1 jour – 1 mot

— Par Patrick Chamoiseau —

23/08/24
Une carte de « Citoyen Indien d’Outre-mer » pour les Martiniquais d’ascendance indienne
C’est une mise en œuvre de la complexité de la » Relation » qu’a proposée Glissant :

nul ne saurait être enfermé dans un monolithe identitaire, une culture, une langue, un territoire ou une nation…

Notre arbre relationnel individuel est un rhizome, une liane, un feuillage et un souffle du vent..

C’est sans doute pourquoi Césaire disait : la chose à espérer, c’est le vent….😇🥰P.C.

23/08/24
Tiède petit matin de vertus ancestrales

Sang ! Sang

tout notre sang ému par le cœur mâle du soleil…

ceux qui savent la féminité de la lune au corps d’huile
l’exaltation réconciliée de l’antilope et de l’étoile
ceux dont la survie chemine en la germination de l’herbe !..

Aimé Césaire.

21/08/24

Indépendance de la pensée et de l’action dans l’interdépendance assumée et maîtrisée : Faire- Pays

… je défends le principe que, tant qu’il manquera un élément de détail de la totalité-monde, la relation ne sera pas accomplie, de même en matière de politique – et sur ce plan, je peux dire que, c’est vrai, j’ai évolué – je défends clairement l’indépendance dans l’interdépendance.

Par exemple, en ce qui concerne les Antilles : moi, ça m’est complètement égal que la Martinique ait un statut de ceci ou de cela. Je défends l’idée de l’indépendance de la pensée et de l’action dans une interdépendance qui est nécessaire.

À partir de ce moment-là, on est non plus au stade des principes universels dont on sait qu’ils peuvent laisser passer toutes sortes d’exceptions monstrueuses, on est au stade du détail, du concret de la réalité…

Édouard Glissant.

17/08/24
Insavoir

La tension féconde
où se nourrit l’artiste
n’est pas
dans l’opposition manichéenne (ombre/lumière)

ni dans le comprendre
le prendre
ou le connaître

elle est dans la présence simultanée,
inextricable,
antagoniste et solidaire,
de multiples forces majeures

lumière dans l’ombre
l’ombre vivant dans la lumière, etc…

insavoir habité

où le désir qui consume chaque artiste accède à création

s’ouvre alors
au créateur
non pas la joie des imbéciles
mais celle de Spinoza

15/08/24
Ici

L’artiste a travaillé de nuit
à cette longue procession d’algues d’or,
de souches noires
et d’écumes.

L’ensemble se situe
dans l’axe incertain
du lever du soleil.

Il a veillé à ce que chaque mouvement de la vague compose et décompose sans cesse la forme apparente de l’oeuvre.

L’informe et le fragile
le sens et le non-sens,
obligent l’esprit
de celui qui sait voir,
à fréquenter un devenir.

L’intention ici
a tout gardé vivant.

L’artiste n’a pas signé.
Il a juste salué.

10/08/24
Solitudes embrasées.
Condition vaste
du paisible très intense.

09/08/24
Présence
Quand la vue fait image,
et que l’image toujours intense,
ne dégénère jamais en cliché,
c’est qu’elle a fait PRÉSENCE :
un agencement de lignes,
de formes, de matières,
de couleurs et de forces,
d’étendue et de profondeur,
de visible et d’invisible,
qui emporte
les perceptions du corps et de l’esprit
à des devenirs inépuisables.

C’est cet effet Présence
que les mystiques vénèrent.

C’est lui
que les poètes, les artistes,
les créatures à folie délicieuse,
épuisent leur vie
(en vain)
à essayer d’apprivoiser.

08/08/24
En face du tout-possible, le rhizome seul peut assurer un devenir.

07/08/24
Des forces énergétiques ont sublimé l’alphabet des écumes et du sable.
La plage a pris l’envol.
Nous reste à contempler : le chaos génésique, l’incertain, le bel imprévisible qui fait toute création…
Celui qui fait gros coeur d’une mort, insulte les naissances. Celui-là, dit le vieil océan, ne sait hak de la vie.
Il crie : cocotiers tombés, mille cocos délivrés !

28/07/24
« Les œuvres de notre premiers vrais plasticiens iront à la recherche identitaire. Ils s’organiseront en groupes et en écoles, et mobiliseront des signes ostentatoires. Il fallait vaincre l’effacement primordial. Réduire l’amputation. Les signes, les symboles et les formes d’Afrique, les signes amérindiens, ou même les dispositifs du vaudou, resteront longtemps les oriflammes de leurs recherches. Elles leur permirent de fonder un discours esthétique. De faire sol et racine. De prendre en charge le manque en essayant de le faire disparaître. Mais beaucoup se rendront compte que le manque fondateur, l’effacé structurant résistent comme des diables sourds aux simples négations. Que les nier revenait à quitter la zone féconde de la confrontation pour s’ébattre dans les insignifiances. Il fut clair pour les plus talentueux que le manque, l’effacé étaient d’abord à assumer, et jusqu’au dépassement. Considère alors ce défi qui se pose à nos artistes d’ici : pas seulement nier le manque, pas seulement l’assumer, mais en faire un immense horizon. Exprimer sans dévoiler, montrer sans démonstration, dire sans formuler quoi que ce soit d’audible à l’oreille convenue. Signaler l’informe nécessaire de la forme, son indécidé, ses surgissements qui vont et bougent comme des commencements. La racine, ainsi, peut devenir un souffle, un liquide amniotique, un effacement porté qui se met à relier tout ce qui passe à sa portée.

In La matière de l’absence. P. Chamoiseau. Seuil. 2016.

26/07/24
Le discours de la différenciation (anticolonialisme, autonomisme, indépendantisme) est devenu mécanique, incantatoire et vide.
Et donc, inefficient.

Le discours pour l’égalité
participe
de l’aliénation assimilationniste
qu’il tend à aggraver.

Toute notre difficulté
est de réussir,
de manière conjointe,
en tant que peuple-nation,
à égale intensité,
une égalité dans la différenciation,
une différenciation dans un partenariat politique innovant qui ne supporte aucune minoration.

C’est là, mieux qu’une utopie,
une mise en branle refondatrice.

09/06/24
De vieilles ombre sont de retour et nous fixent sans trembler

08/06/24
Pour Kafka, le roman devait briser la mer gelée en nous : les limites de la langue, de la culture, de la nation, et finalement l’absence au monde. La mer dégelée (c’est bien le cas de le dire) nous ouvre maintenant aux grands vertiges de l’impensable et à ses stimulations esthétiques.

04/06/24
Un artiste, c’est pour moi quelqu’un qui travaille des «matières », des « formes » et des « forces ».
Sa pratique vise à provoquer dans son existence, et surtout dans ce qu’il crée, des visites de la Beauté.
L’écrivain est un artiste comme tant d’autres. Ses « matières » ce sont les langues ; ses « formes » sont des organismes narratifs où le principe actif de connaissance est le « langage » ; les « forces » auxquelles il se confronte sont des situations existentielles humaines explorées dans des «états-du-monde ».
Ma pratique dans ce domaine depuis mon adolescence, fait que je suis aujourd’hui à même d’identifier de quoi se compose ma « boîte à outils » qui est en fait mon « esthétique ». L’esthétique est une science des modes de connaissance du sensible et du beau, une prise en compte de la présence du beau dans les existences humaines, mais c’est aussi, à un niveau pratique, ce que l’artiste mobilise pour se confronter tous les jours à son art, sa boîte à outils en quelque sorte….
(Extrait de FACE AUX VISITES DE LA BEAUTE
Une conversation avec Dominique Brebion de l’AICA.)

03/06/24
Pour juger de l’importance d’un de ses livres, Faulkner soupesait la densité d’échec que cette œuvre supposait. « Le Bruit et la fureur, c’est mon plus bel échec… »… Et d’Hemingway, il disait perfidement : Il fait bien ce qu’il fait, mais il n’ose pas grand-chose…
De Faulkner, je dis : l’échec affronté vif et le courage total.

02/06/24
Le Don Quichotte de Cervantès problématise toutes les apparences de nos petites réalités, pour se tenir au plus près de l’impensable du Réel. Il met en exergue la toute-puissance de l’imaginaire individué qui nous livre le monde autant qu’il le dérobe, qui l’invente autant qu’il le découvre. La solitude du chevalier à la triste figure – ce monde qu’il recompose hors de ce que voient les autres, sa liberté qui fait folie refondatrice – l’installe dans tous les siècles et dans l’incontournable défi d’aujourd’hui : l’individu, en face du monde, qui (pour s’accomplir jusqu’à l’intensité de la « Personne ») se doit de construire tout seul sa propre éthique.
Devenir créateur de lui-même et créateur d’un monde.
(Extrait de « L’Archipel narratif, » de P. CHAMOISEAU – NRF)

22/05/24
Être kanak en Kanaky
Comment peut-on ne pas être kanak en Kanaky ?

Non pas devenir Kanak et se perdre soi même, mais : aller au soin de cette différence ; s’en augmenter dans une mise-en-relation ; accomplir avec elle un agencement nouveau.

L’agencement ( cette complexité ) se souvient toujours de ses différences fondatrices, et se nourrit de celles qu’il va articuler sans cesse dans la matière relationnelle du monde.

Condition inaugurale d’une vraie rencontre :
être l’Autre dans ce que l’on est,
et s’en augmenter dans ce que l’on devient.

Toute autre attitude
( en Kanaky, en Palestine,
en Martinique ou ailleurs…)
est l’exact signe de la barbarie.

14/05/24
Outre-mer français : un système et un syndrome
Les forces progressistes de l’Hexagone trouvent normal que la France possède encore des « outremers » ; elles admettent ainsi que des peuples-nations différents soient niés dans leurs singularités, et réduits par là-même à ne pas exercer dans la matière du monde leurs précieuses différences. Je les nomme un à un, les appelle tous, en ce qu’ils sont, ici, là-même, avec moi, parmi nous !
Extrait de : « Que peut Littérature quand elle ne peut ? »
Voir aussi : « Faire-Pays » – Éd. LeTeneur.2023.

01/05/24
Conjuration du mois de mai

Il nous faudrait
peut-être
mettre un genou à terre
lancer un « réciter »
déplier 3 vieux-gestes
pour que les fleurs de Mai
de la plante à-tous-maux
nous préservent
des vestiges coloniaux,
du règne capitaliste,
de notre crétinisme parlementaire
et de nos populismes obscurantistes.

En attendant — dyab pa dyab — il nous faut « Faire-Pays ».😜

02/04/24
Pour saluer Maryse Condé

Le « Segou » de Maryse Condé est une pièce délicieuse de l’époque où je « faisais » ma négritude, effectuant — comme tout créole américain, jusqu’aux vieux troubles de l’impossible –, mon retour symbolique vers l’Afrique.

Le continent perdu nous était restitué dans une merveilleuse épique et un art narratif qui me ravit encore.

Don essentiel.
Présence solide dans l’en-commun du grand désenchantement et le retour (créatif, créateur) vers nous-mêmes.

Merci madame.

22/03/24
… Je ne suis pas expert en musique comme toi, mais j’ai toujours eu le sentiment que l’improvisation musicale était à la fois un « saut dans l’inconnu », mais aussi ce qui surgit brusquement de toute la lente et progressive maturation d’une vie. Une sorte de composition instantanée, à la fois très
complexe et vibrante de spontanéité, auréolée de la simplicité de ce qui est sincère et qui correspond à l’état de maturation d’une sensibilité et d’une conscience. On peut parvenir à cette sincérité par un lent travail de composition consciente, mais on peut aussi
l’atteindre par le jeu émotionnel de l’improvisation qui mobilise d’un coup tout ce à quoi on a songé avant, et que l’on restitue dans une configuration immédiate, inconnue mais pas étrangère. Une création….
Lettre à W. Parker.

28/02/24
L’urgence de l’impensable
Dans les années qui viennent, deux surgissements vont tétaniser les bases de nos imaginaires :
L’intelligence artificielle et notre perception du cosmos quand nous saurons unifier la relativité générale et la mécanique quantique.
Dès lors, rien n’est plus urgent pour nous qu’une esthétique de l’impensable.
Ce qui revient à s’exposer sans cesse à des visites de la Beauté.

27/02/24
Peuple nié
Toute la souffrance d’un peuple-nation, non reconnu en tant que tel, et qui dès lors est nié institutionnellement juridiquement politiquement culturellement économiquement…
Un pouvoir local véritable, nous permettrait :
1 – d’accueillir joyeusement ces entreprises en les inscrivant dans un projet d’épanouissement qui serait le nôtre ;
2 – de leur imposer ( à compétences égales et sans base racialiste) une embauche endogène.
Il nous faut « Faire-Pays ».

15/02/24
Difficile de trouver à la vie un autre sens que celui qui consiste à « bien-vivre » ;
et dans ce « bien-vivre », à cultiver une fréquentation assidue, individuelle et collective, de la Beauté ;
laquelle ouvre à une présence poétique de l’impensable, et donc aux puissances de la créativité, tout comme à une élévation continuelle de la conscience, de l’éthique, du respect de l’Autre, de la décence et de la dignité.

13/02/24
Cher William Parker,
Le monde que nous vivons crée des fraternités improbables. Il est fait de tellement de circulations que des choses nous parviennent, nous habitent, et génèrent des alliances magnétiques. Elles ne sont pas nourries de rencontres physiques, mais profilées dans des visions confluentes du monde. J’ai lu ce que tu dis. J’ai médité sur ta musique. Nous ne cessons d’imaginer le monde, de vivre au monde, de sentir à quel point il nous traverse, et d’étranges fraternités se créent ainsi ; surtout quand cette attention sensible, portée au monde, s’incline d’abord vers ce qui souffre, qui hurle encore, qui a disparu – ou plutôt qui a « désapparu » –, nous laissant ainsi d’étranges sillages d’absences dans lesquelles, dessous des scintillements d’oubli ou des écumes d’indifférences, subsistent de belles leçons pour nos humanités.
Vivre au monde d’abord par ce qui soufre et qui est douloureux, nous préserve de nous accommoder aux forces dominantes, aux verticalités écrasantes, aux « devenirs » majoritaires où seuls s’accordent, dans le concert des plus puissants, les parts les plus sombres de l’humain. Mais il n’y a, dans notre manière d’être au monde, aucun pathos, aucun dolorisme, aucune de ces lucidités amères qui découragent les jouvences nécessaires de l’âme, juste une enfantine commisération, une ample proximité où ce qui touche l’Autre, et qui s’émeut de l’Autre, porte à plus de vie, épelle la joie profonde que garde en elle toute présence vivante. Nous sommes « frères-monde » ainsi, je le sais, je le sens, et cette correspondance que nous entamons-là, je le dis, nous le révélera…

13/01/24
Dans les combats que nous menons, ceux que nous gagnons ne sont pas toujours les plus déterminants.
Ceux que nous perdons nous conservent « désirants »– cad : exactement vivants.

11/01/24
La puissance de nos défilés carnavalesques nous rappelle à quel point l’énergie vitale de nos peuples tourne à vide dans le système Outremer.
Il nous revient de trouver comment réamorcer en nous le « Grand désir » sous l’impulsion d’un rêve, d’un idéal, d’une intention, d’un balan, d’un combat….
FAIRE-PAYS
Éloge de la responsabilisation.
K. Éditions. 2022.

02/01/24
Ce qui est perpétré à Gaza ou en Ukraine, nous rappelle que la barbarie de l’inhumain (sur laquelle le capitalisme a fondé son triomphe) fait partie de l’humain d’une sorte inextricable.
A nous de fasciner cette complexité d’une luciole qui s’obstine et ne désespère pas.

20/12/23
Profit maximal, croissance aveugle, compétition sauvage, déification de l’économie, réification du vivant, perversion du Désir…
En France comme ailleurs, le capitalisme planétaire ne dispose d’aucune valeur humaine à opposer à la nazification du monde..

20/12/23
La France n’échappe pas à la montée de l’Extrême droite en Europe. De même, aucune nation ne peut se prémunir contre l’obscurantisme planétaire que le triomphe du capitalisme installe sur la planète.

La Relation n’a pas de morale et le Tout-monde est systémique. La frappe est existentielle, l’alternative doit l’être aussi.

03/12/23
Un métamorphe
Précieux cadeau d’anniversaire offert par M. Breleur : un métamorphe.
Les métamorphes de M. Breleur saisissent un instant pourtant insaisissable : celui par lequel, (dans une même volte d’émergence et de destruction) la création se met en devenir, et qu’elle demeure ainsi, indéfinissable à jamais, sous l’arche d’un désir dont la terrible vocation est de rester Désir.
Les métamorhes sont solitaires. Quand M. Breleur les rassemble en tribu, ils ne constituent pas un peuple, ni une communauté, juste un « Nous » relationnel d’individus en devenir dans un idéal, un rêve, une cause qu’ils fondent par leur unique jonction et qui les fonde autant.
Impressionnante saisie de notre condition d’aujourd’hui.

 

26/11/23
Convoi des Matadors à Fodfwans

L’éclat des tissus,
des bijoux,
les poèmes ambigus de la coiffe,
la brillance sans-manman des chaussures,
les dièses de la démarche
étaient des proclamations d’humanité
que les maîtres esclavagistes et autres coloniaux
ne pouvaient même pas soupçonner.

Les orgueilleux agencements de toiles
soignaient l’immense blessure existentielle.

Sous la domination,
cette archive de la résistance féminine allait se voir progressivement folklorisé.
Ce matrimoine est à reconstruire.

La pauvreté des habits des hommes s’explique peut-être par le fait
que (même s’ils étaient tout autant soucieux de leur réhumanisation vestimentaire)
leur créativité de résistance se déversait plus intensément
du côté des contes, de la danse, de la musique…

12/11/23
Quartier La Favorite : un vieux manguier massacré par des barbares. 😓 Nous ne savons pas encore que les arbres sont des êtres sensibles ; que notre dignité, notre respect vis à vis de nous mêmes, se fondent pour l’essentiel dans le rapport que nous entretenons avec eux, comme avec l’ensemble du vivant.

14/10/23
Sur le grand désir
Le grand Désir humain fonde la dignité d’une vie humaine. Il nourrit son accomplissement en lui conférant un sens qui surplombe l’ordinaire — en clair : un « devoir-être » et « devoir-devenir ».

Dès lors, il suscite et accompagne en nous la fonction Politique la plus noble.

Sous nos pesanteurs coloniales et sous le capitalisme protéiforme, ce grand Désir est abîmé en une série de petits désirs infinis, recommencés sans fin et faussement sublimés dans des pulsions le plus souvent consuméristes. D’où, notre aliénation addictive à la consommation, aux divertissements extrêmes, aux hystérisations diverses. D’où notre déification absurde de la fonction économique et de son totalitarisme. D’où notre immaturité démocratique.

La perte du grand Désir explique chez nous la disparition du Politique, notre gestion politicienne aux allures épicières, notre peur du moindre changement, nos renoncements à la dignité, aux rêves qui nous dépassent, aux idéaux qui nous élèvent.