En octobre 2023, Mayotte, le département le plus pauvre de France, fait face à une sécheresse d’une ampleur sans précédent depuis 1997. Cette île, dont l’approvisionnement en eau dépend principalement des précipitations, connaît une grave pénurie de cette ressource vitale. Face à cette situation critique, l’État a annoncé une série de mesures pour soutenir la population mahoraise.
Le gouvernement a décidé de prendre en charge les factures d’eau des habitants de Mayotte pour la période de septembre à décembre 2023. Cette décision a été prise en raison de la dégradation considérable du service d’approvisionnement en eau. La Première ministre, Élisabeth Borne, a précisé cette mesure à l’issue d’une réunion interministérielle dédiée à la crise de l’eau sur l’île.
En plus de l’exonération des factures d’eau, le gouvernement a annoncé son intention d’étendre progressivement la distribution de bouteilles d’eau gratuites jusqu’à la mi-novembre. Initialement réservée aux personnes les plus vulnérables et limitée à 50 000 bénéficiaires, cette distribution sera élargie pour atteindre environ 110 000 à 120 000 personnes. Pour assurer la logistique de cette opération, 300 militaires et civils, dont 50 assistants d’éducation dans les écoles, seront déployés à Mayotte.
La crise de l’eau affecte également le secteur de la santé, et pour y remédier, 30 personnels soignants seront déployés au centre hospitalier de Mamoudzou dans les prochains jours. Par ailleurs, un dispositif d’aides aux entreprises touchées par les pénuries d’eau sera mis en place courant novembre.
Face à cette situation d’urgence, l’État a intensifié les coupures d’eau, anticipant une période difficile de « six à huit semaines ». Depuis le 4 septembre, la population mahoraise, qui compte environ 310 000 habitants au 1er janvier 2023, selon l’Insee, subit des coupures d’eau deux jours sur trois.
La sécheresse sévère à Mayotte est aggravée par un manque d’infrastructures et d’investissements. De plus, l’île est soumise à une croissance démographique de 4 % par an, sous pression de l’immigration clandestine en provenance des Comores voisines. Les deux retenues collinaires, qui fournissent normalement 80 % de l’approvisionnement en eau, sont pratiquement à sec. Même si la saison des pluies doit débuter en novembre, il faudra du temps pour reconstituer les réserves en eau.
Pour faire face à cette crise à long terme, des travaux d’urgence ont été engagés, notamment des forages, la recherche de fuites et l’interconnexion des réseaux. De plus, des projets à plus long terme, tels qu’une deuxième usine de dessalement et une troisième retenue collinaire, sont envisagés pour garantir l’approvisionnement en eau à Mayotte à l’avenir.
M’A à partir d’une dépêche de l’AFP