La veuve du Président et des dizaines de personnes inculpées pour son assassinat
Dans la tumultueuse histoire d’Haïti, l’assassinat du président Jovenel Moïse en juillet 2021 demeure une énigme persistante, jetant une ombre sombre sur le pays. Deux ans et demi après l’attaque brutale à son domicile de Pétion-Ville, les Haïtiens attendent toujours des réponses. La situation politique est tendue, avec des manifestations exigeant la démission du Premier ministre actuel, Ariel Henry, et des révélations inattendues dans l’enquête.
Le dernier rebondissement a secoué le pays lorsque le juge d’instruction Walther Wesser Voltaire a rendu public un mandat d’arrêt émis contre la veuve du président, Martine Moïse. Les accusations sont lourdes : vol à main armée, tentative d’assassinat, assassinat, association de malfaiteurs, et bien d’autres. Une liste de charges qui, pour beaucoup d’Haïtiens, a pris de court ceux qui n’avaient jamais envisagé la participation de Martine Moïse à un tel complot.
L’enquête, longtemps bloquée, semble s’accélérer, mais les zones d’ombre persistent. Les déclarations de Martine Moïse sont entachées de contradictions, selon son avocat Iswick Théophin, laissant planer le doute sur sa crédibilité. L’ex-première dame refuse de coopérer avec l’enquête depuis décembre 2022, suscitant des interrogations sur son implication réelle dans cet événement tragique.
L’avocat de Martine Moïse a également soulevé des préoccupations quant à l’impartialité du juge Voltaire, mentionnant des liens présumés avec des responsables politiques et des allégations de pots-de-vin. Ce contexte rend la situation juridique délicate, remettant en question la validité des accusations portées contre la veuve du président.
Cependant, l’ombre de l’affaire s’étend au-delà des frontières d’Haïti. Les États-Unis, compétents pour enquêter sur l’assassinat en raison de la préparation de l’opération sur leur territoire, ont déjà procédé à des extraditions et condamnations. Rodolphe Jaar, un homme d’affaires haïtiano-chilien, et l’ancien officier militaire colombien German Alejandro Rivera ont été condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité. Deux autres suspects attendent leur verdict en mars.
La justice haïtienne, tout en progressant depuis l’implication du juge Voltaire, est confrontée à des défis liés à des procédures désuètes. Gédéon Jean, directeur exécutif du Centre d’analyse et de recherche sur les droits humains, plaide pour la création d’un « tribunal spécial » afin d’assurer un procès équitable dans cette affaire complexe.
La situation est explosive en Haïti, confrontée à des violences gangrénées et à des mouvements de contestation réclamant le départ d’Ariel Henry. Les accusations croisées entre les principaux acteurs ajoutent un nouvel élément d’incertitude à une enquête déjà complexe.
Pendant ce temps, la communauté internationale observe attentivement l’évolution de l’affaire Jovenel Moïse, espérant que la vérité éclatera enfin et que la justice sera rendue. La création d’un tribunal spécial semble être la proposition la plus plausible pour résoudre cette énigme complexe et restaurer la stabilité en Haïti.
M’A