Le n° 378 de « Révolution Sociliste », journal du GRS —
Malgré la brièveté des délais de préparation, la mobilisation du lundi 30 décembre pour la libération immédiate de R.Petitot, a rassemblé une foule compacte et déterminée. Le renvoi des traditionnels « Boucans de la baie », la rapidité avec laquelle les gaz lacrymogènes ont été lancés sans aucune action préalable des manifestant·e·s montrent que la décision de maintenir Petitot n’avait que faire des plaidoiries des avocats, ni de l’intervention convaincante de l’intéressé. Ce dernier a eu beau concéder que ses propos n’étaient peut–être pas assez veloutés, de souligner le contexte qui prouve nettement le parti pris malveillant d’un parquet particulièrement balourd, rien n’y a fait. Petitot devait rester en prison malgré le vide du dossier d’accusation.
Le 21 janvier, il s’agira de monter le niveau de la mobilisation de solidarité. Les prises de position depuis le début, de la CGT et de la CDMT, l’implication des organisations du KREY MOUVMAN POPILÈ MATINIK, la participation à titre individuel de militantes et militants d’autres mouvements, aux côtés du RPPRAC, doivent déboucher sur une mobilisation suffisante pour que l’État et ses sbires prennent la mesure de la colère populaire.
Vous avez dit «Congrès de rupture»?
La CTM a donc décidé de convoquer un congrès des élu·e·s, et cette fois–ci avec l’accord de l’opposition « patriotique ». Le futur évènement se placera, ont dit les uns et les autres, sous le signe de la « rupture ». C’est bien entendu, le rôle des élus de se rencontrer, et par les temps de crise que nous vivons, de dessiner des perspectives, de fixer des objectifs, de définir des stratégies.
Serge Letchimy et la majorité de la CTM ont aussi entamé des rencontres avec des organisations de la société civile dont les syndicats ouvriers, les représentants du patronat, la direction du travail. Ces diverses rencontres devraient déboucher sur une énième « loi d’orientation pour l’Outre mer », et il était aussi question d’un « congrès du peuple » dont la fonction et les modalités n’ont pas été exposées.
Dans son allocution de vœux du nouvel an, le président de l’Assemblée de Martinique a levé un coin du voile en parlant de la nécessité d’une « concertation responsable » avec le pouvoir. Un discours plutôt soporifique annonçant dans les faits, un degré zéro de rupture. Comment croire en effet, à la sagesse aux colonies d’un gouvernement qui, dans la métropole coloniale elle–même, montre son entêtement tenace à ne tenir aucun compte des aspirations exprimées dans les urnes ou dans la rue ? Il est clair que toute stratégie qui ne serait pas basée sur la construction d’un rapport de forces dans et hors des institutions sera vouée à l’échec.
La construction de ce rapport de forces, suppose non pas que l’on concède au RPPRAC un strapontin dans ce congrès des élus, mais bien que les élu·e·s se soucient de construire un front commun avec les organisations populaires dans leurs diversités. Un front destiné à forger une plate-forme, à définir un plan de lutte, en toute indépendance à l’égard de l’État comme des classes dominantes locales ou extérieures.
En dehors de cette voie, c’est-à-dire de l’implication des couches les plus profondes du peuple dans la définition et la mise en œuvre des plans de sa propre émancipation, ce sont les Dominants et leur État qui mèneront la danse.
Le grand mot de « rupture », de « kaskod » si on préfère employer notre propre langue, suppose que l’on se hisse à ce niveau d’exigence. Et ce programme ne saurait signifier un repli sur soi national insulaire. Il appelle un lien entre les peuples colonisés, un lien de ceux-ci avec les masses populaires et progressistes de France qui se battent contre le même État.
Il est tard, bien tard, mais pas trop tard.
Réquisition des Grandes Surfaces et de la CMA- CGM !
Contrôle ouvrier et citoyen sur les grands plantations
La plainte portée contre le groupe GBH par des lanceurs d’alerte bien inspirés, l’article du journal libération sur les profits exorbitants de la multinationale, les propos plaintifs des Békés de la banane sur les subventions qu’ils reçoivent de l’union européenne prouvent, s’il en était besoin, que tout ce que le peuple obtiendra d’eux ne peut résulter que de la lutte et du rapport de forces.
Notre but final n’est pas de les jeter à la mer, mais bien de récupérer au profit du plus grand nombre, les richesses qu’ils ont accumulées par l’exploitation des masses, par l’héritage du rapt esclavagiste. En attendant la victoire révolutionnaire qui permettra cela, il ne s’ agit pas de quémander des miettes. Nous devons mettre en avant des revendications qui, pour être transitoires, n’en permettront pas moins de porter des réponses concrètes aux exigences populaires. Dans le prolongement de l’ouverture des livres de compte du grand commerce et du gros transport, nous devons nous battre pour imposer la réquisition de ces mastodontes de la pwofitasyon. Puisqu’ils refusent de négocier sérieusement, qu’ils violent les lois de leur propre système, et proposent des engagements pour 3 ans, réclamons une réquisition de 3 ans pour que la collectivité puisse leur imposer les mesures permettant d’avancer réellement.
Les grands planteurs pleurent le ventre plein, et font mine de craindre d’être mis sur la paille. Imposons le contrôle ouvrier et citoyen sur l’agriculture spéculative pour que la population puisse choisir sa politique agricole, définir la répartition des fonds européens, et fixer les salaires et les conditions de travail des ouvriers agricoles.
Il est clair que ce n’est pas autour du tapis vert qu’on arrachera de telles mesures, mais peut–on sortir de la misère actuelle sans un programme audacieux ?