Le collectif 8 Mars Martinique recueillait hier ( 31 mars) des témoignages de violences faites aux femmes qui seront retranscrits dans un livre blanc remis aux parlementaires de l’île et destiné au Grenelle de l’environnement qui débutera le Mardi 3 septembre à l’Hôtel Matignon à Paris. Il a été fait état, entre autres, des difficultés que les femmes violentées ont à porter plainte auprès des autorités de police.
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100 féminicides depuis le début de l’année, mais que signifie ce mot?— Par Aude Le Gentil —
100 femmes auraient été tuées par leur conjoint ou ex-compagnon depuis le début de l’année en France. Un fléau qualifié par les spécialistes de « féminicide ». Jusque-là réservé aux cercles universitaires et militants, le terme commence à intégrer le vocabulaire courant.
Pancarte lors d’une manifestation contre les violences faites aux femmes .
Pancarte lors d’une manifestation contre les violences faites aux femmes . (Sipa)
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Depuis le 1er janvier 2019, 100 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint, selon le décompte provisoire tenu par le collectif « Féminicides par compagnon ou ex ». La dernière aurait été tuée le 31 août à Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes), à quelques jours de l’ouverture du Grenelle contre les violences conjugales, voulue par la Secrétaire d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa. Plusieurs hommages ont été rendus à ces femmes la semaine passée. Mercredi, ce sont les actrices Eva Darlan, Aure Atika et Catherine Marchal qui ont énuméré sur le parvis de l’hôtel de ville de Paris les noms de ces victimes de féminicide.
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« Féminicide »? Il ne s’agit pas simplement du meurtre d’une femme, mais du « meurtre d’une femme parce qu’elle est une femme ». La nuance, de taille, a été introduite par la sociologue américaine Diana Russel dans son livre Feminicide. The Politics of woman killing, publié en 1992. Depuis, ce néologisme ou sa variante « fémicide » ont été repris par des organisations internationales comme les Nations Unies ou l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Plusieurs pays, d’Amérique latine notamment, l’ont inscrit dans leur droit, comme l’Argentine ou le Mexique. En France, seul le Robert fait figurer ce mot dans le dictionnaire, depuis 2015. La définition retenue est similaire : « le meurtre d’une femme, d’une fille, en raison de son sexe ».
Violences conjugales, crimes d’honneur ou tuerie misogyne sont des féminicides
Le massacre d’étudiantes de l’École polytechnique de Montréal, en 1989, par un tueur misogyne? C’est un féminicide. Les avortements sélectifs de fœtus féminins, en Chine notamment? Des féminicides, aussi. Pour affiner cette définition très large, l’OMS distingue quatre catégories :
Le féminicide intime, « commis par un époux ou par un petit ami » ;
Le féminicide « lié à l’honneur », impliquant « une fille ou une femme qui est assassinée par un membre masculin ou féminin de sa famille parce qu’elle a ou est censée avoir commis une transgression sexuelle ou comportementale » ;
Le féminicide « lié à la dot », dans le sous-continent indien en particulier ;
Le féminicide non intime, « commis par une personne qui n’est pas en relation intime avec la victime ».
Autrement dit, les féminicides ne sont pas toujours revendiqués comme tels. Au contraire, le mécanisme est souvent inconscient. Mais tous ont un point commun : l’auteur du crime est imprégné de culture sexiste.
Un point commun : le sexisme
Pour les spécialistes de violences conjugales, les femmes mortes sous les coups de leur conjoint sont des féminicides. Pour Françoise Brié, porte-parole de Solidarité femmes (le numéro d’urgence 3919), « lorsque des femmes sont tuées dans le cadre de violences conjugales, elles le sont parce qu’elles sont des femmes, car ces violences s’inscrivent dans un système de domination et d’inégalités à l’encontre des femmes. C’est pour cela que l’écrasante majorité des victimes de violences conjugales sont des femmes »…
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Illustration d’après photo RCI