— Par Gilbert Pago, militant du GRS —
Le Groupe Révolution Socialiste (G.R.S) a organisé une série de quatre conférences- débats sur le centenaire de la révolution russe de 1917 et le cinquantenaire de l’assassinat de Ché Guévara en 1967. Dès le début nous avions dit que cette double commémoration ne serait pas le prétexte à réciter des messes surannées mais l’occasion d’un échange militant critique, éclairé par toute l’expérience accumulée depuis et par les nouveaux travaux de recherche effectués sur ces sujets par des intellectuels obstinés, minutieux et tatillons.
Nous avions retenu une relecture des évènements russes de 1917 à 1924 à partir des structures de base et du peuple qui vivait, faisait la révolution, y souffrait et modifiait ses comportements et réactions. Si la guerre civile, le communisme de guerre, la famine sont des conditions terribles comment se sont aussi greffés le bureaucratisme, la régression, la mainmise des arrivistes et du stalinisme qui démantèlent les cadres de la révolution et en modifie les objectifs. Nous avions aussi voulu voir le Ché dans sa pratique d’une révolution cubaine s’ouvrant à l’Amérique latine puis au monde et qui ne devait être que socialiste pour qu’elle ne soit pas une caricature de révolution. Nous avions voulu revoir cette révolution déclenchée par une manifestation de femmes et qui a mis à côté des trois groupes des Socialistes révolutionnaires, des Menchéviks et des Bolchéviks tous venant des Sociaux-démocrates des femmes de la dimension d’inessa Armand, d’Alexandra Kollontaï, de Nadejda Krouspkia. Une révolution qui accorde le droit de vote aux femmes, qui met des femmes pour la première fois au monde, à des postes de ministères, qui nomme pour la première fois à des postes d’ambassadrices, qui pour la première fois autorise l’avortement, le droit de disposer de son corps, le divorce par consentement mutuel, le rejet de la notion d’enfants illégitimes, le droit pour la femme de garder son nom au mariage et pour le mari celui de choisir s’il le veut le nom de sa femme. Mais nous avons voulu comprendre les reculs, la bureaucratisation, la dégénérescence et la perte de tous ces acquis féministes. Nous avons voulu nous plonger dans ce que la révolution russe annonçait d’important avant sa déformation dans le combat pour l’écologie et que nous replaçons aujourd’hui dans la réflexion de l’écosocialisme. Nous n’avons par contre pas eu la possibilité d’ajouter le thème sur la question nationale, mais nous y reviendrons surtout que nos propres revendications tant en Guadeloupe ( pour laquelle nous sommes dans le cinquantenaire du drame de mai 67) et la Martinique avec notre couac de la CTM puis aujourd’hui les mobilisations en Guyane, en Kanaky mais aussi en Catalogne, en Ecosse ou au Québec.
Sur les quatre thèmes retenus, la cinquantaine de présent.e.s de notre débat du 4 novembre et la quarantaine de participant.e.s du 10 novembre peuvent témoigner que cette ambition a été atteinte. Lénine, Trotsky, Ché n’ont pas été traités comme des icônes dépolitisées mais comme des combattants de l’émancipation humaine mêlant étroitement l’action et la réflexion en liaison étroite avec leurs camarades et le mouvement des masses, avec leurs découvertes lumineuses et leurs erreurs aux conséquences parfois tragiques. L’écoute passionnée du public découvrant des problématiques peu mises en avant sur le Ché, des faits éloquents sur les femmes dans la révolution russe ou dans la confrontation avec la régression stalinienne, des anecdotes éclairantes sur Lénine et la question écologique, ou des réflexions sur la question du prolétariat, des formes de son pouvoir, les modalités de sa dépossession politique a permis à chacun de mesurer l’actualité parfois terrible des questions posées. Tout cela explique la demande qui est faite à Marie-Jo Sellaye Hardy-Dessources, à Philippe Pierre-Charles et à nos invité.e.s du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) Patrick Le Moal et Christine Poupin( une des trois porte-paroles du NPA aux côtés de Besancenot et Poutou) de mettre à la disposition des malheureux absents à ces deux manifestations une version écrite de leurs interventions que nous publierons.
Gilbert Pago
Militant du GRS.