— Par Olivier De Bruyn—
Dans son premier film, Ameen Nayfeh met en scène une famille séparée par le mur à la frontière israélo palestinienne… Ce film politique, sans didactisme, témoigne des douloureuses réalités locales et s’inscrit de façon puissante dans l’actualité. Zoom sur une des fictions les plus pertinentes et passionnantes du moment.
Il n’a rien d’un militant belliqueux, mais il refuse pourtant d’obéir docilement aux diktats qui affligent son pays, la Palestine, et son voisin, Israël. En guise de posture de résistant, Mustafa déplore que son jeune fils, un footballeur en herbe, rêve d’endosser le maillot d’un club israélien et, surtout, il n’accepte pas de vivre ailleurs que sur « ses » terres. Mustafa habite à proximité de la frontière et du mur et ne se rend en Israël que pour travailler ponctuellement sur des chantiers. Une démarche qui lui vaut, à chaque fois, de batailler pour obtenir les autorisations nécessaires et de se plier à d’innombrables et fastidieuses vérifications dans les checkpoints.
Comme celle de tant d’autres Palestiniens, l’existence de Mustafa est assujettie à des règles liberticides qui le contraignent, au quotidien, à devoir user de divers subterfuges pour mener une existence normale. Une situation d’autant plus douloureuse que Salwa, son épouse qui travaille en Israël, ainsi que ses enfants, vivent la plupart du temps de l’autre côté de la frontière, dans un appartement situé à… 200 mètres du sien. Le soir venu, Mustafa et sa famille communiquent avec leurs téléphones portables et se font des signes depuis les fenêtres de leur maison respective. Entre eux, un mur qui, malgré la proximité entre les deux logements, rend cette distance infranchissable et ampute leur existence. Le jour où Mustafa, averti d’un accident frappant l’un de ses enfants, doit d’urgence se rendre « de l’autre coté », il entame une odyssée de plusieurs centaines de kilomètres, à la fois absurde et dangereuse, pour franchir la « ligne » clandestinement et parvenir à ses fins…
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