Par Pier Paolo Pasolini, Sergio Citti
Avec Franco Citti, Silvana Corsini, Franca Pasut
Date de reprise 6 juillet 2022
Synopsis :
Privé de Maddalena, en prison par sa faute, Accattone, petit proxénète lâche et sans scrupule, doit trouver un moyen de gagner sa vie. Il tente de retourner chez la mère de son fils, mais celle-ci le met dehors. Puis il rencontre Stella, une jeune fille pure et naïve, dont il tombe amoureux..
La presse en parle :
Télérama par Jacques Morice
Pureté et souillure, sacré et profane : on est bien chez Pasolini, qui filme les traîne-misère comme des personnages de drame antique. En panoramique se succèdent des visages, marqués, racés, tout un défilé de trognes empreint d’homo-érotisme. Et puis il y a la langue vivante, le dialecte romain, le théâtre de rue, les bravades, les défis, les empoignades, l’obsession de la nourriture — ce grand moment où la bande affamée délire dans un coin de cuisine autour de spaghettis en train de cuire. C’est trivial, brutal — la violence faite aux femmes n’est pas éludée. Mais Pasolini dépasse le néoréalisme par le biais du mythe. Les travellings à travers les terrains vagues herbeux sèment des graines de fatalité. Et la musique atteint au divin : cette Passion selon saint Matthieu de Bach, qui surgit par vague, nous fait chavirer.
Le Monde
Pier Paolo Pasolini, écrivain, connaissait bien l’univers des bidonvilles romains et de ses ragazzi . Accattone , son premier film, inspiré d’un de ses romans et se réfère au néoréalisme pour les décors réels. Mais, en même temps, le cinéaste avait inventé des visions (ainsi, le rêve d’Accattone) et une esthétique d’images très blanches, accompagnées par une musique de Jean-Sébastien Bach. Les critiques français furent soit fascinés, soit déconcertés. L’itinéraire tragique du souteneur ressemblant à un voyou de Jean Genet était traité comme une quête éperdue de la pureté. Une pureté d’ailleurs inaccessible. En Italie, où Pasolini n’était déjà pas en odeur de sainteté, le film fit scandale, pour avoir donné à des êtres déshérités une vie intérieure et des aspirations spirituelles.
Sens Critique par Nicolas Montagne
Seul film néo-réaliste de Pier Paolo Pasolini,Accatone est un film éprouvant, que trop peu de spectateurs ont su apprécier à sa juste valeur. Sous une histoire semblant misérabiliste à souhait et portée par un auteur qui n’est pas son élément, Accatone se révèle être un film sensible et intelligent sur l’acceptation de sa turpitude et la sensibilité.
Héros tragique, inconscient de ce qui se trame réellement, Accatone est en fait le digne successeur des héros des mythes grecs chers à Pasolini, comme il le démontrera plus tard avec Médée. Qu’on se souvienne de cette magnifique séquence de rêve qui montre à quel point Accatone n’arrive pas à quitter la réalité pour s’enfuir, et incidemment à quel point il veut quitter le monde des rêves pour ne pas perdre pied. Une séquence particulièrement riche où le son et l’image s’entremêlent pour préfigurer le dénouement qui sera,comme dans toute tragédie grecque,à la hauteur de la bonté (finale ici)du personnage principal…Proxenète en quête d’un impossible rachat de soi, Accatone rejoint l’idéal poétique de Pasolini.
On peut voir le film ici :
https://www.dailymotion.com/video/x28nqfl