— Le n° 326 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —
Au milieu de la cacophonie du « congrès des élus » (toutes les minorités ont, soit pratiqué la chaise vide-Gran Sanblé, La Martinique Ensemble-, soit y sont allés à reculons-Péyi-a), Serge Letchimy a annoncé sa volonté de réaliser un « congrès du peuple » pour aborder un ensemble de préoccupations réelles du peuple. Il est bien vrai que les multiples consultations et réunions décentralisées du début du processus n’ont pas permis des échanges réels entre les acteurs/trices du combat populaire.
Un « congrès du peuple », tenu sur 6 mois comme proposé, pourrait permettre de combler cette lacune, et au passage de solutionner un des arguments des abstentionistes, à savoir que les questions du quotidien devraient être réglées avant de parler de questions de statut.
En parlant ainsi, certains anticolonialistes ne semblent pas se rendre compte du caractère typiquement colonial de l’argument. Le pouvoir a toujours pratiqué cette opposition pour enfermer le peuple dans un cercle vicieux : pour régler bien des problèmes du quotidien, urgence des urgences, il faut accroître les pouvoirs locaux et pour accroître les pouvoirs locaux il faut entraîner les masses dans la lutte en résolvant les problèmes qu’il est possible de résoudre !
Permettre au peuple de définir avec ses représentant-e-s dans les assemblées les priorités, les objectifs, le calendrier, c’est lui permettre de tordre le cou aux faux débats, aux alibis de l’impuissance et de s’impliquer en partenaire majeur dans le combat où se décident ses destinées.
Il est certain qu’un tel programme suppose des conditions sine qua non, la première étant justument une organisation décidée en commun et rapidement sur les objectifs et les modalités.
Il appartient au mouvement ouvrier et populaire dans toute sa diversité de se saisir de cette perche, de vérifier sa solidité et sa souplesse, d’engager les démarches pour en faire un outil pour avancer vers la solution des terribles problèmes qui pourrissent le quotidien et obscurcissent l’avenir.
La voix du mouvement social anti-chlordécone résonne à l’Assemblée Nationale
Lundi 27 novembre, à l’initiative de Marcellin Nadeau et du groupe GDR, les députés ont auditionné les représentants de Lyannaj pou dépolyé Matinik, de Lyannaj pou dépolyé Gwadloup et du Collectif des ouvriers et ouvrières victimes des pesticides pendant une bonne heure avant que les députés n’interpellent le gouvernement sur le sujet. Ce gouvernement croyait avoir enterré l’affaire, est forcé de constater que l’opinion reste mobilisée contre le « crime d’État » de l’empoisonnement au chlordécone. Vérité, justice, réparation restent les exigences largement partagées qui ne cessent pas de s’exprimer.
Ce mardi 5 décembre, une nouvelle conférence se tient sur le campus de Schoelcher, à l’amphithéâtre Frantz Fanon de 13h à 16h.
L’information et le combat continuent !
Contre le génocide à Gaza, amplifier la mobilisation !
Plus de 15.000 morts sous les bombes de l’État sioniste ! Gaza et la Cisjordanie confrontées à une opération qui a tout de l’épuration ethnique ! Les soutiens d’Israël obligés de se démarquer de la tuerie en cours, mais refusant de se donner les moyens de contraindre Israël à arrêter le massacre. Telle est la situation au moment où la guerre a repris de plus belle.
Cela justifie amplement la poursuite des actions de solidarité comme celle de samedi 2 décembre au Lamentin à l’appel de Martinique-Palestine Solidarité. Une centaine de solidaires ont traversé le bourg en ponctuant la marche de prises de parole en direction d’un public généralement approbateur.
Une motion de la CTM votée la semaine dernière, va dans le même sens et mériterait d’être imitée en Guadeloupe, en Guyane, en Réunion, partout où des voix peuvent s’élever en direction de l’État.
Combattre l’indifférence, participer à la campagne mondiale de solidarité, tel est le mot d’ordre impératif.
Anti-impérialisme, Oui !
Alter-impérialisme, No !
Dans un article bien documenté publié dans INPRECOR, revue en français de la Quatrième Internationale, notre camarade Rafael Bernabe, de Puerto Rico, oppose l’anti-impérialisme, principe fondamental pour tout progressiste à ce qu’il appelle l’alter-impérialisme c’est-à-dire une autre forme d’impérialisme qu’il faut aussi combattre.
L’impérialisme russe, par exemple s’appuie sur une vieille tradition tsariste qui avait valu à l’empire russe le sobriquet mérité de « prison des peuples ». Cette tradition brisée par la révolution d’octobre (1917) a été ressuscitée avec le rétablissement du capitalisme sauvage, symbolisé par les fameux oligarques, par les Elstine et autres Poutine.
C’est en tant que puissance impérialiste typique que la Russie actuelle mène une guerre atroce contre le peuple ukrainien et son droit à l’autodétermination. Soutenir les menées expansionistes russes, c’est soutenir un impérialisme qui s’oppose, plus ou moins d’ailleurs, à l’impérialisme US, le plus puissant aujourd’hui, c’est donc soutenir un impérialisme contre un autre. Cela n’a rien à voir avec l’anti-impérialisme progressiste. Ce dernier suppose l’opposition à tous les impérialismes, grands ou petits, et le soutien à tous les peuples se battant pour leur autodetermination.
Seul ce principe permet de s’orienter valablement dans le monde d’aujourd’hui, en étant toujours du coté des opprimé-e-s, jamais dans le camp adverse.
Se déclarer solidaire d’un bloc géopolitique dominé par des États bourgeois, au nom de la multipolarité, c’est se condamner par avance à être complice de l’exploitation et de l’oppression que ces États infligent à leurs propres peuples ou aux peuples qu’ils dominent.
Combattre l’impérialisme, c’est se mettre résolument au côté du peuple palestinien comme du peuple ukrainien.
Dans un monde où certains, par intérêt ou par ignorance, prétendent remplacer la lutte des classes par la lutte des blocs géopolitiques, quand ce n’est pas la prétendu lutte des civilisations ou des religions, la compréhension de la différence essentielle entre l’anti-impérialisme et l’alter-impérialisme est une boussole précieuse.