— Par Estelle Ledon —
Dans le cadre des 49èmes Journées Nationales d’Étude des infirmières puéricultrices (IPDE) qui se sont déroulées du 15 au 17 mai au Havre, l’ANPDE (Association Nationale des Puéricultrices Diplômées et des Étudiantes) a dévoilé les résultats de son enquête visant à évaluer la couverture vaccinale des enfants accueillis en crèche. Cette enquête, réalisée du 1er février au 30 mars 2024 par les infirmières puéricultrices – Référente Santé Accueil Inclusif (RSAI), a été menée auprès de 575 structures d’accueil sur le territoire national, recueillant des données sur un échantillon de 12 347 enfants nés entre 2021 et 2024. Rappelons que ce sont 11 vaccins qui sont désormais obligatoires chez les nourrissons nés à partir du 1er janvier 2018.
Les objectifs de l’enquête
Par cette enquête, l’ANPDE souhaite objectiver et évaluer par des données quantitatives la conformité aux vaccinations obligatoires pour les enfants accueillis, comprendre les défis et obstacles éventuels à une vaccination complète, et fournir des données probantes pour orienter les politiques de santé publique et trouver les leviers permettant une couverture vaccinale optimale.
Des chiffres inquiétants
L’enquête, menée du 1er février au 30 mars 2024, a permis de sonder 12 347 enfants dans 575 structures d’accueil sur le territoire. Il ressort que les Référents Santé Accueil Inclusif (RSAI) n’ont pu demander que 8 823 carnets de santé, soit 71,5%. Sur ces 8 823, seuls 6 737 carnets de santé ont pu être consultés et vérifiés, soit 76%. In fine, sur ces 6 737 carnets de santé consultés, l’enquête révèle que 25,3% des enfants ont un retard vaccinal.
Manque de temps dévolu aux missions des Référents Santé Accueil Inclusif
Pour interpréter ces chiffres, l’ANPDE précise que sur les 12 347 enfants sondés, 5 610 carnets de santé n’ont pas pu être demandés ou consultés par manque de temps dévolu aux missions des RSAI. Les missions des RSAI sont multiples, et les IPDE priorisent leurs actions sur des problématiques urgentes, comme les PAI (asthme, allergies, pathologies chroniques…) et le questionnement des familles et des professionnels sur le développement de l’enfant.
Pour autant, dans le cadre de ces missions, figure notamment celle de s’assurer de la bonne couverture vaccinale des enfants accueillis en crèche, ainsi que de mener des actions de promotion et de prévention de la santé. En conséquence le temps dévolu ne leur permet pas toujours d’assurer le suivi rigoureux du calendrier vaccinal.
Utiliser les ressources des RSAI
Lors de la présentation de ces résultats aux Journées d’Etude de l’ANPDE, le Professeur Gaudelus, pédiatre infectiologue et expert à Infovac-France, a rappelé les enjeux cruciaux de la vaccination. Il a exprimé le souhait que les infirmières puéricultrices puissent prescrire et vacciner les enfants dès la naissance, étant formées et au plus près des enfants au quotidien.
Ces résultats mettent en lumière la nécessité d’un renforcement des ressources allouées aux RSAI pour améliorer la couverture vaccinale des enfants en crèche. L’ANPDE appelle à une réflexion collective pour garantir que chaque enfant bénéficie des vaccinations essentielles à leur protection et à celle de la communauté.
Les enjeux vont au-delà de la vaccination et de la prescription. Le rôle des IPDE, présentes sur l’ensemble des secteurs clés pour la santé de l’enfant, est crucial : elles doivent informer, expliquer et garantir la prévention, assurant ainsi un accès aux soins partout et pour tous. Les récentes annonces faites par Frédéric Valletoux dans le cadre des Assises de la pédiatrie et de la santé de l’enfant doivent désormais être concrétisées. L’évolution de la formation des IPDE vers un Master 2 et l’intégration de compétences en pratique avancée permettra de proposer une réponse rapide et efficace aux besoins du terrain.
A propos de l’ANPDE – Créée en 1949, l’Association Nationale des Puéricultrices(teurs) Diplômé(e)s et des Etudiants (ANPDE) est la première association qui défend et rassemble les professionnels de la spécialité de puéricultrice. Elle vise à promouvoir une politique de santé ambitieuse pour les quelque 13 millions d’enfants, et à défendre leur intérêt et celui de leur famille. Elle représente les 20 000 professionnels diplômés de la spécialité et les étudiants dans les instances officielles, permettant ainsi l’évolution de la profession et la reconnaissance de la plus-value de la puéricultrice.
Paris, le 3 juin 2024