— Par Christophe Deroubaix —
Il y a soixante ans, le mouvement des droits civiques remportait une victoire historique avec un arrêt de la Cour suprême qui ordonnait la déségrégation dans les écoles publiques. Le début d’une décennie de luttes qui débouchèrent sur le vote de la loi sur les droits civiques en 1964.
C’était un temps où la Cour suprême des États-Unis faisait déjà la pluie et le beau temps mais elle y faisait plutôt le beau temps. C’était un matin de printemps des « fifties », le 17 mai 1954 pour être exact. La plus haute juridiction du pays avait à juger une affaire opposant Linda Brown au bureau de l’éducation.
La première est une élève noire, habitante de Topeka, au Kansas. En 1951, sa famille veut l’inscrire à l’école la plus proche du domicile : une école blanche alors que l’établissement réservé aux Noirs est distant de plus d’un kilomètre. Inscription refusée. Le père de Linda porte l’affaire en justice. La loi de l’État du Kansas autorise le principe des écoles séparées dans les villes de plus de 15 000 habitants, mais seulement pour le cycle primaire. L’avocat en charge du dossier se nomme Thurgood Marshall. Il est missionné par la National Association for the Advancement of Colored People (Association nationale pour la promotion des gens de couleur), organisation des droits civiques fondée au début du XXe siècle. Il ne sait pas encore, et pour cause, qu’il sera le premier juge noir nommé à la Cour suprême en 1967. En attendant, devant la juridiction, il mène une class action, car en plus de la jeune Brown, il a rassemblé plusieurs cas similaires.
Les prétoires sont devenus depuis le début des années 1950 des théâtres privilégiés de la lutte contre la ségrégation. Des cours fédérales l’ont dénoncée mais refusent parfois d’ordonner l’intégration des élèves noirs dans des écoles blanches. L’administration Truman fait savoir qu’elle considère la ségrégation comme inconstitutionnelle, sauf que ce n’est pas au pouvoir politique de juger mais au pouvoir judiciaire. Consultée une première fois en 1952, la Cour suprême reporte sa décision à l’année suivante, car ses juges sont partagés. En 1953, en remplacement de Fred Vinson, décédé, le président Eisenhower nomme président de la Cour, Earl Warren, un républicain partisan de la déségrégation.
Le 17 mai 1954, à l’unanimité des neuf juges, la Cour suprême des États-Unis rend son arrêt 347, connu sous le nom de Brown v. Board. Il y est écrit : …
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