15ᵉ anniversaire du référendum du 10 janvier : retour sur un moment décisif pour la Martinique

— Par Sabrina Solar —

Le 10 janvier 2025 marque le 15ᵉ anniversaire d’un événement marquant de l’histoire politique de la Martinique : le référendum du 10 janvier 2010. Ce scrutin, organisé simultanément en Guyane, invitait les populations des deux territoires à se prononcer sur une réforme statutaire majeure, proposant une autonomie accrue en vertu de l’article 74 de la Constitution française.

Un contexte de crise et der éflexion

Ce référendum a vu le jour dans un contexte de tensions sociales sans précédent. La grève générale de 2008-2009, marquée par des revendications liées à la vie chère et à une crise économique pesant lourdement sur les Antilles, a suscité un débat profond sur l’avenir institutionnel de ces territoires. En réponse, le gouvernement français, en accord avec des élus locaux, a proposé une consultation sur le passage du statut de département-région d’outre-mer (article 73) à celui de collectivité d’outre-mer (article 74).

Une consultation aux résultats sans appel

Les Martiniquais ont massivement rejeté cette proposition, avec près de 79,31 % des voix en faveur du « non ». La participation a atteint 55,32 %, un taux révélant un intérêt significatif pour la question, malgré une abstention notable. Ce rejet traduisait les préoccupations de nombreux habitants face à l’incertitude des bénéfices d’un tel changement statutaire.

Des arguments contrastés

Les partisans du « oui », regroupés notamment au sein du Rassemblement Martiniquais pour le Changement (RMC), défendaient l’idée d’une plus grande autonomie comme levier pour répondre aux besoins locaux avec davantage d’efficacité. Selon eux, cette réforme permettrait d’accroître les compétences des instances locales et d’améliorer la gestion des crises socio-économiques. À l’opposé, les opposants, majoritairement issus de la droite, doutaient des retombées concrètes de cette autonomie et craignaient une perte de l’égalité des droits avec les autres départements français.

Une seconde consultation pour une nouvelle direction

Deux semaines après ce rejet, le 24 janvier 2010, un second référendum a proposé une alternative : la création d’une assemblée unique pour remplacer le Conseil général et le Conseil régional. Cette solution a été largement approuvée, menant à la création de l’Assemblée de Martinique, opérationnelle depuis le 1ᵉʳ janvier 2016.

Un héritage toujours vivant

Quinze ans plus tard, le référendum du 10 janvier 2010 demeure une étape clé de l’histoire politique martiniquaise. Il illustre la complexité des choix institutionnels pour un territoire aux aspirations multiples, partagé entre un désir de renforcement de ses spécificités locales et une attache profonde à la République française.

Cet anniversaire est l’occasion de réfléchir à l’évolution des rapports entre autonomie locale et solidarité nationale, un débat qui, loin d’être clos, continue de façonner l’avenir de la Martinique.