Insultes, agressions, harcèlement, discriminations… Ils/Elles racontent l’homophobie au quotidien
— Propos recueillis par Alexandre Fache —
Alors que le rapport annuel de SOS Homophobie est rendu public ce mardi, montrant une intolérance toujours bien « installée » dans la société, l’Humanité a recueilli des témoignages de victimes. Extraits.
Hélène, 24 ans, assistante administrative aux Pages jaunes
« Au lycée, je n’ai pas eu de soucis avec les autres élèves à part un manque d’information qui conduisait à des situations désagréables. Les autres filles ne voulaient pas être dans le même vestiaire que moi, elle avaient ‘peur’ que je les drague.Après leur avoir expliqué que l’homosexualité ne revenait pas à essayer d’avoir des relations sexuelles avec chaque fille que je croisais, tout s’est beaucoup mieux passé. J’ai répondu aux questions qui m’ont été posées, les jeunes ignorant souvent comment les relations lesbiennes se passent dans la pratique et notamment sur le plan sexuel.
J’ai vécu une agression dans le quartier de Beaubourg en 2008: de nuit,quatre jeunes hommes ont voulu ‘m’apprendre ce qu’est un mec’, mais heureusement je n’étais pas seule et mes amies les ont fait fuir en menaçant d’appeler la police.J’ai ensuite commencé à travailler en cuisine et ai dû m’accommoder de certaines réflexions récurrentes sur les gays:’enculés, pédés… » et bien sûr toujours réexpliquer que ma vie était tout à fait normale. Certains collègues m’ont aussi proposé de m’aider à me soigner.Encore une fois, l’ignorance est la cause première de ces problèmes. Après quelques mois, certains ont rencontré ma compagne et les réflexions ont presque disparu.
Dans le même temps, les débats autour du mariage pour tous ont commencé, déjà engagée politiquement j’ai très mal vécu cette situation d’homophobie quotidienne, les tracts et les manifestations qui m’oppressaient, dans ma gare, devant chez moi.J’ai eu quelques altercations avec des militants manif pour tous et ai choisi de coller moi aussi des affiches et des autocollants dans mon quartier.Certains m’ont craché dessus, j’ai entendu les autres me traiter de « déviante », « sale gouine », « salope », « pute »…J’ai bien sûr reprécisé le sens de ces deux derniers mots qui semblait avoir échappé aux mères de famille qui me faisaient face.
Je suis aujourd’hui dans une grande entreprise, je n’ai jamais caché mon homosexualité et il semblerait qu’elle ne dérange personne.Je vis cependant dans un quartier bourgeois d’Asnières sur seine (92) et croise régulièrement des gens pour qui je suis une malade, pour qui j’ai des « relations contre nature ».Je vis assez mal l’homophobie de la société parce que je suis consciente que certains groupes veulent me voir disparaître de leur environnement. Les débats dans les cafés, les blagues entre amis me mettent mal à l’aise. J’entends toujours ces mêmes phrases: « c’est pas un truc de pédé », « taffiole » et je ne peux m’empêcher d’avoir mal à l’idée que ce que je suis ne sera jamais vraiment reconnu.
Je suis une femme, passionnée de cuisine, handicapée suite à une erreur médicale.
Je suis une jeune qui a des projets de mariage et d’enfants.
Je suis une adulte qui travaille et vit normalement.
Je suis une belle-fille et une belle-sœur acceptée par la famille de ma moitié.
Je suis une fille qui a renoué avec sa mère après un coming out difficile.
Enfin dans l’intimité je suis la femme de ma compagne et ça ne devrait regarder que nous. »
Sébastien et Jean-Chistophe, 26 et 50 ans, Paris
« Le jeudi 16 octobre à 20h40, nous avons subi une agression homophobe d’une violence inouï, à la station Laumiere, à Paris. Depuis cette date, le bras droit de mon ami est totalement paralysé, inutilisable et très douloureux. Depuis cette date, il est dans l’incapacité d accomplir les actes du quotidien sans moi: se laver, manger, s’habiller… L’agression a commencé verbalement à Gare du Nord suite à un « mon chéri » dit par mon ami. La personne à côté de nous a commencé à nous traiter de « sale PD ! sale PD ! » avec une haine viscérale dans sa voix et ses gestes. Nous sommes allés vers elle pour lui demander quel était son problème avec l’homosexualité et ses propos haineux ont continué à se déverser sur nous.
Arrivé à la station Laumière, la situation a dégénéré. La personne a sorti un câble électrique de gaufrier long de 1 mètres qui se trouvait dans son sac à main et à commencer à nous frapper avec. Mon ami a finalement réussi à la faire fuir en la plaquant contre le mur mais c’est à ce moment là qu’elle lui a arraché le bras. (…)
Mardi, 12 Mai, 2015
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