Alors que la disparition de la chaîne des outre-mer est prochainement programmée, des personnalités dont Erik Orsenna, Lilian Thuram, Marius Trésor et Audrey Pulvar lancent un appel pour maintenir et transformer France Ô.
125 personnalités lancent un appel pour sauver France Ô
Tribune. Avec son réseau de neuf stations dans les départements et territoires d’outre-mer et sa station de Malakoff, France Ô est une chaîne unique dans le paysage audiovisuel français.
La décision annoncée en juillet 2018 de la supprimer a suscité un vif émoi parmi les ultramarins qui y ont vu une manière d’être traités comme des «citoyens entièrement à part» et par les téléspectateurs de la chaîne qui louent la qualité de ses programmes.
A travers la diffusion de ses concerts de zouk, de maloya, ou de ukulélé, de ses émissions littéraires, de ses pièces de théâtre d’Aimé Césaire, de ses fictions venant de Nouvelle-Calédonie ou de l’île de la Réunion, de ses documentaires sur l’histoire et la mémoire, la chaîne France Ô est le reflet de ce que l’écrivain martiniquais Edouard Glissant qualifiait de créolisation du monde, un espace où dialoguent les cultures de l’archipel France.
A ce titre, France Ô contribue fortement à soutenir la filière économique culturelle des outre-mer en soutenant les artistes, les producteurs d’émissions, les cinéastes et les producteurs de fictions des outre-mer à qui elle offre une diffusion nationale et internationale en plus des diffusions locales assurées par les chaînes Première. Supprimer France Ô en ce moment reviendrait à priver les artistes et les acteurs culturels de ressources.
Supprimer France Ô c’est aussi ôter aux téléspectateurs des départements et territoires une chaîne qu’ils apprécient.
Si son audience atteint 0,6% en 2018 dans l’Hexagone, elle y est multipliée par deux en Guadeloupe et se monte à 6,4% à Mayotte, 6% en Guyane, et 5,4% en Polynésie (Mediamétrie 2019-2020). Dans les outre-mer, elle devance régulièrement les chaînes France 5 ou France Info. C’est dire si elle est appréciée. Viendrait-il à l’idée d’un décideur de supprimer France 5 au prétexte qu’elle ne réalise pas de bons scores d’audience en outre-mer ? Evidemment non.
C’est pourquoi nous estimons que le recentrage de la chaîne sur les outre-mer, entamé il y a quatre ans, doit être amplifié. France Ô doit devenir la chaîne des territoires des outre-mer mettant l’accent sur la transition écologique, la valorisation des cultures et des talents au service de l’ambition stratégique de la France dans le monde.
Une chaîne des outre-mer qui doit s’adresser tant au public ultramarin que métropolitain épris de découverte, curieux du monde et de sa diversité.
Ainsi, France Ô doit être le lieu de rendez-vous par excellence du patrimoine, des langues et des cultures des outre-mer soulignant le «singulier pluriel de leurs identités métisses» selon le mot du poète guadeloupéen Daniel Maximin.
Les outre-mer, en dépit de lourds handicaps structurels, sont des lieux de grande créativité économique dans le monde de l’entreprise et en particulier dans le numérique : France Ô, média global alliant télé, radio et son portail internet, doit devenir l’espace de la relance économique de ces territoires.
De même, elle doit devenir dès maintenant la chaîne du sport : avec Teddy Riner, Marie-José Pérec, Raphaël Varane, Jackson Richardson, Lilian Thuram pour ne citer qu’eux les outre-mer sont des terres de champions qui assurent à la France son rayonnement mondial dans le domaine sportif. France Ô a donc vocation à être la chaîne de la préparation et de la montée en puissance des Jeux olympiques de 2024 à Paris.
En outre, la chaîne doit être promue car elle assure la représentation de la diversité dans le paysage audiovisuel français. Basée à Malakoff en Ile-de-France, France Ô est aussi un puissant outil qui relie par ses informations le million d’ultramarins de l’Hexagone aux outre-mer. Ses programmes en matière d’histoire et de mémoire font autorité et de la chaîne un modèle de vivre ensemble et de tolérance.
Selon le rapport du CSA de décembre 2018, sans France Ô la part de la représentation des personnes perçues comme résidents en outre-mer dans les journaux d’information toutes chaînes confondues de la TNT atteint 0,3%, avec France Ô ce taux monte à 9% ! Ce qui prouve, s’il le fallait, la nécessité de la chaîne comme puissant instrument de lutte contre les discriminations.
De même, France Ô doit être pleinement intégrée à France Télévisions et disposer d’une compétence transverse qui lui permette de bâtir et de piloter de solides programmes avec les moyens des chaînes du groupe France Télévisions France 2, France 3, France 4, France 5 ce qui accroîtrait considérablement sa force de frappe budgétaire réduite aujourd’hui à 25 millions d’euros. Pour cela, le Pacte de visibilité, signé en 2019 entre l’Etat et France Télévisions, doit être complété dans ce sens.
Autre proposition : France Ô doit devenir la chaîne de service public dédiée à la transition écologique, à l’environnement, à la biodiversité, 85% de la biodiversité française se situant outre-mer.
Grâce à ses outre-mer, la France est le deuxième espace maritime mondial. Nous proposons dès lors que France Ô devienne la chaîne de la mer en mettant en valeur les richesses et les problématiques liés à la mer et à la pêche avec un grand magazine dédié qui lierait les marins, les ultramarins et les amoureux de la mer.
Avec son réseau de dix stations avec les chaînes outre-mer Première, France Ô doit être un outil incontournable pour l’influence de la France dans le monde. Elle doit servir de catalyseur pour la valorisation des productions et de la diffusion des œuvres audiovisuelles et culturelles de la francophonie dans les aires géographiques de l’océan Atlantique, de l’océan Indien et de l’océan Pacifique.
Maintenir et transformer France Ô, c’est apaiser, inclure, et non pas exclure les outre-mer dans la difficile période qui s’ouvre en mettant à profit la formidable force de frappe que constituent ces chaînes Première et leurs territoires.
Cela serait, à n’en pas douter, une manière de «réconcilier la France» et de «rétablir la confiance dans une France unie» selon le vœu du président de la République, Emmanuel Macron. Une République que l’outre-mer a sauvée deux fois et qu’il n’a jamais trahie.
Signez la pétition sur change.org
Liste des premiers signataires :
Erik Orsenna, de l’Académie française ; Dominique Wolton, CNRS ; Louis-Gérard Salcede (Journaliste) ; Lilian Thuram, ancien champion du monde de football, président de la Fondation éducation contre le racisme ; Pascal Legitimus, comédien, réalisateur ; Firmine Richard, comédienne ; Audrey Pulvar, journaliste ; Claudy Siar, journaliste, animateur RFI ; Pierre Richard, comédien ; Marius Trésor, ancien capitaine de l’équipe de France de football ; Greg Germain acteur, réalisateur, producteur, ancien président du festival off d’Avignon ; Mikaa Mered, professeur de géopolitique, Ileri, Paris ; Francois Durpaire, historien, maître de conférences en sciences de l’éducation ; Serge Romana, professeur de médecine ; Frédéric Régent, maître de conférences en histoire université Paris-I-Sorbonne ; Marcel Dorigny, professeur d’histoire, université Paris-VIII ; Christina Horvath, professeur en politique française, université de Bath ; Maurice-Antoine Lafortune avocat général honoraire à la Cour de Cassation ; Patrick Karam, vice-président de la région Ile-de-France, ancien délégué interministériel à l’égalité des chances des Français de l’outre-mer ; Nassima Dindar, sénatrice, UDI, île de la Réunion ; Axel Urgin, maire-adjoint de Créteil, ancien secrétaire national à l’outre-mer PS ; Jacques Galvani, ancien président du Club XXI siècle ; Pascal Blanchard, historien ; Marie José Alie, journaliste, écrivaine, musicienne ; Suzanne Dracius, écrivain, professeur de lettres classiques ; Tanya Saint Val, chanteuse, auteure, compositrice ; Michel Reinette, journaliste, réalisateur ; France Zobda, productrice, réalisatrice ; Jacques Schwarz-Bart, musicien ; Dédé Saint Prix, auteur, compositeur, interprète ; Christiane Obydol, chanteuse groupe Zouk Machine ; Théo Sulpice, chanteur, auteur, compositeur ; Sylviane Cédia chanteuse, auteur, compositeur ; Franck Nicolas, musicien, compositeur ; Tricha Evy, chanteuse, auteur, compositeur ; Mario Canonge, pianiste, auteur, compositeur ; Annick Tangorra, chanteuse de jazz ; Dominique Taulliaut, musicien ; Alex Bernard, chanteur ; Ralph Thamar, chanteur, auteur, compositeur ; Arnaud Dolmen, batteur, compositeur ; Alain Foix, écrivain, directeur de théâtre ; Alain Jean-Marie, pianiste, compositeur ; Jean-Claude Montredon, batteur, percussionniste ; Max Zita,a rtiste, producteur ; Maë Defays, auteure, compositeur, interprète ; Medhy Custos, auteur, compositeur, interprète ; Sylvain Padra, chanteur, polyvoix cultures Montpellier ; Marie-Noëlle Eusèbe, comédienne ; Emilie Benoit, comédienne ; Chantal Loial, chorégraphe, rirectrice du Mois Kreyol ; Michel alias Djokla, auteur, compositeur, interprète, Strasbourg ; Olivier Girault, ancien champion olympique de handball, président de la ligue nationale de handball ; Malia Metella, vice-championne olympique, championne d’Europe de natation ; Luc Sonor, ancien international équipe de France de football ; Alain Couriol, ancien international équipe de France de football ; François Guilbeau, ancien directeur général de RFO ; Roger Ramchetty, délégué général honoraire de l’université de la communication de l’océan Indien ; Franck Salin, écrivain, réalisateur ; Nassuf Djailani, écrivain ; Migail Montlouis-Felicite, rédactrice, photographe ; Jean-Claude Barny, producteur, réalisateur ; Joël Rejant, producteur, réalisateur ; Mikaele Tui, retraité ex-affaires culturelles de Wallis et Futuna ; Marie-Line Ampigny, chargée de communication ville du Diamant, Martinique ; Frederic Tyrode Saint Louis, producteur, réalisateur ; Olivier Tharsis, producteur ; Daniel Dalin, président du Crefom ; Jenny Hippocrate , présidente de l’APIPD ; José Pentoscrope, président du Cifordom ; José Althey, président de Planet Caraïbes ; Georges Garnier, président de l’Académie Culinaire du Monde Créole, Chantal Clem, présidente de Femmes Totem d’Outre-Mer ; Laini Cultier (Présidente Science Her) ; René Silo, président de l’Association pour la promotion des sportifs ultramarins ; Jacques Ambrosio, président Association Accolade ; Daniel Delinde, président de l’Amitag de Meaux ; Gisèle Bourquin, présidente de Femmes Au-delà des Mers ; Antoine Bordin, président de la Fédération Carnaval Tropical Européen ; Octave Cestor, fondateur du mémorial de l’abolition de l’esclavage à Nantes ; Lydia Jean, présidente de Lyannaj Bitasyon Créole ; Loic Iscayes, cofondateur du réseau Outre-mer Jeunesse ; Dario Lutchmayah, président Fédération des associations Outre-mer Provence-Alpes-Côte d’Azur ; Solange Cabit, présidente du Cromvo Sarcelles ; Dr Marie-Antoinette Séjean, présidente de Nutricreole ; Pierre Pastel, sociologue, président du Cegom ; Chantal Ahounou, historienne ; Manuel Allamelou, consultant, militant, associatif et politique ; Chantal Dagnaud-Plumain, lobbyiste en fonds européens, Lyon ; Patricia Chadenay-Rivauday, présidente de Vivre, Guadeloupe ; David Auerbach-Chiffrin, avocat, militant associatif ; Kamaldine Attoumani, fondateur Collectif des Citoyens de Mayotte ; Jim Michel-Gabriel, avocat ; Raphael Kaikilekofe, artiste peintre, collectif Siapo ; Marielle Cafafa, cheffe d’orchestre ; Carla Genus, DJ ; Marie-Pierre Saget-Joliviere, avocate ; Michel Degorce-Dumas, président du Festival Rochefort Pacifique ; Albert Couriol, ancien journaliste photographe ; Catherine Moreau, maire-adjointe de Nice, conseillère départementale ; Baco, auteur, compositeur, interprète ; Meghane Monatus, cheffe d’entreprise, créatrice de mode ; Kathy Offranc, journaliste ; Tefukafalau Kalaga, déléguée Pacifique Académie Culinaire du Monde créole ; Fred Buram, musicien, compositeur, Marseille ; Jocelyne Marie-Joseph, journaliste ; Flora Pistol, fonctionnaire retraitée ministère de la Culture ; Irène Bicep Layko, comédienne, danseuse, chanteuse ; Marie-Jeanne Serbin, fondatrice et directrice du magazine Brune ; Ketsia Jermisi Samson, chanteuse ; Guillaume Delenclos, président de l’association l’Or des îles ; Marie-Ange Thébaud, autrice, Toulouse ; Adele Belmont, chanteuse lyrique ; Celine Languedoc, chanteuse gospel ; José Vatin, écrivain ; François Thomas, directeur du magazine Brune ; Lucien Jolet, photographe ; Teofilo Chantre, auteur, compositeur, interprète ; Suriam Jackson, éditeur Océana Magazine ; Meddy Gerville, pianiste, compositeur ; Lycinais Jean, chanteuse, autrice, compositrice ; Carole D’Alexis, consultante ; Touali Montredon, producteur ; Lydia Lawrence, chanteuse ; Guy Fanfant, chanteur, compositeur, chef d’orchestre ; Franciane Héron, communicante
Source : Liberation.fr