— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —
À la mémoire de Pradel Pompilus,
pionnier de la lexicographie créole contemporaine et auteur, en 1958, du premier « Lexique créole-français » (Université de Paris).
À la mémoire de Pierre Vernet, fondateur de la Faculté de linguistique appliquée de l’Université d’État d’Haïti et précurseur du partenariat créole-français en Haïti.
À la mémoire d’André Vilaire Chery, rigoureux éclaireur de la lexicographie haïtienne contemporaine et auteur du « Dictionnaire de l’évolution du vocabulaire français en Haïti » (tomes 1 et 2, Éditions Édutex, 2000 et 2002).
L’objet de ce « Plaidoyer pour une lexicographie créole de haute qualité scientifique, citoyenne et rassembleuse » est d’exposer, pour le lecteur non-linguiste et de manière analytique, les caractéristiques d’une lexicographie créole de haute qualité scientifique (son projet, ses cibles, sa méthodologie, ses liens avec l’aménagement linguistique en Haïti ainsi que son indispensable apport à l’usage de la langue maternelle créole dans l’École haïtienne). Il est utile en amont de préciser, afin d’apporter un éclairage notionnel à notre propos, que « La lexicographie est la branche de la linguistique appliquée qui a pour objet d’observer, de recueillir, de choisir et de décrire les unités lexicales d’une langue et les interactions qui s’exercent entre elles. L’objet de son étude est donc le lexique, c’est-à-dire l’ensemble des mots, des locutions en ce qui a trait à leurs formes, à leurs significations et à la façon dont ils se combinent entre eux » (Marie-Éva de Villers : « Profession lexicographe » (Presses de l’Université de Montréal, 2006).
Ainsi située dans sa dimension scientifique, l’on retiendra que la lexicographie haïtienne est une discipline de la linguistique appliquée qui a pour objet la conceptualisation et l’élaboration de lexiques et de dictionnaires sur ses deux versants : la lexicographie créole unidirectionnelle et la lexicographie bidirectionnelle créole-français ou français-créole ou anglais-créole. Par commodité d’exposition du propos, le terme « lexicographie créole » est ici employé dans le sens englobant de lexicographie haïtienne unilingue créole et/ou bilingue français-créole. Discipline relativement jeune, la lexicographie créole est apparue en Haïti à la fin des années 1950 avec les travaux pionniers de Pradel Pompilus, auteur du premier « Lexique créole-français » (Université de Paris, 1958). Comme nous l’avons établi au moyen d’un ample travail de recherche documentaire consigné dans notre « Essai de typologie de la lexicographie créole de 1958 à 2022 » (Le National, 21 juillet 2022), le champ lexicographique haïtien a produit 64 dictionnaires et 11 lexiques, soit un total de 75 ouvrages édités pour la plupart au format livre imprimé et quelques titres sont offerts au format électronique.
Destinés pour l’essentiel au grand public sans que l’on soit renseigné sur les modalités de leur diffusion, les 75 ouvrages de la lexicographie créole –sauf exceptions notables : voir le tableau 1–, partagent les traits communs suivants : (1) les rédacteurs ne sont ni des linguistes ni des lexicographes professionnels ; (2) l’amateurisme est une pratique dominante parmi les rédacteurs ; (3) les ouvrages n’ont pas été élaborés en conformité avec la méthodologie de la lexicographie professionnelle ; (4) la plupart du temps les ouvrages n’ont pas fait l’objet d’une mise à jour. Les deux tableaux qui suivent exemplifient les productions lexicographiques élaborées en conformité avec la méthodologie de la lexicographie professionnelle d’une part et celles, d’autre part, qui ont été confectionnées en dehors de la méthodologie de la lexicographie professionnelle.
Tableau 1 / Identification des productions lexicographiques haïtiennes élaborées
en conformité avec la méthodologie de la lexicographie professionnelle
(10 ouvrages sur un total de 75 publiés entre 1958 et 2022)
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Henry Tourneux, Pierre Vernet et al. |
1976 |
Éditions caraïbes |
and II) |
Albert Valdman (et al) |
1981 |
Creole Institute Bloomington University |
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Henry Tourneux |
1986 |
CNRS/ Cahiers du Lacito |
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Pierre Vernet, B. C. Freeman |
1988 |
Sant lengwistik aplike, Inivèsite Leta Ayiti |
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Pierre Vernet, B. C. Freeman |
1989 |
Sant lengwistik aplike, Inivèsite Leta Ayiti |
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Bryant Freeman |
1989 |
Sant lengwistik aplike, Inivèsite Leta Ayiti |
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André Vilaire Chery et al. |
1996 |
Hachette-Deschamps / EDITHA |
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André Vilaire Chery |
2000 et 2002 |
Éditions Édutex |
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Albert Valdman |
2007 |
Creole Institute, Indiana University |
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Albert Valdman, Marvin D Moody, Thomas E Davies |
2017 |
Indiana University Creole Institute |
Les 10 lexiques et dictionnaires du tableau 1 comportent un trait caractéristique majeur : tel que décrit dans nos articles publiés entre 2020 et 2023 sur ce sujet, la lexicographie est une activité scientifique fortement codifiée, elle s’élabore dans l’ancrage sur un socle méthodologique modélisé qui en garantit la scientificité et la crédibilité. Ainsi les dictionnaires et lexiques présentés au tableau 1 sont de grande qualité scientifique, ils mettent tous en œuvre le même cadre méthodologique qui consiste (1) à définir le projet éditorial et les usagers-cibles visés ; (2) à identifier les sources du corpus de référence en vue de l’établissement de la nomenclature ; (3) à procéder à l’établissement de la nomenclature des termes retenus à l’étape du dépouillement du corpus de référence ; (4) et, exception faite des lexiques qui ne comprennent pas de définitions, à procéder au traitement lexicographique des termes de la nomenclature (catégorisation grammaticale, équivalence motivée des unités lexicales, etc.) et à la rédaction des rubriques dictionnairiques (définitions, notes). Le socle méthodologique des travaux lexicographiques est illustré par le tableau suivant :
Tableau 2 / Modélisation du dispositif méthodologique de la lexicographie contemporaine : les différentes étapes de l’élaboration du dictionnaire
Étape 1 : élaboration de la politique éditoriale : quel type de dictionnaire et quel public-cible ? |
Étape 2 : détermination du corpus à dépouiller et mise en œuvre du dépouillement de diverses sources documentaires. |
Étape 3 : établissement de la nomenclature du dictionnaire : relevé des termes qui sont définis dans le dictionnaire |
Étape 4 : traitement lexicographique des termes de la nomenclature : catégories grammaticales, rédaction des définitions, choix des exemples illustratifs et des notes |
Taille et format choisis : papier et/ou numérique. Rédaction de la « Préface » ou du guide d’utilisation du dictionnaire (exposé de la méthodologie) |
Sources documentaires : dictionnaires antérieurs (Littré, Larousse, Robert, etc.), œuvres littéraires et scientifiques, journaux et revues, corpus lexicaux informatisés, banques de données lexicales et banques de données terminologiques en ligne. |
Application des critères de sélection des termes et des synonymes : attestations écrites, fréquence d’usage du mot, néologisme récent ou en cours d’implantation, terme doté d’un sens nouveau, niveaux de langue. |
Tableau 3 / Échantillon d’ouvrages lexicographiques élaborés en dehors
de la méthodologie de la lexicographie professionnelle
Titre de l’ouvrage |
Auteur(s) |
Éditeur |
Année de publication |
Diksyonè kreyòl Vilsen |
Maud Heurtelou, Féquière Vilsaint |
Éduca Vision |
1994 [2009] |
Leksik kreyòl : ekzanp devlopman kèk mo ak fraz a pati 1986 |
Emmanuel Védrine |
Védrine Creole Project [?] |
2000 |
Diksyonè kreyòl karayib |
Jocelyne Trouillot |
CUC Université Caraïbe |
2003 [?] |
Glossary of STEM terms from the MIT – Haiti Initiative |
MIT – Haiti Initiative |
MIT – Haiti Initiative |
2015 [?] |
Tableau 4 / Principales caractéristiques des ouvrages élaborés en dehors de la méthodologie de la lexicographie professionnelle (échantillon représentatif de 4 publications)
Titre de l’ouvrage |
Auteur(s) |
Catégorie |
Principales caractéristiques lexicographiques |
Diksyonè kreyòl Vilsen |
Maud Heurtelou, Féquière Vilsaint |
Dictionnaire unilingue créole Accès Web uniquement | Incohérence, insuffisance ou inadéquation de nombreuses définitions. Certaines rubriques comprennent des notes explicatives plutôt que des définitions |
Leksik kreyòl : ekzanp devlopman kèk mo ak fraz a pati 1986 |
Emmanuel Védrine |
S’intitule « leksik » alors qu’il est un glossaire unilingue créole |
De nombreuses entrées (« mots vedettes ») sont des slogans ou des séquences de phrases ou des proverbes. De nombreuses entrées ne sont pas des unités lexicales. Incohérence, insuffisance ou inadéquation des rares définitions. |
Diksyonè kreyòl karayib |
Jocelyne Trouillot |
Dictionnaire unilingue créole au format papier uniquement |
Incohérence, insuffisance ou inadéquation de nombreuses définitions. De nombreuses entrées (« mots vedettes ») ne sont pas des unités lexicales, ce sont plutôt des noms propres ou des toponymes… |
Glossary of STEM terms from the MIT – Haiti Initiative |
MIT – Haiti Initiative |
Lexique bilingue anglais-créole. Accès Web uniquement |
Équivalents créoles majoritairement fantaisistes, erratiques, a-sémantiques et non conformes au système morphosyntaxique du créole |
Les ouvrages élaborés en dehors de la méthodologie de la lexicographie professionnelle ont donc des traits caractéristiques communs, notamment l’incohérence, l’insuffisance ou l’inadéquation de nombreuses définitions dans le cas des dictionnaires. De manière générale, le projet lexicographique et éditorial n’est pas défini et encore moins la démarche méthodologique sur laquelle se seraient éventuellement appuyées ces productions lexicographiques. En ce qui concerne les lexiques bilingues anglais-créole ou français-créole, l’exemple le plus flagrant d’une œuvre pré-scientifique caractéristique de la « lexicographie borlette » ou « lexicographie lamayòt » est le « Glossary of STEM terms from the MIT – Haiti Initiative » (voir notre diagnostic analytique contenu dans les articles « Le traitement lexicographique du créole dans le « Glossary of STEM terms from the MIT – Haïti Initiative » (Le National, 21 juillet 2020) et « Le naufrage de la lexicographie créole au MIT Haiti Initiative » (Le National, 15 février 2022).
L’évaluation analytique du « Glossary of STEM terms from the MIT – Haiti Initiative » est riche d’enseignements, notamment en ce qui a trait, en lexicographie professionnelle, au CRITÈRE CENTRAL DE L’EXACTITUDE DE L’ÉQUIVALENCE LEXICALE CONJOINT À CELUI DE L’ÉQUIVALENCE NOTIONNELLE : CE CRITÈRE MAJEUR PLACÉ AU CENTRE DE TOUTE DÉMARCHE LEXICOGRAPHIQUE ET TERMINOLOGIQUE est absent dans la majorité des pseudo équivalents « créoles » de ce « Glossary ». Il est donc nécessaire et utile de réactiver l’évaluation critique de ce « Glossary » mal dénommé puisqu’il s’agit en réalité, selon la tradition lexicographique, d’un lexique listant des termes sans « gloses » définitoires. Les rédacteurs-bricoleurs du fantaisiste « Glossary of STEM terms from the MIT – Haiti Initiative », dépourvus de la moindre compétence connue en lexicographie créole, soutiennent frauduleusement mener une entreprise de néologie créole. En effet, l’élaboration du « Glossary » est présentée, sur le site du MIT – Haiti Initiative –au chapitre « Kreyòl-English glosses for creating and translating materials in Science, Technology, Engineering & Mathematics (STEM) fields in the MIT-Haiti Initiative »–, dans les termes suivants : « (…) l’un des effets secondaires positifs des activités du MIT-Haïti (ateliers sur les STEM, production de matériel en kreyòl de haute qualité, etc.) est que nous enrichissons la langue d’un nouveau vocabulaire scientifique qui peut servir de ressource indispensable aux enseignants et aux étudiants. Ces activités contribuent au développement lexical de la langue » créole » [Traduction par RBO]. Ce « nouveau vocabulaire scientifique » prétendument capable de contribuer « au développement lexical de la langue » créole s’illustre comme suit :
Tableau 5 / Échantillon de pseudo équivalents « créoles » provenant
du « Glossary of STEM terms from the MIT – Haiti Initiative »
Termes anglais |
Équivalents « créoles »** |
bar graph |
grafik ti baton [1,2,3] |
accumulation |
antipilasyon [1,2,3] |
atomic packing |
makonn atomik [1,2,3] |
air resistance |
rezistans lè [1,3,4] |
air track |
pis kout lè // pis ayere [1,2,3,4] |
and replica plate on |
epi plak pou replik sou [1,2,3,4] |
escape velocity |
vitès chape poul [1,3,4] |
multiple regression analysis |
analiz pou yon makonnay regresyon [1,2,3,4] |
center of mass |
sant mas yo [1,2,3,4] |
checkbox |
bwat tchèk [1,2,3,4] |
flux meter |
flimèt [1,3,4] |
line integral |
entegral sou liy [1,2,3,4] |
how many more matings would you like to perform ? |
konbyen kwazman ou vle reyalize ? [1,4] |
peer instruction |
enstriksyon ant kanmarad [1,3,4] |
prior (conjugate) |
konpayèl o pa [1,2,3,4] |
seasaw prinsiple |
prensip balanswa baskil [1,2,3,4] |
spin angular momentum |
moman angilè piwèt [1,2,3,4] |
**Remarques analytiques sur ces équivalents « créoles » : 1 = équivalent faux et/ou fantaisiste et/ou qui ne constitue pas une unité lexicale ; 2 = équivalent non conforme à la syntaxe du créole ; 3 = équivalent présentant une totale opacité sémantique ; 4 = équivalent dont la catégorie lexicale n’est pas précisée.
Sur le registre des critères méthodologiques de la lexicographie professionnelle, l’évaluation critique et objective du « Glossary of STEM terms from the MIT – Haiti Initiative » fournit de précieux enseignements. Ces enseignements interpellent l’ensemble de la lexicographie haïtienne et se résument comme suit :
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Le « Glossary of STEM terms from the MIT – Haiti Initiative » a été bricolé dans un environnement universitaire avec l’aval complaisant et aveugle du Département de linguistique du MIT. Mais ses promoteurs, dépourvus de la moindre compétence connue en lexicographie générale et en lexicographie créole, n’ont produit jusqu’à présent aucune étude académique, aucun texte théorique de référence sur la lexicographie créole et encore moins sur la néologie créole.
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Cette absence généralisée mais banalisée de toute compétence connue en lexicographie créole au MIT Haiti Initiative est à l’origine d’une lourde lacune conceptuelle sur l’objet lui-même : le MIT Haiti Initiative a produit un lexique anglais-créole alors même qu’il le présente frauduleusement comme un « glossaire », contrairement aux fondements scientifiques et à la longue tradition de la lexicographie.
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Les rédacteurs-bricoleurs du « Glossary of STEM terms from the MIT – Haiti Initiative » accréditent un pseudo « modèle » lexicographique qui à l’analyse se révèle être un « modèle » essentiellement amateur, erratique, fantaisiste et pré-scientifique de type Wikipedia, qui ne respecte pas le protocole méthodologique de la lexicographie professionnelle. Le pseudo « modèle » lexicographique du MIT Haiti Initiative, qui se révèle à l’analyse la plus rigoureuse être essentiellement une « lexicographie borlette », appauvrit considérablement la créolistique. À l’échelle internationale, le pseudo « modèle » lexicographique Wikipedia/MIT Haiti Initiative n’est enseigné dans aucune université et il n’a fait l’objet d’aucune publication scientifique de référence.
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Les pseudo équivalents « créoles » du Glossary of STEM terms from the MIT – Haiti Initiative » sont en majorité fantaisistes, a-sémantiques, non conformes au système morphosyntaxique du créole. Ils ne sont pas conformes au principe de base de l’équivalence lexicale/équivalence notionnelle, ne peuvent pas être compris du locuteur créolophone et ne peuvent en aucun cas être utilisés dans l’enseignement des sciences et des techniques. Ils ne peuvent pas non plus être mis à contribution pour élaborer une compétente didactique du créole et encore moins pour assurer l’expansion de la didactisation du créole.
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Le « Glossary of STEM terms from the MIT – Haiti Initiative » fait la promotion d’une vision fantaisiste et arnaqueuse de la lexicographie créole et de la néologie scientifique et technique créole : la « lexicographie borlette », qui n’est enseignée dans aucun Département de linguistique/traduction/terminologie à travers le monde, y compris en Haïti où elle n’est pas reconnue sur le plan scientifique en dépit du fait que le MIT Haiti Initiative est adoubé par une puissante institution universitaire américaine connue pour ses recherches de pointe dans différents domaine scientifiques –sauf en lexicographie générale et en lexicographie créole.
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Il est hautement significatif que le bric-à-brac « lexicographique » du MIT Haiti Initiative tourne le dos et passe sous silence les travaux de recherche et les publications de toute la lexicographie haïtienne de 1958 jusqu’à 2023, notamment les travaux menés dans un cadre institutionnel haïtien –en particulier au Centre de linguistique appliquée devenu par la suite la Faculté de linguistique appliquée de l’Université d’État d’Haïti–, par Pradel Pompilus, Pierre Vernet, Henry Tourneux, Bryant Freeman, André Vilaire Chery, Renauld Govain, Fortenel Thélusma…
L’apport exemplaire du lexicographe André Vilaire Chery à la lexicographie haïtienne contemporaine
Depuis la parution des premiers travaux de la lexicographie haïtienne menés par Pradel Pompilus en 1958, plusieurs linguistes et lexicographes ont élaboré des travaux de grande qualité scientifique (voir le tableau 1). Ainsi, le lexicographe André Vilaire Chery, décédé le 26 juillet 2022, est l’auteur du remarquable « Dictionnaire de l’évolution du vocabulaire français en Haïti » (tomes 1 et 2, Éditions Édutex, 2000 et 2002). Dans notre compte-rendu publié en Haïti, « Le « Dictionnaire de l’écolier haïtien », un modèle de rigueur pour la lexicographie en Haïti », (Le National, 3 septembre 2022.), nous avons démontré que le « Dictionnaire de l’écolier haïtien » a été élaboré selon le protocole méthodologique de la lexicographie professionnelle, notamment par : (1) l’identification de l’ouvrage et de ses auteurs, le nom de l’éditeur et la date de publication ; (2) l’exposition du projet éditorial-lexicographique et l’identification de la méthodologie d’élaboration du dictionnaire ; (3) l’établissement du corpus dictionnairique ; (4) la confection de la nomenclature et le nombre de termes retenus ; (5) le traitement adéquat des données lexicographiques présentées à la suite des « mots-vedettes » (les entrées classées en ordre alphabétique dans les rubriques, à savoir les définitions, les contextes définitoires et les notes illustratives).
Le projet éditorial du « Dictionnaire de l’écolier haïtien » est explicitement défini à la « Préface » (page 6) : présenté comme un ouvrage de référence, il est « destiné aux élèves de l’École fondamentale », d’où son titre mentionnant « écolier haïtien ». C’est un dictionnaire généraliste unidirectionnel qui, parce qu’il cible les écoliers haïtiens, est une adaptation pour Haïti d’« un grand nombre de références Hachette (…) réécrites en relation avec les réalités haïtienne (histoire, géographie, vie sociale, etc.) plus familières à l’élève ». La mention « adaptation pour Haïti » est essentielle au plan de la méthodologie d’élaboration de ce dictionnaire car elle précise que le corpus à partir duquel il a été élaboré provient d’un autre dictionnaire, à savoir le « Hachette Juniors ». (Pour une meilleure connaissance de l’histoire des dictionnaires dénommés dictionnaires pédagogiques ou scolaires ou d’apprentissage, voir Chantal Lambrechts, « La conception éditoriale d’un dictionnaire pédagogique », Presses de l’Université de Montréal, 2005. Pour une connaissance élargie de la méthodologie d’élaboration des dictionnaires pour enfants apparus au début des années 1950, voir Micaela Rossi (Università degli Studi di Genova, Italia), « Dictionnaires pour enfants en langue française / L’accès au sens lexical ». Dans cette magistrale thèse de doctorat soutenue en 2001, l’auteure retrace l’histoire des dictionnaires pour enfants, elle analyse « la structure d’un dictionnaire scolaire », « la présentation et organisation de la nomenclature », « les pratiques définitionnelles dans les dictionnaires pour enfants », etc. De la même auteure, voir aussi l’article « Dictionnaires pour enfants et accès au sens lexical – Pour une réflexion métalexicologique » (Euralex.org, 2004).
Ce même ancrage scientifique s’observe chez André Vilaire Chery, notamment en ce qui a trait à la nomenclature du « Dictionnaire de l’évolution du vocabulaire français en Haïti ». Cette nomenclature s’ordonne selon une typologie qui prend en compte plusieurs procédés de formation des unités lexicales. Le lecteur y trouvera donc (1) des créations lexicales (des néologismes) provenant du créole (« déchouquage », « déchouquer », « attaché », « lavalassien », « zenglendo », etc.) ; (2) des termes issus de procédés de formation lexicale usuels en français (« anti(-) changement », « haïtiano-haïtien », « néoduvaliériste », etc.) ; (3) des termes provenant de l’anglais (« implémenter » (un projet), « graduation » (académique), « performer », etc. Le lecteur trouvera également des termes reflétant des « changements intervenus à l’intérieur des structures politiques, institutionnelles, économiques » tels que « premier ministre », « ratification », « déclaration de politique générale », « pluralisme », « vote de confiance », « délégué », « Casec » etc. Le lecteur croisera aussi des unités lexicales qui, sans changer de sens, acquièrent un statut nouveau ou « sont dans l’air du temps » (« démocratie », « Constitution », « machine électorale », « privatisation », « magouille », etc. Certaines unités lexicales ont connu une extension de leur champ sémantique, soit une extension spécifique du sens initial (« béton », « agenda », « carnet », « fusible », etc.), tandis que d’autres ont évolué sur le mode d’un glissement de sens (« cambiste », « cahier des charges » en lieu et place de « cahier de doléances », « primature » pour « désigner à la fois la fonction de premier ministre et les locaux logeant les services du chef du gouvernement ».
L’exceptionnelle contribution du linguiste-lexicographe Albert Valdman à la lexicographie créole : revisiter son « Haitian Creole-English Bilingual Dictionnary »
Connu et apprécié des linguistes en Haïti et réputé à l’échelle internationale pour la grande qualité scientifique de ses travaux sur le créole, Albert Valdman est l’auteur, entre autres, de « L’évolution du lexique dans les créoles à base lexicale française » (L’information grammaticale no 85, mars 2000) ; « Vers un dictionnaire scolaire bilingue pour le créole haïtien ? » (revue La linguistique, vol. 41/1, 2005) ; « Vers la standardisation du créole haïtien » (Revue française de linguistique appliquée, vol. X/1, 2005).
Tableau 6 / Modélisation des rubriques lexicographiques
dans le « Haitian Creole-English Bilingual Dictionnary » d’Albert Valdman
Terme créole |
Catégorie grammaticale |
Définition anglaise |
Terme(s) apparenté(s) |
Locutions illustratives |
Renvoi(s) |
pipirit1 |
n. [nom ou substantif] |
Kind of small bird |
pipirit chandèl |
Anvan pipirit mete kanson li/depi pipirit chante |
Gri kou pipirit /see/ gri. Sou kon pipirit /see/ sou. |
pipirit gri |
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pipirit gwo tèt |
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pipirit pa chante |
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pipirit rivyè |
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pipirit tètfou |
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pipirit2 |
/see/ pripri |
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[Les termes apparentés sont définis et suivis d’une illustration d’emploi. Ex. : Li kite lakay li o pipirit chantan] |
Le « Haitian Creole-English Bilingual Dictionnary » se démarque en tous points de l’amateurisme persistant de la « lexicographie borlette » dont nous avons exposé le naufrage au début de cet article (voir le tableau 4). Ce dictionnaire bilingue constitue la plus rigoureuse et la plus pertinente référence méthodologique pour tous les travaux de la lexicographie créole. Illustration : sur le plan méthodologique, la toute première phase de l’élaboration du « Haitian Creole-English Bilingual Dictionnary » a été l’établissement du corpus de référence, étape obligatoire et indispensable de tout chantier lexicographique. « Un corpus est un ensemble de textes (d’énoncés, de phrases, de mots…) (oraux ou écrits) servant comme base pour une étude ciblée. (…) Un corpus fait office d’échantillon du langage, et se doit d’en être représentatif » (Barbara Rahma, « Approche de corpus : théories et application pratiques », séminaire 2016-2017 : dialectologie et langue du Maroc / Actes de la Journée d’études « Linguistique de terrain : description de faits et présentation de modèles », Fès, Maroc, 11 mai 2011). La détermination du corpus de référence créole et le dépouillement des données issues de ce corpus ont été conduits, sur le terrain, par deux équipes auprès de locuteurs natifs du créole. L’une des deux équipes a mis à contribution les ressources de la base de données lexicales d’un projet de dictionnaire bilingue créole-français et elle a bénéficié de la contribution d’André Vilaire Chery, auteur du remarquable « Dictionnaire de l’évolution du vocabulaire français en Haïti » (tomes 1 et 2 parus en 2000 et 2002 chez Édutex). Deux linguistes haïtiens, au sein de l’équipe initiale, ont collaboré étroitement à la production du dictionnaire : Jacques Pierre, qui enseigne aujourd’hui à Duke University, et Nicolas André. Le linguiste et traducteur Nicolas André enseigne depuis quelques années à la Florida International University ; il a auparavant effectué des études de premier cycle à la Faculté de linguistique appliquée de l’Université d’État d’Haïti. Le corpus de référence du « Haitian Creole-English Bilingual Dictionnary » s’est également enrichi d’enregistrements de terrain de locuteurs natifs du créole du Nord d’Haïti, ainsi que de plusieurs sources écrites antérieures (dictionnaires anglais-créole et créole-français). L’information relative au corpus de référence et au dépouillement des données figure au premier chapitre du dictionnaire intitulé « Acknowledgments » (Remerciements).
La lexicographie créole a ses pionniers, ses éclaireurs et ses artisans ayant élaboré des œuvres de grande qualité scientifique en conformité avec la méthodologie de la lexicographie professionnelle. Promouvoir aujourd’hui une lexicographie créole de haute qualité scientifique requiert d’être à l’écoute des enseignements de Pradel Pompilus, Pierre Vernet, Bryant Freeman, Albert Valdman, Henry Tourneux, André Vilaire Chery… Nous leur sommes redevables et leur legs est précieux dans les institutions où est enseignée la lexicographie depuis quelques années, la Faculté de linguistique appliquée de l’Université d’État d’Haïti et l’ISTI, l’Institut supérieur de traduction et d’interprétation. Une lexicographie créole citoyenne et rassembleuse est celle qui s’élabore dans l’ancrage aux sciences du langage et au creux d’une vision constitutionnelle de l’aménagement des deux langues officielles d’Haïti, le créole et le français, conformément à la Constitution de 1987 et à la Déclaration universelle des droits linguistiques de 1996. Une lexicographie créole citoyenne et rassembleuse est celle qui promeut la dimension institutionnelle de la professionnalisation du métier de lexicographe –et cette exigence est la même pour le métier de traducteur professionnel. Une lexicographie créole citoyenne et rassembleuse est celle qui apporte aux rédacteurs et aux éditeurs de manuels scolaires les dictionnaires et les lexiques créoles ou français-créole dont a besoin l’École haïtienne pour assurer adéquatement un enseignement de qualité en langue maternelle créole. La survenue d’une véritable école lexicographique haïtienne –fortement ancrée sur le socle méthodologique de la lexicographie professionnelle–, sera d’un apport majeur pour l’apprentissage en créole des savoirs et des connaissances. Au creux d’une lexicographie créole citoyenne et rassembleuse, l’arrivée du dictionnaire scolaire bilingue français-créole, qui sera mis à la disposition de l’École haïtienne, permettra à l’élève d’apprendre la langue-objet et de mieux maîtriser la langue-outil dans l’apprentissage des savoirs et des connaissances (voir notre article « Les dictionnaires et lexiques créoles, des outils pédagogiques de premier plan dans l’enseignement en Haïti », Le National, 18 août 2020).
Une lexicographie créole citoyenne et rassembleuse devra accorder une attention spéciale à la production des néologismes créoles dans le champ fortement normé de la néologie scientifique et technique. (Sur la néologie, ses concepts et sa méthode, voir Jean-Claude Boulanger (1989), « L’évolution du concept de néologie de la linguistique aux industries de la langue », paru dans Caroline De Schaetzen, dir. « Terminologie diachronique » (colloque « Terminologie diachronique », Bruxelles, 25-26 mars 1988), Paris : Conseil international de la langue française/Ministère de la communauté française de Belgique ; voir aussi « Présentation : néologie, nouveaux modèles théoriques et NTIC », par Salah Mejri et Jean-François Sablayrolles, revue Langages 2011/3, no 183 ; « Problématique d’une méthodologie d’identification des néologismes en terminologie », par Jean-Claude Boulanger, paru dans « Néologie et lexicologie : hommage à Louis Guilbert », coll. Langue et langage, Librairie Larousse, 1979 ; « Fondements théoriques des difficultés pratiques du traitement des néologismes », par Jean-François Sablayrolles, paru dans la Revue française de linguistique appliquée 2002/1 (vol. VII). Voir aussi l’article de Robert Berrouët-Oriol, « La néologie scientifique et technique, un indispensable auxiliaire de la didactisation du créole haïtien » paru dans le livre collectif de référence « La didactisation du créole au cœur de l’aménagement linguistique en Haïti », Éditions Zémès, Port-au-Prince et Éditions du Cidihca, Montréal, 382 pages, 2021.) Sur le registre d’une lexicographie créole citoyenne, les linguistes aménagistes ainsi que les lexicographes doivent renforcer leur commune vision de l’aménagement linguistique en Haïti et, aujourd’hui plus que jamais, faire un plaidoyer basé sur les sciences du langage, un plaidoyer convaincant, rassembleur et ciblant l’aménagement du créole dans la totalité de l’École haïtienne et aux côtés du français, en conformité avec les articles 5, 32, 32.1, 32.2 et 40 de la Constitution haïtienne de 1987. Ce plaidoyer doit être conduit auprès des directeurs d’école et des parents, auprès des enseignants et plus largement auprès de la population afin de démontrer (1) que l’usage de la langue maternelle créole est un droit constitutionnel ; (2) que l’apprentissage scolaire en langue maternelle créole garantit une appropriation/rétention adéquate des matières enseignées ; (3) que l’usage de la langue maternelle créole dans l’acquisition des matières scolaires ne doit en aucun cas exclure l’apprentissage de la langue seconde, le français.
Contribution du linguiste-terminologue Robert Berrouët-Oriol
à la lexicographie haïtienne
Liste 1 / Lexicographie créole : 24 articles.
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Essai de typologie de la lexicographie créole de 1958 à 2022. Le National, 21 juillet 2022.
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Plaidoyer pour une lexicographie créole de haute qualité scientifique. Le National, 15 décembre 2021.
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Toute la lexicographie haïtienne doit être arrimée au socle méthodologique de la lexicographie professionnelle. Le National, 31 décembre 2022.
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Lexicographie créole : retour-synthèse sur la méthodologie d’élaboration des lexiques et des dictionnaires. Le National, 4 avril 2023.
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Lexicographie créole, traduction et terminologies spécialisées : l’amateurisme n’est pas une option… Le National, 8 février 2023.
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Dictionnaires et lexiques créoles : faut-il les élaborer de manière dilettante ou selon des critères scientifiques ?. Le National, 28 juillet 2020.
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Les défis contemporains de la traduction et de la lexicographie créole en Haïti. Le National, 8 juillet 2023.
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Le traitement lexicographique du créole dans le « Diksyonè kreyòl Vilsen ». Le National, 22 juin 2020.
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Le traitement lexicographique du créole dans le « Leksik kreyòl » d’Emmanuel W. Védrine. Le National, 14 août 2021.
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Le traitement lexicographique du créole dans le « Glossary of STEM terms from the MIT – Haïti Initiative. Le National, 21 juillet 2020.
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Le naufrage de la lexicographie créole au MIT Haiti Initiative. Le National, 15 février 2022.
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Le traitement lexicographique du créole dans le « Diksyonè kreyòl karayib » de Jocelyne Trouillot. Le National, 12 juillet 2022).
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Lettre ouverte au Département de linguistique du MIT : « Pour promouvoir une lexicographie créole de haute qualité scientifique ». Le National, 1er février 2022.
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Créole haïtien / Lettre ouverte à la Linguistic Society of America. Le National, 11 octobre 2022.
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La lexicographie créole à l’épreuve des égarements systémiques et de l’amateurisme d’une « lexicographie borlette ». Le National, 1er avril 2023.
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La « lexicographie borlette » du MIT Haiti Initiative n’a jamais pu s’implanter en Haïti dans l’enseignement en créole des sciences et des techniques. Le National, 3 juillet 2023.
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La lexicographie créole à l’épreuve de l’« English – Haitian Creole computer terms » / Tèm konpyoutè : anglè – kreyòl » d’Emmanuel W. Vedrine. Le National, 15 juin 2023.
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La lexicographie créole à l’écoute des enseignements de la dictionnairique. Le National, 16 mai 2023.
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La lexicographie créole, incontournable auxiliaire de l’aménagement linguistique en Haïti. Le National, 5 janvier 2023.
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Dictionnaires créoles, français-créole, anglais-créole : les grands défis de la lexicographie haïtienne contemporaine. Le National, 21 décembre 2022.
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Le « Dictionnaire de l’écolier haïtien », un modèle de rigueur pour la lexicographie en Haïti. Le National, 3 septembre 2022.
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La lexicographie créole à l’épreuve du « kreyòl machòkèt » en Haïti. Le National, 27 août 2022.
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Jean Pruvost et la fabrique des dictionnaires, un modèle pour la lexicographie haïtienne. Le National, 26 septembre 2021.
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Lexicographie créole : revisiter le « Haitian Creole-English Bilingual Dictionnary » d’Albert Valdman. Le National, 30 janvier 2023.
Liste 2 / Articles liés à la lexicographie créole : 11 textes
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L’état des lieux de la didactique du créole dans l’École haïtienne, une synthèse (1979 – 2022). Le National, 29 mai 2022.
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De l’usage du créole dans l’apprentissage scolaire en Haïti : qu’en savons-nous vraiment ?. Le National, 11 novembre 2021.
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Enseigner en langue maternelle créole les sciences et les techniques : un défi aux multiples facettes. Rezonòdwès, 24 juin 2021.
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L’aménagement du créole en Haïti et la réforme Bernard de 1979 : le bilan exhaustif reste à faire. Le National, 17 mars 2021.
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La néologie scientifique et technique créole à l’épreuve des mirages du « monolinguisme de la surdité historique » en Haïti. Le National, 19 mai 2022.
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L’aménagement du créole dans l’École haïtienne : entre surdité, mal-voyance et déni de réalité. Le National, 3 décembre 2021.
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L’aménagement du créole dans l’École haïtienne à l’épreuve de l’amateurisme et du « showbiz » cosmétique du ministère de l’éducation nationale. Rezonòdwès.org, 18 juillet 2023.
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Aménagement et « didactisation » du créole dans le système éducatif haïtien : pistes de réflexion. Le National, 24 janvier 2020.
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L’enseignement en créole à l’université en Haïti, un défi aux multiples facettes. Le National, 5 janvier 2021.
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Les dictionnaires et lexiques créoles, des outils pédagogiques de premier plan dans l’enseignement en Haïti. Le National, 18 août 2020.
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L’aménagement du créole en Haïti et les droits linguistiques au regard du projet de « Constitution » néoduvaliériste du PHTK : les sables mouvants d’une dérive totalitaire. Le National, 21 avril 2021.
Lexicographie, didactique et didactisation du créole : ouvrage collectif de référence
Titre : « La didactisation du créole au cœur de l’aménagement linguistique en Haïti ». Ouvrage conceptualisé et coordonné par Robert Berrouët-Oriol.
Co-auteurs : Robert Berrouët-Oriol, Guerlande Bien-Aimé, Sylvie Croisy, Jean-Durosier Desrivières, Renauld Govain, Alain Guillaume, Pierre-Michel Laguerre, Bonel Oxiné, Bartholy Pierre Louis, Hugues Saint-Fort, Charles Tardieu, Fortenel Thélusma, Frédéric Torterat, Albert Valdman, Georges Daniel Véronique, Lemète Zéphyr.
Éditeurs : Éditions Zémès, Port-au-Prince et Éditions du Cidihca, Montréal, 382 pages, 2021.
Ce livre collectif de référence a fait l’objet d’un compte-rendu de lecture réalisé par le sociolinguiste/sociodidacticien Philippe Blanchet, enseignant à l’Université de Rennes 2, paru en janvier 2022 dans les Cahiers internationaux de sociolinguistique no 19(2) : 135-140.
Article paru en Haïti sur AlterPresse le 25 juillet 2023