— par Dégé —
Il est loin le temps ou des mouvements black révolutionnaires faisaient défiler « Femme nue » sur les images d’une main noire caressant le corps d’une femme blanche dénonçant ainsi l’hypocrisie senghorienne.
Ce poème autrefois encensé autant que décrié est devenu emblématique au point d’illustrer la clôture du Festival d’Avignon 2017. Le visage de Léopold Sédar SENGHOR immense sur la façade immense de la cour d’honneur du Palais des Papes…
Désormais pour ce public acquis au « Tous ensemble », le phénotype n’est plus discriminant, aussi a-t-il pu apprécier de découvrir, ou retrouver avec plaisir, la belle et chaude voix de ISAAC DE BANCOLE. Son phrasé et son rythme car la reconnaissance des poèmes n’était pas évidente. « Élégie pour la reine de Saba », « Prière » en partage avec A. KIDJO fut marquant, de même que le duo avec le jeune slameur, MHD, qui avait ses fans dans les gradins. Le guitariste Dominic JAMES, excellent, mais on peut regretté qu’une vraie kora n’ait représenté la sonorité naturelle de l’Afrique.
La mise en scène, plus que sobre et minimaliste, de Frédéric Maragnani donne bien l’impression de l’ensemble du spectacle. On reste sur sa faim, sur sa fin. Pas même une petite reprise. On devine que le Festival d’Avignon, avec le IN, plie bagages…
Heureusement quand d’une fenêtre ouverte au premier étage du mur explose comme un coup de foudre la Voix…la voix immense de ANGELICA KIDJO…!
Coiffée, vêtue de la raideur rose d’une ample robe de bazin, ses pas souples et dansants hypnotisent la cour. Elle s’immerge dans la foule des spectateurs, elle l’entraîne dans un chant dont ils ne se savaient pas capables. Angélique Kidjo est une force. Elle a une présence au monde communicative. C’est un ange. Un ange incarné.
Sa voix, à peine soulignée par la kora-guitare, est comme posée sur l’écrin que lui offre le saxophone de Manu Dibango. Celui-ci avec la maestria et l’élégance qu’on lui connaît accompagne Angélique en complice, en admirateur, en communion.
Et puis tous les quatre, avec Olivier PY évoqué, ont éteint les feux…