—Par William Plummer (Monde Académie)—
Désormais reconnu, le street art remporte depuis peu l’adhésion du grand public. Dans ce qui apparaît comme un phénomène planétaire, les artistes français se distinguent tout particulièrement.
A Vitry-sur-Seine, les murs se suivent mais ne ressemblent pas. Rue après rue, les œuvres de street art se succèdent, apportant une certaine poésie appréciée des Vitriots. Depuis près de cinquante ans, cette ville du Val-de-Marne mène une intense politique culturelle d’implantation d’œuvres urbaines : l’arrivée du street art à Vitry-sur-Seine n’a donc rien d’un hasard.
Initialement connu sous le nom « d’art urbain » ou « writing », cet art est apparu vers la fin des années 1960 aux Etats-Unis sous la forme de graffitis, tags, collages et autres affiches, dans les rames du métro new-yorkais. A l’origine assimilé à du vandalisme, ce nouveau moyen d’expression – des jeunes surtout – s’est imposé peu à peu comme un art à part entière jusqu’à rencontrer un succès fulgurant depuis la fin des années 2000.
Il s’est notamment considérablement développé à Vitry-sur-Seine à partir de 2008, année où C215, pochoiriste français, a posé ses bagages dans cette ville de 85 000 habitants et a décidé d’en faire sa plus grande aire de jeu. L’artiste a été rapidement contacté par la mairie, qui l’a aidé à développer son projet. Conscient de la liberté accordée par la mairie quant aux supports, C215 a accéléré l’opération : « J’ai invité plusieurs artistes français et étrangers à venir peindre à Vitry », la ville du Mac/Val, premier musée d’art contemporain en banlieue.
Au total, près d’une centaine d’artistes sont intervenus sur ces murs. « Il a fallu codifier, préciser aux artistes les règles à respecter concernant les supports utilisés, une sorte de charte de bonne conduite du domaine urbain », explique Alain Audoubert, maire (PC) de Vitry-sur-Seine. Aujourd’hui, la notoriété de Vitry est telle que les amoureux de street art viennent des quatre coins du monde pour immortaliser à coups de flash ou de vidéos ces œuvres fragiles et éphémères. Vitry-sur-Seine est devenu l’une des capitales du street art et une véritable vitrine de ce mouvement urbain.
Le street art à la conquête de Paris
Le 13e arrondissement de Paris a lui aussi succombé à cet art urbain. Le galiériste Medhi Ben Cheikh, après un tour de chauffe réussi à Montry, une petite ville de Seine-et-Marne qu’une trentaine d’artistes ont « décoré » à partir de 2009, a proposé à Jérôme Coumet, maire (PS) de cet arrondissement du sud parisien, d’en faire « un musée à ciel ouvert ». «Passionné d’art, il venait souvent dans ma galerie. Il a attrapé l’idée au vol », dit Mehdi Ben Cheikh. « J’ai voulu faire sortir la culture de ses traditionnels lieux de représentation pour l’offrir au plus grand nombre », a expliqué Jérôme Coumet au magazine TreizeUrbain.
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