Pour la seconde année consécutive la Maison des Associations et de la Vie Culturelle de Bellefontaine réitère son exposition éphémère « A la rencontre de l’artiste ».
Cette première édition se tiendra le 12 mars 2022, en prolongement de la journée internationale des droits des femmes du mardi 08 mars.
Il s’agit ainsi pour la ville de Bellefontaine de montrer, au gré des différents évènements proposés, les créations de plusieurs femmes artistes engagées dont les œuvres présentent des esthétiques diverses mais dont le sujet prend racine dans une quête identique : questionner, dénoncer si nécessaire la situation de la femme dans nos sociétés.
« Toutes les actions qui font avancer les Droits des femmes sont bonnes à prendre » déclarait Françoise Héritier, anthropologue et militante féministe.
Les artistes de l’exposition éphémère ont choisi la force émancipatrice de l’art pour explorer les thématiques du corps, de la souffrance, de la représentation de soi …à travers la peinture, la sculpture, les installations et le théâtre.
Des plasticiennes des associations l’art Gonds Tout et PABE renforcées par la peintre Lee mettent en scène leur univers artistique dans une balade immersive intitulée « Avec Ailes ».
Les visiteurs et visiteuses seront accueill-e-s à l’entrée de l’exposition par « Les gardiennes », installation des artistes Isabelle PIN et Garance VENNAT RAGOT.
« Tu me pulvérises, me submerges, m’humilies… et tu dis que tu m’aimes ! ». A ce leitmotiv des hommes violents répondra l’écho des femmes résistantes et combatives « Je suis la femme de ma vie » : Femme eau, femme bois, femme végétale, femme résiliente…Je m’aime telle que je suis.
A l’instar des « gardiennes » du roman féministe d’Ernest Pérochon, les statues d’Isabelle et de Garance mènent à leur manière un long combat pour imposer leur émancipation.
« Eclats de femmes » : Morceaux de vie, morceaux d’âme, morceaux de chair…femmes brisées qui sans cesse se reconstruisent pour dresser un rempart face à toutes les violences.
C’est en passant devant un amoncellement de mannequins usagés, démembrés…jetés, abandonnés par une grande enseigne de prêt à porter que Marie ALBA a trouvé son inspiration : Que signifiait un tel charnier de femmes en celluloïd sur lequel planait un regard indifférent ? Grâce au regard de l’artiste, ces simulacres du corps humain deviennent sujets de dénonciation et porteurs de messages.
Marie récupère des mannequins « femmes » en résine ou en fibre de verre mis au rebut, elle les redresse, les transforme, les sublime par les couleurs et ainsi leur donne l’âme qu’elles n’avaient jamais eu, exposées dans la vitrine d’un magasin.
« J’aime jouer avec les mélanges osés de couleurs et les symboles pour retranscrire mon ressenti et transmettre des messages à peine codés » déclare-t-elle.
Une démarche artistique à nouveau tournée vers la critique : Ces corps de femmes parfois désarticulés, déformés, chargés des stigmates d’une souffrance physique ou mentale, visent à dénoncer le sort réservé aux femmes dans notre société encore trop patriarcale.
Hélène Jacob portraitiste et coloriste sort de l’obscurité des artistes féminines qui jouèrent un rôle important dans le développement de l’art. Elle a choisi de présenter ici un ensemble de portraits en lien avec la peintre mexicaine Fridha Kahlo. « Pourquoi voudrais-je des pieds puisque j’ai des ailes pour voler ? » disait Frida, infirme comme on sait…
Le portrait de Frida Kahlo est accompagné d’un portrait multiple, expression de la sororité qui réunit trois femmes, Lucienne Bloch, photographe américaine, Chavela Vargas chanteuse mexicaine et Tina Modotti actrice italienne engagée. Elles, ses amies fidèles qui ont su lui donner des ailes (voir la première photo).
Le travail d’Hélène s’inscrit dans la suite de son projet, « 101 femmes », galerie de portraits de femmes trop souvent « invisibilisées » : Rendre aux femmes, plutôt qu’à on ne sait quel César ce qui leur revient de droit.
Chantal Nottrelet présente une œuvre de la série « Femmes dans tous ses états ». L’artiste est connue pour ses représentations féminines en terre cuite, en marbre ou en thermopierre. Elle expose ici une femme voluptueuse et aux formes généreuses, inspirée de la vénus de Willendorf devenue une icône de la femme mère universelle. La sculpture de Chantal surprend par ses formes pleines mais simplifiées jusqu’à l’épure.
L’artiste plasticienne Sandrine Zédame s’est emparée pour sa part de « La jeune fille à la perle », le tableau énigmatique et encore plus iconique de Johannes Vermeer. De Bansky qui l’a graffée sur un mur de Bristol où une alarme de sécurité fait office de boucle d’oreille à cet internaute qui lui donne le visage de la chanteuse féministe Beyonce, en passant par cette toile où elle se trouve assise à l’arrière d’une moto conduite par Vincent Van Gogh, elle ne laisse personne indifférent. Un anonyme a dernièrement posé un masque sur la jeune fille à la perle de Bansky, masque de protection ou muselière ?
Sandrine la décline en plusieurs tableaux, exprimant ainsi le diversité et l’universalisme du féminisme. Sous ses diverses incarnations picturales sa Mona Lisa du Nord au regard profond et mystérieux attire et hypnotise, nous invite à la réflexion : femme heureuse et libre ou femme triste et soumise ?
M. A.
12 mars 2022, 9h à 19 h, MDAVC, Place Simon-Charles-François, Bellefontaine.
Renseignements : maison.asso@ville-bellefontaine.fr ; 05 96 3010 30 ; 06 96 20 41 55.