— Par Jean Samblé —
Emmanuel Macron, a entamé une visite cruciale de deux jours en Guyane, marquant son retour dans ce département d’outre-mer après une absence de plus de six ans. Cette visite, débutée le lundi 25 mars, revêt une importance particulière alors que la Guyane est confrontée à une série de défis complexes, allant de l’insécurité à l’enclavement territorial, en passant par des problèmes socio-économiques profonds.
Dès son arrivée sur le sol guyanais, Macron a cherché à établir un dialogue direct avec la population, exprimant son engagement à comprendre les réalités locales avec lucidité. Cependant, cette volonté de communication a rapidement été confrontée à des tensions palpables, illustrant les préoccupations et les attentes des Guyanais à l’égard des autorités nationales.
Un des sujets majeurs abordés a été la situation précaire de la filière de pêche locale. Les habitants ont exprimé leur frustration quant aux promesses non tenues concernant le renouvellement de la flotte et la lutte contre la pêche illégale, une activité qui menace non seulement les ressources marines, mais également les moyens de subsistance des pêcheurs locaux. La présence de Christiane Taubira, ancienne ministre de la Justice et figure politique respectée originaire de la Guyane, a souligné l’importance d’une approche globale tenant compte des réalités environnementales et sociales de la région.
Parallèlement aux préoccupations économiques, les discussions ont également porté sur la gestion des flux migratoires dans des secteurs tels que l’agriculture, où la régularisation des travailleurs migrants constitue un défi majeur. Les Guyanais ont exprimé leurs préoccupations quant à l’impact de ces flux sur l’économie locale et sur les conditions de vie des populations autochtones.
En outre, cette visite présidentielle intervient dans un contexte géopolitique régional complexe. Le ministre français des Affaires étrangères s’est rendu au Guyana voisin pour annoncer l’ouverture d’une ambassade à Georgetown, la capitale. Cette décision témoigne de l’intérêt croissant pour ce pays anglophone devenu un acteur clé dans le secteur pétrogazier, attirant l’attention de grandes puissances économiques et géopolitiques, notamment les États-Unis.
Le Guyana est en effet devenu une plaque tournante énergétique régionale avec des réserves pétrolières significatives, suscitant l’intérêt d’entreprises multinationales et de pays voisins comme le Venezuela, qui revendique une partie de son territoire riche en ressources. La France, en intensifiant sa présence diplomatique dans la région, cherche à renforcer ses liens avec ses voisins caribéens et sud-américains, tout en affirmant son engagement envers le développement et la stabilité de la région guyanaise et de ses environs.
Dans ce contexte, l’ouverture d’une ambassade au Guyana représente un pas important dans la politique étrangère française, soulignant la volonté du pays de jouer un rôle actif dans la région et de promouvoir la coopération régionale pour faire face aux défis communs. En somme, la visite d’Emmanuel Macron en Guyane marque un moment crucial dans les relations franco-guyanaises et dans la dynamique géopolitique de la région.
Illustration : Emmanuel Macron en Guyane, ce lundi 25 mars 2024. | LUDOVIC MARIN / AFP