7ème Édition des Journées du Matrimoine en Martinique : Célébrons l’héritage des femmes

Du 6 au 28 septembre 2024

L’association Culture Égalité a le plaisir de vous informer de la septième édition de la célébration de son mois du Matrimoine qui se déroulera tout au long du mois de septembre.

Depuis 2015, ces journées sont consacrées à mettre en lumière l’héritage culturel et historique des femmes, souvent négligé ou occulté, et à rétablir leur place légitime dans le récit collectif.

Le Matrimoine, c’est bien plus qu’un concept : c’est un engagement à réhabiliter la contribution des femmes au développement social, politique, économique et culturel de notre société. Comme le souligne George Arnauld, co-fondatrice de Culture Égalité, « Le Matrimoine, c’est donner aux femmes la place qu’elles méritent dans l’histoire de l’humanité ». En parallèle des célébrations du patrimoine, l’association rappelle que l’héritage des femmes mérite une reconnaissance équivalente et qu’il appartient à tous de s’en emparer pour une société plus juste.

Cette année, trois événements majeurs rythmeront cette septième édition :

1. Conférence « Vivre et agir : trois femmes marquantes des sociétés coloniales et esclavagistes de la Caraïbe »
Le vendredi 6 septembre à 18h30, Jessica Pierre-Louis, docteure en histoire, animera une conférence à la salle des plénières de l’ancien siège du Conseil général à Fort-de-France. Cette intervention mettra en lumière les parcours de trois femmes caribéennes qui, chacune à leur manière, ont marqué leurs contemporains dans des contextes coloniaux et esclavagistes. Une occasion unique de redécouvrir une histoire commune, plus complète et égalitaire, et de valoriser ces figures féminines méconnues.

2. Marche théâtralisée « Fanm an lari Foyal »
Le dimanche 15 septembre à 10h, une marche théâtralisée, mise en scène par Rita Ravier et Sarah-Corinne Emmanuel, traversera les rues de Fort-de-France. Cette performance artistique et historique retracera le rôle crucial des femmes dans les luttes sociales et politiques de la Martinique, en collaboration avec la ville de Fort-de-France et la bibliothèque Schoelcher. Voir le parcours ci-dessous.

3. Manifestation autour de l’insurrection du sud
Le week-end du 20 septembre, une série de manifestations commémorera l’insurrection du sud de la Martinique, soulignant la participation des femmes dans cet événement clé de l’histoire locale.

4. Lawonn Chanté à Sainte-Luce
Le samedi 28 septembre à 10h, la ville de Sainte-Luce accueillera une session de Lawonn Chanté animée par Sarah-Corinne Emmanuel. Cette célébration musicale mettra en avant les chants traditionnels qui ont traversé les générations, porteurs de mémoire et de résistance.

Ces journées du Matrimoine sont ouvertes à toutes et à tous, avec pour ambition de faire redécouvrir aux Martiniquais leur histoire sous un angle nouveau, en réintégrant les femmes dans le récit collectif. « Nous voulons que nos sœurs et nos filles puissent s’approprier ces histoires et en tirer des modèles, et que nos frères et nos fils reconnaissent pleinement le rôle des femmes dans la construction de notre société », affirme l’association Culture Égalité.

Rejoignez-nous pour célébrer cet héritage, pour apprendre, pour échanger et pour continuer à construire ensemble une société plus équitable et plus inclusive.

Parcours de la déambulation du 15 Septembre 2024

CARÉNAGE :
Le nom de ce quartier vient du nom commun « carénage » qui est, étymologiquement, le lieu où on entretient ou répare la carène des bateaux – et donc le lieu où ceux-ci viennent accoster. Les femmes étaient beaucoup plus nombreuses que les hommes sur le port, où elles travaillaient comme charbonnières, mais contre un maigre salaire. Alors, de 1864 jusqu’à la veille de la Première Guerre mondiale, l’Union des charbonniers et des charbonnières se battra pour faire valoir leurs droits. En 1957, avec la modernisation du port et l’arrivée des machines, le besoin de main d’œuvre s’affaiblit et les femmes seront chassées de leurs postes.

Assistez à un dialogue entre deux charbonnières : Ti-Nann, la syndicaliste, et Dèdèt, une travailleuse non syndiquée.

PAVILLON BOUGENOT :
Ancienne maison coloniale tenant son nom de Louis Bougenot, ancien ingénieur des Arts et Métiers, considérablement enrichi par la fabrication et la vente du sucre. Quelques années plus tard, l’Amiral Robert y installe son bureau de propagande vichyste.
En 1941, Aimé Césaire, Suzanne Roussi Césaire, René Ménil, Lucie Thésée, George Gratiant et Aristide Maugée créent la revue Tropiques. L’Amiral leur en a accordé l’autorisation malgré la position politique évidente de cette revue, car il est persuadé que la population martiniquaise ne comprendra pas le propos. Deux ans plus tard, la situation en Martinique s’est dégradée : c’est la période appelée “An tan Robè”. Le lieutenant Bell décide alors d’interdire la publication, traitant ses membres de « racistes » et d' »anti-français ». Une réponse collective lui est faite, on pense généralement qu’elle a été rédigée au nom de tout.es par Suzanne Roussi.
Découvrez cette lettre mise en dialogue.

RUE JOSEPH COMPÈRE :
A l’embouchure du Canal Levassor se trouve le port de Fort-de-France. C’est ce qui faisait de ce quartier un grand centre de commerce de gros, d’où le nom que reçut une de ses artères : Rue du Commerce. Quelques bâtiments en pierres de taille témoignent encore de l’ancien faste de cette rue. Elle prit le nom d’un « Grand Maître » et devint la Rue Joseph Compère, à la suite de la construction d’une loge maçonnique.

Voici quelques extraits d’une conférence que prononça, depuis cette loge, en mars 1931, Claude Carbet, une des premières franc-maçonnes de Martinique, sur le thème de l’émancipation féminine et des droits humains.

PLACE PAULETTE NARDAL :
La Place Paulette Nardal est l’ancienne place Fénelon, appelée communément aussi : L’Asile. Elle est proche de l’ancienne maison familiale des Nardal, située dans la rue Schoelcher. Aimé Césaire a rebaptisé cette place du nom de Paulette, l’aînée de la famille pour rendre hommage à cette femme, une des pionnières de « la fierté noire » et du féminisme en Martinique.

Faites connaissance avec Paulette et ses six sœurs cadettes.

PLACE TOTO BISSAINTHE :
Cette place, sise à la rue Bolivar aux Terres-Sainville, est située non loin de la maison qu’a habitée Toto Bissainthe, avec sa sœur Cayotte, à partir de 1978, avant leur départ pour la République Dominicaine. Toto Bissainthe est une chanteuse, compositrice et comédienne haïtienne engagée, venue s’installer en Martinique pour échapper à la dictature de François Duvalier. Après son décès, le 4 juin 1994 en Haiti, un arrêté municipal est pris l’année suivante, à la demande de L’Union des Femmes de la Martinique, pour qu’un espace placé au pied des « 44 Marches » porte le nom : Place Toto Bissainthe.

Le groupe « Lawonn chanté » interprète « Rasanbleman » chanson du répertoire de « chants noirs d’Haïti » de Toto Bissainthe.