— par Selim Lander — On est en droit de penser que beaucoup de lecteurs de Madinin’Art ont déjà vu cette pièce d’Ina Césaire mettant en scène deux demi-sœurs martiniquaises, Aure, chabine et qui s’efforce de rester distinguée, Hermance, foncée et qui ne fait pas de chichis. N’ayant pas la même mère elles ont reçu une éducation différente, la première devenue institutrice, signe d’élévation sociale à cette époque (elle est censée être née en 1914), la seconde restée une femme du peuple. La pièce joue à fond sur ce contraste entre les milieux, les deux caractères sont bien typés, la langue n’est pas la même chez chacune, pas plus que l’élocution et le maintien.
Cette pièce d’Ina Césaire, avec ses notations anthropologiques (justifiant le titre Mémoire d’îles), souvent représentée à la Martinique, a été déjà commentée et sur Madinin’art en particulier (1). Nous ne nous étendrons donc pas davantage, sauf pour souligner le jeu exceptionnel des comédiennes. On parle « d’incarner » un personnage : Catherine Césaire et Suzy Singa sont Aure et Hermance, de la tête aux pieds. Il faut dire que les années ont passé depuis qu’elles ont créé cette pièce (sous la houlette bienveillante de José Exelis).