Le Marché de l’art s’installe à la Fondation Clément

– par Selim Lander – Dans la Pinacothèque, la nouvelle salle de la Fondation Clément, cet écrin qui magnifie les œuvres qui y sont exposées, vient de s’ouvrir pour trois mois une exposition-vente réunissant trente-huit artistes caribéens, dont un bon nombre de Martiniquais. Autant dire que les habitants de l’île sont en pays de connaissance. Chacun aura plaisir à retrouver ses artistes favoris et à mieux faire connaissance avec d’autres. Mais la Fondation Clément étant visitée par de nombreux touristes venus d’un peu partout dans le monde, cette exposition est encore une merveilleuse occasion pour les artistes invités de se faire connaître urbi et orbi et, puisqu’il s’agit d’un marché, d’étendre le cercle de leurs collectionneurs par-delà les mers.

Maure

 

 

Cette exposition est consacrée à la peinture. Seuls trois artistes peuvent être rattachés à la sculpture, quoique ne travaillant ni la pierre ni le bois : Ernest Breleur est présent avec deux caissons de la série « Paysages célestes », Robert Manscour avec ses personnages de verre et Karine Taïlamé avec une pièce de joaillerie. Chez les peintres, le figuratif domine, l’art abstrait n’a plus la vogue d’antan. Ce qui n’empêche pas de belles réussites, comme on pourra en juger en parcourant cette exposition, ainsi le « Signe primal » de Maure, simple graffiti, signe de quelque chose mais de quoi ? Puisqu’il s’agit d’un marché de l’art les prix ont leur importance. Cette toile carrée de dimensions 100×100 est proposée à 2400 €.

Stonko Lewest

 

 

 

La nature morte d’Henri Guédon placée en tête de cet article est la seule qui s’affranchisse de de la surface plane de la toile, les fruits et légumes sont façonnés en relief avec du papier mâché (« La récolte du jardin créole », 79×95, 15000 €). Le « Combat de coqs » (200×200) flamboyant de Stonko Lewest est pour sa part proposé à 27000 €.

Patricia Donatien

La Pinacothèque se prête particulièrement à l’exposition d’œuvres aux dimensions imposantes comme le quadriptyque de Patricia Donatien : quatre femmes à la poitrine dévêtue et portant des calebasses qui se distinguent seulement par leur couvre-chef. Leurs visages en forme de masque sont néanmoins expressifs (« Adi, Julie, Annie et moi », 180x80x4, 10000 €). Samuel Gelas, toujours dans sa manière divertissante présente deux fresques dont « Portrait de classe II » avec chien débonnaire et maître (maîtresse?) halluciné (160×250, 5000€).

Samuel Gelas

Même si les prix, on le voit sur ce petit échantillon, varient énormément d’un artiste à l’autre, l’amateur devra avoir la bourse bien garnie s’il veut repartir avec une œuvre. Les sommets sont atteints par deux grandes fresques de 5 m de long affichées chacune 75000€ (!) : « Eu Topios, Paysage marin 1 à 6 (6 toiles accolées, 150×504,5) d’Hubert Edau et « Peyi mélé – quintèt » (150×500) de Goodÿ – Gilles Eugène. Seuls Cauquil, Caruge, Alain Dumbardon, Marie Gauthier, Ricardo Ozier-Lafontaine et Laurent Valère proposent des œuvres aux dimensions évidemment bien plus modestes autour de 1000€.

Marché de l’art – Exposition collective, Fondation Clément, Martinique, 21 avril-25 juillet 2023.