L’égalité des genres(*) est un objectif fondamental pour la société mondiale, mais malheureusement, elle demeure un défi persistant malgré les efforts déployés à l’échelle internationale. Un rapport récent de l’ONU met en lumière la gravité de la situation et la nécessité d’une action urgente pour parvenir à l’égalité entre hommes et femmes. Ce rapport, intitulé « Progress on the Sustainable Development Goals: The gender snapshot 2023 », a été publié conjointement par l’ONU Femmes et le Département des affaires économiques et sociales des Nations unies (UN DESA).
Le rapport commence par souligner que malgré les efforts mondiaux, le monde est en train de manquer son objectif d’atteindre l’égalité des genres(*). Cela survient à mi-parcours de l’Agenda 2030 pour le développement durable, qui comprend 17 objectifs de développement durable (ODD) adoptés par les États membres de l’ONU en 2015 dans le but de créer un avenir meilleur pour tous d’ici 2030. L’égalité des genres est au cœur de cet agenda, mais les progrès sont insuffisants.
Le rapport met en garde contre les conséquences graves si les tendances actuelles se poursuivent. Si rien ne change, plus de 340 millions de femmes et de filles, soit environ 8 % de la population féminine mondiale, vivront dans une extrême pauvreté d’ici 2030. De plus, près d’une femme sur quatre connaîtra une insécurité alimentaire modérée ou sévère. Ces chiffres mettent en évidence l’impact disproportionné de la pauvreté sur les femmes et les filles.
Le rapport révèle également que l’écart entre les sexes(*) en matière de pouvoir et de leadership demeure profondément enraciné. À ce rythme, la prochaine génération de femmes passera encore en moyenne 2,3 heures de plus par jour que les hommes à effectuer des tâches domestiques non rémunérées. Cette inégalité dans la répartition des tâches domestiques limite les opportunités des femmes sur le marché du travail et dans d’autres domaines de la vie.
De plus, le rapport met en évidence l’impact du changement climatique sur les femmes. Pour la première fois, il inclut des données sexospécifiques sur les intersections entre le genre et le changement climatique. Selon les projections, d’ici le milieu du siècle, dans un scénario climatique défavorable, le changement climatique pourrait pousser jusqu’à 158,3 millions de femmes et de filles supplémentaires dans la pauvreté, soit 16 millions de plus que le nombre total d’hommes et de garçons touchés.
Maria-Francesca Spatolisano, Secrétaire générale adjointe chargée de la coordination des politiques et des affaires interinstitutions du Département des affaires économiques et sociales des Nations unies, souligne l’importance de l’égalité des sexes en tant que fondement d’une société équitable. Elle déclare que l’égalité des sexes(*) n’est pas seulement un objectif au sein de l’Agenda 2030, mais qu’elle est la base même d’une société juste, sur laquelle tous les autres objectifs doivent reposer.
Le rapport met en lumière plusieurs autres constats alarmants, notamment :
- Aucun pays n’est sur la voie de l’éradication de la violence conjugale.
- Seuls 27 pays disposent de systèmes complets de suivi et d’allocation budgétaire pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.
- Le nombre de femmes et de filles vivant dans des contextes de conflit a considérablement augmenté, atteignant 614 millions en 2022, soit une hausse de 50 % par rapport à 2017.
- À l’échelle mondiale, au rythme actuel, environ 110 millions de filles et de jeunes femmes seront exclues de l’éducation en 2030.
- Les inégalités persistantes dans les revenus et les salaires, avec seulement 51 cents gagnés par les femmes pour chaque dollar gagné par les hommes.
- La sous-représentation persistante des femmes dans la population active, avec seulement 61,4 % de femmes en âge de travailler par rapport à 90 % d’hommes.
Face à cette situation alarmante, l’ONU appelle à des efforts concrets pour accélérer les progrès vers l’égalité des sexes(*) d’ici 2030. Le rapport estime qu’il faudrait investir 360 milliards de dollars supplémentaires chaque année dans une cinquantaine de pays en développement, représentant 70 % de la population mondiale, pour parvenir à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes conformément aux principaux objectifs mondiaux. Cette somme permettrait d’encourager l’ensemble des ODD.
Le rapport appelle également à une approche intégrée et holistique, à une collaboration renforcée entre les parties prenantes, à un financement durable et à des actions politiques pour lutter contre les disparités entre les sexes et autonomiser les femmes et les filles à l’échelle mondiale. En conclusion, l’ONU souligne que l’inaction en matière d’égalité des sexes(*) pourrait compromettre l’ensemble de l’Agenda 2030 pour le développement durable.
Ce rapport alarmant de l’ONU met en évidence l’urgence d’agir pour mettre fin aux inégalités entre les sexes(*) et garantir que les droits, les opportunités et la représentation équitable des femmes et des filles deviennent une réalité dans le monde entier. L’égalité des sexes(*) ne doit pas être un objectif lointain, mais une priorité immédiate pour la communauté internationale.
(*)L’Organisation mondiale de la santé (OMS) résume la différence entre le sexe et le genre de la manière suivante :
Le mot sexe « se réfère aux caractéristiques biologiques et physiologiques qui différencient les hommes des femmes, comme les organes reproductifs, les chromosomes, les hormones, etc. ».
Le mot genre « sert à évoquer les rôles qui sont déterminés socialement, les comportements, les activités et les attributs qu’une société considère comme appropriés pour les hommes et les femmes ». Variable d’une société à l’autre et modifiable, le concept de genre comprend cinq dimensions importantes : relationnelle, hiérarchique, historique, contextuelle et institutionnelle. Bien que la plupart des gens naissent de sexe masculin ou féminin, on leur enseigne les normes et les comportements appropriés – y compris la façon dont ils doivent interagir avec d’autres personnes du même sexe ou de sexe opposé dans les ménages, les communautés et les lieux de travail. Lorsque des individus ou des groupes ne « correspondent » pas aux normes de genre établies, ils sont souvent victimes de stigmatisation, de pratiques discriminatoires ou d’exclusion sociale, qui ont toutes des effets négatifs sur la santé».