Jour du dépassement
jour à partir duquel l’humanité a épuisé les ressources renouvelable en un an par la Terre
Le jour du dépassement, ou jour du dépassement de la Terre (en anglais : Earth Overshoot Day ou EOD), correspond à la date de l’année, calculée par l’ONG américaine Global Footprint Network, à partir de laquelle l’humanité est supposée avoir consommé l’ensemble des ressources renouvelables que la planète est capable de produire en un an pour régénérer ces consommations ou absorber les déchets produits, dont le CO2. Passé cette date, l’humanité puiserait donc de manière irréversible dans les réserves « non renouvelables » (à échelle de temps humaine) de la Terre et accumulerait les déchets.
Progression des dates de dépassement entre 1969 et 2018.
Progression des dates de dépassement selon le calcul de l’ONG Global Footprint Network.
En 2023, l’ONG a estimé cette date au 02 août.
Le calcul du jour de dépassement est considéré comme un outil de communication simple à comprendre, mais fait l’objet de diverses critiques. Sa capacité à représenter la consommation des ressources de la planète est mise en cause, et il n’est pas considéré comme un outil suffisant à lui seul pour évaluer les politiques et les pratiques socio-environnementales.
Sommaire
Calcul
Le calcul est dérivé de celui de l’empreinte écologique globale, concept développé par Mathis Wackernagel[1], président de Global Footprint Network.
Global Footprint Network présente le jour du dépassement comme le résultat de la formule :
J = B E ⋅ 365 {\displaystyle J={\frac {B}{E}}\cdot 365} {\displaystyle J={\frac {B}{E}}\cdot 365}
où :
J J J est le jour de dépassement (compté à partir du 1er janvier) ;
B B B est la biocapacité ou capacité de production biologique de la planète en hectare global (hag) ;
E E E est l’empreinte écologique de l’humanité hectare global (hag)
Il s’agit donc du rapport de la biocapacité sur l’empreinte écologique globale, ramené à une date de l’année[2], une date étant perçue comme plus marquante qu’un pourcentage.
De manière similaire peut être calculé le nombre de planètes Terre qui serait nécessaire pour subvenir à la consommation en ressources renouvelables de l’humanité en une année. En 2019 ce nombre est de 1,7 et l’extrapolation des données montre que le seuil de 2 planètes Terre sera dépassé bien avant la fin de la première moitié du XXIe siècle.
En 2019, dans un article paru dans la revue Le Débat[3], Maxime De Blasi a caractérisé l’état de surpopulation mondiale se basant sur la date du jour du dépassement : à partir des projections de population et de PIB mondial à horizon 2050, il a évalué qu’il faudrait une réduction, soit de la population, soit du niveau de vie, dans un facteur 4 à 5 pour permettre à la planète de se régénérer annuellement. Il a ainsi évalué la population mondiale soutenable à entre 2 et 3 milliards d’habitants (hypothèse d’un doublement du PIB mondial d’ici à 2050, ce qui correspond à la poursuite de la croissance de 3 %/an observée avant la pandémie).
Historique
Dates annoncées dans les médias
Chaque année, Global Footprint Network annonce la date du jour du dépassement selon la méthodologie et les données disponibles pour son étude. Cette méthodologie change régulièrement afin de prendre en compte de nouveaux éléments, rendant inadéquate la comparaison entre les années sur la seule base des archives médias.
Éditable sur jsfiddle : https://jsfiddle.net/demaupeoucorentin/9eLvd0ks/1/ [archive]
Année Date du dépassement
1986 31 décembre
1990 7 décembre
1993 21 octobre
1995 21 novembre
2000 1er novembre
2003 22 septembre
2005 20 octobre
2006 9 octobre
2007 28 septembre
2008 23 septembre
2009 25 septembre
2010 21 août
2011 27 septembre
2012 22 août
2013 20 août
2014 18 aoûtou 19 août
2015 13 août
2016 3 août
2017 2 août
2018 1er août
2019 29 juillet
2020 22 août
2021 29 juillet
2022 28 juillet
En 2020, le jour du dépassement est atteint trois semaines plus tard qu’en 2019 ; ce retard est dû aux mesures de confinement adoptées pour contenir et faire reculer la pandémie de Covid-19 dans le monde. En 2021, malgré un monde toujours perturbé par la pandémie de Covid-19, le jour du dépassement retrouve la date de 2019.
Selon la méthode de 2017
Chaque année, la méthodologie est affinée et les données sont mises à jour. Cela conduit Global Footprint Network à faire une actualisation annuelle des dates pour les années précédentes, ce qui lui permet d’établir une comparaison entre les années.
Pour la France
Le jour du dépassement calculé par pays est le jour où le dépassement mondial se produirait si toute la population mondiale consommait comme la population du pays en question. Selon l’ONG Global Footprint Network, il s’agissait en 2017 du 3 mai pour la France (données de 2013).
La branche française de l’ONG WWF annonce le 4 mai 2018 que le jour du dépassement français calculé par Global Footprint Network tombe en 2018 le 5 mai. Autrement dit, il faudrait 2,9 Terre si toute l’humanité vivait comme les Français.
Pour le Canada
L’ONG Global Footprint Network a calculé qu’en 2022, le jour du dépassement était le 13 mars au Canada.
Critiques
Le concept de jour de dépassement a suscité diverses contestations : Fred Pearce, sur le New Scientist, estime que l’analyse de l’empreinte écologique sous-estime notre surutilisation des ressources de la planète. Leo Hickman, du Guardian, reconnait que « c’est une manière assez intelligente et succincte d’exprimer les problèmes combinés auxquels nous sommes confrontés », mais lui trouve plusieurs inconvénients, en particulier parce qu’il semble comparer des choux avec des carottes. Pour l’auteur Michael Shellenberger du Breakthrough Institute et ses collègues, la notion n’a aucun fondement scientifique et serait un outil politique utilisé par les tenants de décroissance permettant de s’exonérer de recherches de solutions pour accroitre la productivité des terres tout en culpabilisant les citoyens . Cette critique est elle-même contestée, car s’appuyant sur une vision globalisée au niveau mondial, alors que plusieurs pays ont testé la mesure avec succès, et sur plusieurs erreurs méthodologiques.
Globalement l’outil est jugé être un très bon outil de communication, robuste et reproductible. Mais il reçoit aussi des fortes critiques. Son calcul additionne divers éléments qui seraient sans rapport avec une surface ou une consommation de ressources et il utiliserait des facteurs multiplicatifs arbitraires.
Il lui est reproché de mêler les émissions de CO2, la production de viande sans distinction d’efficience, les surfaces agricoles sans distinction de rendement, de consommation en ressource ou autre, la production d’électricité, etc ; de sur-évaluer l’énergie nucléaire dans le calcul de l’empreinte écologique ; de ne pas correspondre au concept qu’il prétend présenter ; de mal calculer les ressources consommées par l’homme et les ressources que la planète est capable de régénérer ; de manquer de transparence sur ses méthodes et sur les données choisies.
Il y a un accord, y compris de la part de ses concepteurs, pour considérer que l’outil est incomplet, et qu’il ne peut à lui seul refléter tous les enjeux économiques, sociaux et environnementaux. Un des cas mis en avant pour expliquer cette incomplétude est celui des matériaux non renouvelables et des polluants non absorbables tels que le pétrole ou les métaux lourds.
L’un des principaux désaccord porte sur la place de l’empreinte CO2 dans le résultat global, pouvant représenter plus de la moitié de « l’addition » et pour plusieurs utilisateurs ou observateurs, un indice réduit à cette empreinte CO2 pourrait être suffisant
Source :Wikipedia