Lettre ouverte au mouvement social martiniquais

— Le n° 330 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —

Il y a une soixantaine d’années, en 1967 exactement, un groupe de militant·e·s martiniquais·e·s, autour de Marcel Manville et Victor Permal, lancèrent, à partir de « l’émigration » en France, l’idée d’un Congrès du peuple en Martinique. L’idée suscita un espoir certain dans une partie de la population, mais buta sur les divisions politiques de la gauche d’alors.

Quelques années plus tard, en 1971, ce fut la Convention du MorneRouge pour l’autonomie qui produisit un document important qui resta sans suite notable. Bien qu’elle impliquât des forces militantes bien plus conséquentes que le projet de Congrès du peuple, cette initiative ne fut réellement débattue qu’entre des équipes militantes, et sans les « larges masses ». Elle ne résista donc pas davantage aux divisions entre les principaux partis.

Les tentatives ultérieures d’échanges programmatiques ne virent le jour entre partis qu’à l’occasion d’élections diverses, en particulier autour de « l’union de la gauche » française de 1981. L’arrivée d’une « extrêmegauche » ellemême très divisée ne renouvela l’idée de débats programmatiques que lorsquune partie importante de celleci se convertit à la lutte électorale, entrant rapidement elle-même dans le jeu des combinaisons et alliances électorales les plus surprenantes.

Mises à part les polémiques, aussi furieuses que superficielles, sur « le 73 et le 74 » de la constitution française, on ne retrouve des discussions un peu significatives au sein du mouvement social qu’à l’occasion du mouvement de février 2009, avec le triple inconvénient de leur caractère tardif, de leur sphère malgré tout limitée aux équipes militantes, et du maintien à l’écart des partis en tant que tels.

La situation actuelle peutelle ouvrir un espace de débat au delà des contradictions réelles et des méfiances subjectives ? La prise de position de Serge Letchimy en faveur d’un « congrès du peuple » peutelle fournir l’occasion d’un débat dont les masses populaires et les forces de progrès ont besoin ?

Nous sommes convaincus que la réponse appartient au mouvement social dans ses profondeurs. Lui seul peut exploiter la petite fenêtre ouverte, bousculer les préventions exagérées, dépasser les limites des arrièrespensées, et pousser le peuple, puisque c’est de lui qu’on parle, à faire son entrée dans l’arène du combat pour son propre avenir et pour les générations qui viennent.

Chordécone Bien sûr que le combat continue 

Le travail de proximité pour une participation maximum de la population à l’appel contre le nonlieu se poursuit. Ce travail patient porte ses fruits : chaque semaine amène ses nouvelles fiches remplies pour que les avocats puissent concrétiser les constitutions de parties civiles.

Après le Gros-Morne, c’est la ville de Sainte-Marie qui recevra l’équipe de Matinik Doubout-Gaoulé kont chlordécone. Le 13 janvier 2024, avocats et militants seront là pour faire remplir les fiches et recevoir les copies de pièces didentité. Sainte-Marie… Tout un symbole : n’estcepas là qu’un certain député avait réclamé à cor et à cri, une rallonge de la politique dempoisonnement pour le profit de quelquesuns ?

À lire sur la Palestine

Des quantités d’informations et d’analyses de qualité circulent sur la question Palestine/Israël. Elles sont le fait d’organisations, de progressistes, de démocrates (Juifs et/ou Israéliens y compris). Elles portent sur l’indicible horreur subie depuis des décennies par ce peuple, et sur la barbarie que lui inflige depuis 2 mois l’État israélien, en « guerre contre le terrorisme », suite aux massacres commis par le Hamas le 7 octobre dernier.

Partie prenante depuis toujours de la solidarité avec le peuple opprimé, agressé et aujourd’hui génocidé de Palestine, notre organisation (GRS) s’efforce de documenter, d’éclairer, de participer aux débats cruciaux pour souligner la légitimité du combat contre le terrorisme d’état israélien.

De ce point de vue, outre les derniers articles parus dans la revue INPRECOR (n°714 et 715) de la 4ème Internationale – dont fait partie le GRS – nous recommandons très fortement la lecture du numéro spécial de la revue l’Anticapitaliste du NPA (dont les dirigeants actuels les plus connus sont Philippe Poutou et Olivier Besancenot) qui brosse un tableau très riche de la situation : aspects historiques (y compris les « seize années d’enfermement de Gaza », l’inscription du combat dans le contexte régional, les débats sur la situation en Israël avec l’article très éclairant de Michel Warchawsky que nous avions reçu en Martinique, sur la nécessité d’une « nouvelle dynamique militante en Palestine », sur l’instrumentalisation vicieuse du combat contre l’antisémitisme par un lepénisme de plus en plus menaçant, facilité par les circonvolutions de la politique française sur la question.

On trouve aussi, dans ce précieux numéro spécial, une réflexion sur la difficile question des solutions, des informations sur la construction du mouvement mondial de solidarité, des propositions d’action…

N’hésitez donc pas une seconde, à vous procurer ce document, soit auprès des camarades du GRS, soit en le commandant à la librairie La Brèche, 27 rue Taine, Paris 75012 (tel : 01 49 28 52 44).