du bison à la fin du XIXe siècle va provoquer le sursaut d’une coalition inattendue de personnages…
Parmi ces personnages – dont certains « font ce qu’il y a à faire pour de mauvaises raisons » : un taxidermiste ambitieux, un naturaliste passionné, l’épouse d’un ancien chasseur de bisons et vétéran des « guerres indiennes » émue par la détresse des bisonneaux sans mère, des familles amérindiennes parvenant à constituer de petits troupeaux sur leur réserve du Dakota du Sud ou du Montana, un grand chef comanche ou encore un futur président, Theodore Roosevelt… Car l’animal est devenu paradoxalement l’un des emblèmes de la jeune nation états-unienne et de son territoire immense. Appuyés par les prémices d’une politique nationale de préservation de la nature (le parc de Yellowstone, première réserve naturelle créée aux États-Unis, est né en 1872), ces efforts conjoints vont permettre de sauver le bison d’Amérique, dont la population compte aujourd’hui quelque 350 000 individus.
Fantômes
Avec son habituel sens du récit et du détail, Ken Burns entrecroise témoignages, analyses et archives – lesquelles s’avèrent beaucoup plus riches, forcément, dans la seconde partie – pour retracer cette histoire méconnue, qui jusqu’à notre présent, confronté à la menace d’une extinction de masse, demeurait l’exemple le plus spectaculaire de l’appétit de la civilisation occidentale pour la destruction de son environnement. En filigrane, l’auteur de The War et ses interlocuteurs, dont nombre de descendants des tribus qui vécurent en osmose avec le bison, racontent la spoliation méthodique des « Native Americans », si longtemps occultée par l’histoire officielle. Une fresque poignante et captivante, qui fait revivre des personnages inoubliables et donne voix aux fantômes et aux vaincus de la légende de l’Ouest.
115mn X 2
Réalisation : Ken Burns
Pays : Etats-Unis
Année : 2023
Source : Arte
Partie 1